Abou Charaf.
Grosso modo, et en harmonie avec un plan similaire présenté tout récemment par l’ancien ministre Ghassan Hasbani au nom des Forces libanaises, une rationalisation de la politique de subvention du médicament est à l’étude, qui pourrait assurer au Trésor public des économies annuelles de l’ordre de 250 à 300 millions de dollars et stimuler l’industrie locale du médicament, sachant que la politique de subvention actuelle coûte entre 800 millions et 1 milliard de dollars par an.
Il s’agirait essentiellement de ne subventionner que les médicaments dont il n’existe pas d’équivalent générique fabriqué au Liban, ainsi que ceux qui sont destinés aux maladies chroniques et au traitement du cancer. Seraient notamment exclus de toute subvention les médicaments génériques produits à l’étranger dont il existe un équivalent local ainsi que tous les médicaments OTC (« over the counter », c’est-à-dire dont l’achat n’exige aucune prescription). Ces dispositions sont bien entendues combattues par les importateurs de médicaments et l’ordre des pharmaciens, puisqu’elles limiteraient leur marge de profit. En face, l’ordre des médecins et les représentants des 11 usines de production du médicament au Liban qui souffrent d’une mauvaise image de marque se mobilisent pour défendre un plan qui assurerait des économies au Trésor, tout en étant à l’avantage du patient et de l’industrie locale, assurent-ils.
Le président de l’ordre des médecins soutient par exemple que 38 millions de dollars ont été dépensés chaque année par l’achat du plus connu des antipyrétiques, le Panadol (subventionné par la BDL), alors que son équivalent produit localement sous le nom de Febradol (paracétamol) n’a été vendu que pour 2 millions de dollars à peine. « Il n’y a pas de raison pour que la BDL continue à subventionner le Panadol », assure le médecin.
La présidente du syndicat de l’industrie pharmaceutique au Liban, Carole Abikaram, soutient pour sa part que « tout médicament fabriqué au Liban devrait être subventionné », précisant qu’elle ne croit pas à « la menace (agitée par certains importateurs, NDLR) d’un boycottage du pays par les multinationales » qui produisent des médicaments. Mme Abikaram se félicite par ailleurs du renforcement de l’industrie pharmaceutique locale qui, selon elle, assure un emploi à 2 000 ingénieurs, chimistes, techniciens, pharmaciens et opérateurs non qualifiés, sans compter les 6 000 emplois qu’elle génère dans les secteurs affiliés (imprimeries, carton, tubes d’aluminium, etc.).
L’industrie locale a attiré au Liban 32 laboratoires des plus grandes multinationales du médicament, comme Sanofi et Merck, et fabrique sous licence des médicaments de marque mondiale, assure par ailleurs Mme Abi Karam. Et d’ajouter que depuis une correction de barème effectuée en juillet dernier, « tous les produits génériques produits au Liban coûtent moins cher que leurs équivalents de marques importées ».
commentaires (3)
À 100% pour l'industrie locale à condition qu'il y ait une production continue , Un exemple , "C-Vital" (vitamine C) produit par Pharmaline et que l'on ne trouve en pharmacie qu'à chaque mort de pape .
Chaker Tadros
18 h 41, le 07 décembre 2020