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Économie - Banques

Les intérêts sur les dépôts en dollars ont quasiment disparu

Les intérêts sur les dépôts en dollars ont quasiment disparu

Le local d’une agence bancaire à vendre, à Jounieh (Kesrouan). Photo P.H.B.

Plusieurs sources concordantes ont confirmé à L’Orient-Le Jour que les établissements bancaires du pays avaient quasiment supprimé toutes les rémunérations sur les dépôts à terme en dollars en raison de la détérioration massive des conditions économiques et financières dans le pays. Selon les cas, les banques ont soit drastiquement réduit les intérêts perçus sur ces dépôts, soit arrêté de rémunérer ceux qui sont inférieurs à un certain seuil, atteignant plusieurs centaines de milliers de dollars. Pour ceux-ci, les taux accordés permettent à peine de compenser les commissions perçues sur la gestion de ces comptes (moins de 1 %).Contactée, une source à l’Association des banques du Liban (ABL) a assuré qu’aucune décision collective n’avait été prise à ce sujet et que chaque banque agissait en fonction de ses réserves de liquidités en devises. Elle a cependant précisé qu’une modification de la rémunération d’un dépôt bloqué ne pouvait en principe pas être imposée avant son terme, à moins que le client ne soit d’accord. Sans pouvoir dire si la mesure était appliquée par tout le secteur, un autre banquier a jugé la démarche « peu étonnante » compte tenu du fait que les banques n’ont quasiment plus de sources de revenus en dollars à cause de la crise. « Comme les déposants sont coincés et ne peuvent pas mettre leur argent ailleurs, ils n’ont guère d’autre choix que de subir », a-t-il ajouté.

L’activité de prêts est en effet en chute libre depuis le début de la crise, l’État a fait défaut en mars sur ses titres de dette publique en devises dont les banques et la Banque du Liban (BDL) détenaient une importante partie, tandis que les réserves de devises de cette dernière fondent au soleil. Les banques ont enfin investi plusieurs dizaines de milliards de dollars en certificats de dépôt enregistrés à la Banque centrale, des placements qu’elle n’est pas en mesure de rémunérer. Enfin, le secteur bancaire libanais est à la veille d’une restructuration importante dont les contours sont encore très flous.

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Le modèle économique libanais, trop dépendant des services financiers et des entrées de capitaux, n’arrête pas de se désagréger depuis l’été 2019. Avant la crise marquée par des restrictions bancaires illégales et un dévissage de la livre face au dollar, les taux d’intérêt créditeurs avaient atteint des niveaux record, de l’ordre de 15 %, voire plus, un signe annonciateur d’un déraillement imminent. Depuis, la BDL a progressivement plafonné les taux sur les dépôts en livres comme en dollars via les circulaires numéros 536 et 544 adoptées en décembre 2019 puis en février 2020. La circulaire n° 536 a également permis aux banques de ne régler que 50 % des intérêts sur les dépôts de leurs clients en devises. Cette dernière mesure ne devait s’appliquer que pendant six mois.

Ces différentes mesures d’ajustement financier, qui s’ajoutent aux restrictions sur l’accès des dépôts en dollars (hors « argent frais », un concept inédit qui n’existe pas ailleurs sous cette forme), ont été sévèrement critiquées par la Banque mondiale, dans un rapport la semaine dernière, pour leur manque d’équité vis-à-vis des déposants. L’institution a également fustigé « l’irresponsabilité délibérée » de la classe politique qui n’a pas pris les devants pour réglementer ces restrictions. Récemment, plusieurs déposants ont d’ailleurs eu la mauvaise surprise de découvrir que les banques avaient sensiblement baissé, sans annonce préalable, les plafonds de retraits de dollars libanais (qui peuvent être retirés en espèces à un taux de 3 900 livres pour un dollar), un autre dispositif d’ajustement mis en place par la désormais emblématique circulaire n° 151 adoptée en avril dernier.


Plusieurs sources concordantes ont confirmé à L’Orient-Le Jour que les établissements bancaires du pays avaient quasiment supprimé toutes les rémunérations sur les dépôts à terme en dollars en raison de la détérioration massive des conditions économiques et financières dans le pays. Selon les cas, les banques ont soit drastiquement réduit les intérêts perçus sur ces dépôts,...

commentaires (3)

Bienvenue dans le vrai monde où effectivement les dépôts ne rémunèrent pas plus de 1%. Le seul fait bizarre sont les commissions. Aucune raison de payer des commissions sur un compte qui ne demande presqu’aucune gestion.

Montana

14 h 44, le 08 décembre 2020

Tous les commentaires

Commentaires (3)

  • Bienvenue dans le vrai monde où effectivement les dépôts ne rémunèrent pas plus de 1%. Le seul fait bizarre sont les commissions. Aucune raison de payer des commissions sur un compte qui ne demande presqu’aucune gestion.

    Montana

    14 h 44, le 08 décembre 2020

  • Les dépôts en livres libanaises n'ont presque plus d'intérêt, également . Moins que 1%. Pour cela, les aides mensuelles dont on parle, doivent concerner plus que 90% des libanais, et non 50%.Car tout le monde subit le despotisme du système financier, et non seulement les pauvres

    Esber

    12 h 15, le 08 décembre 2020

  • MAIS LES DEPOTS SONT DEVALISES ET ONT DISPARU. ET TOUTES LES CLIQUES MAFIEUSES DE POLITICIENS, DE PREDATEURS BANQUIERS ET DE TRAFICANTS CONTINUENT A VOLER JUSQU,AU DERNIER SOUFFLE DU PEUPLE LIBANAIS ET A FAIRE DES DEPOSANTS DES MENDIANTS AFFAMES. JUSQU,A QUAND PEUPLE LIBANAIS TE TAIRAS-TU ET TU LAISSERAS FAIRE ET SOUFFRIR LA FAMINE ET L,IGNOMINIE ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 24, le 08 décembre 2020

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