Le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, a dénoncé vendredi, la "campagne" lancée contre le chef de l'Etat, Michel Aoun, dans les médias, soulignant par ailleurs que ce dernier ne lui a pas semblé "attaché" à obtenir le tiers de blocage dans le futur gouvernement.
Regrettant que le futur gouvernement n'ait pas encore été formé, plus de quatre mois après la démission de celui de Hassane Diab, le patriarche a souligné que "le pays ne peut plus tenir le coup et le peuple n'en peut plus, a perdu espoir".
"Quelles que soient les circonstances, il est essentiel que le président Aoun et le Premier ministre désigné, Saad Hariri, parviennent à un accord" dans leurs tractations, a-t-il exhorté, à l'issue d'une réunion avec le président, organisée deux jours après une rencontre avec le chef du courant du Futur, sur fond de tensions politiques exacerbées entre MM. Hariri et Aoun concernant la formation du cabinet. Mgr Raï a dans ce contexte estimé que la mise sur pied d'un cabinet est "la porte d'entrée pour les réformes, à commencer par la reconstruction de Beyrouth". Il a souligné avoir demandé, lors de son entretien avec Saad Hariri, que celui-ci lui explique les raisons du retard dans la mise sur pied du cabinet. Le dignitaire maronite a encore indiqué ne pas avoir perçu, lors de sa réunion avec le chef de l'Etat, que ce dernier "tient à tout prix à obtenir le tiers de blocage", un des principaux points d'achoppement des tractations. Il a ajouté être opposé à ce qu'une partie spécifique obtienne ce tiers de blocage, qui n'est prévu "ni dans l'accord de Taëf, ni dans la Constitution et n'est pas une obligation".
Appel au "respect"
Mgr Raï a par ailleurs souligné être "contre la campagne lancée contre le président Aoun". "On ne peut pas s'attaquer à la dignité" du chef de l'Etat "dans les médias", a-t-il souligné, appelant au "respect". Les critiques à l'encontre de Michel Aoun, déjà régulières sur les réseaux sociaux et dans les médias libanais, se sont faites particulièrement virulentes ces derniers jours, notamment dans les bulletins télévisés de la chaîne de télévision al-Jadeed, alors que des rumeurs ont couru ces derniers jours sur une éventuelle ingérence du président dans l'enquête sur les explosions du port. Baabda a démenti à plusieurs reprises toute implication dans les procédures judiciaires en cours.
Bassil à Bkerké
Le gendre du président Aoun et chef du Courant patriotique libre (CPL), le député Gebran Bassil, a dans ce contexte été reçu vendredi après-midi par le patriarche Raï à Bkerké. "Nous avons évoqué le dossier du gouvernement (...) et nous nous sommes mis d'accord sur toutes les questions ainsi que sur la nécessité de former le cabinet rapidement", a indiqué M. Bassil à l'issue de son entretien avec le chef de l'Eglise maronite. "Nous étions d'accord pour que le gouvernement soit capable de réaliser des réformes et pour que les critères dans sa formation soient unifiés. Nous n'avons posé aucune condition aujourd'hui, sauf en ce qui concerne la réciprocité dans la formation du cabinet en se basant sur la Constitution et l'entente nationale", a précisé le chef du CPL.
Depuis sa désignation pour former le cabinet, le 22 octobre dernier, Saad Hariri et Michel Aoun peinent à trouver un terrain d'entente. Leurs négociations butent notamment sur la répartition des portefeuilles et la nomination des ministrables. Au cœur de cette polémique se trouve également le refus du chef du courant du Futur d'accorder le tiers de blocage au Courant patriotique libre (aouniste) et au chef de l'Etat. Lundi, dans un échange de communiqués acerbes, la présidence de la République et le Premier ministre désigné se sont mutuellement accusés d'être responsables du retard dans la formation du futur gouvernement. Les tensions entre les deux hommes ont encore empiré depuis la semaine dernière après l'inculpation du Premier ministre sortant, Hassane Diab, et de trois anciens ministres, dans le cadre de l'enquête sur les explosions du port.
C'est dans ce contexte que Saad Hariri s'était entretenu mercredi avec le patriarche maronite Mgr Béchara Raï. "J'ai dit au patriarche que l'objectif n'était pas de former le gouvernement n'importe comment ou que ce soit moi qui le préside. Le but est de mettre en œuvre des réformes, stopper l’effondrement économique et reconstruire Beyrouth", avait affirmé le Premier ministre désigné à sa sortie de Bkerké.
Au cours des derniers mois, le patriarche maronite a enchaîné les sermons virulents à l'encontre de la classe politique, fustigeant à de nombreuses reprises les dirigeants pour leur implication dans le retard dans la formation du cabinet, alors que le Liban continue de s'enfoncer dans la pire crise économique et financière de son histoire moderne, qui dure depuis des mois. La formation d'un nouveau gouvernement est essentielle pour faire face à cette crise, plus de quatre mois après la démission du gouvernement Diab, consécutivement au drame du port de Beyrouth.
commentaires (8)
c'est le pompom!!!mais quelle mascarade, clergé, chrétiens, Hezbollah, musulmans et politiciens, tous pareils!!! le navire Liban coule!! entrainant tout son peuple avec lui mais quelle honte....
mokpo
17 h 42, le 18 décembre 2020