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Lifestyle - Un peu plus

Il n’y a plus d’âge

Il n’y a plus d’âge

Jane Fonda illustre parfaitement le changement survenu dans la perception de l’âge. Photo Bigstock

On nous a bassiné depuis toujours avec l’importance de l’âge. Mais cette notion existe-t-elle encore aujourd’hui? Hormis l’expérience peut-être, un homme de 30 ans devrait-il être moins intelligent ou moins cultivé qu’un sexagénaire ? Et a contrario, une femme de 60 ans serait-elle moins enthousiaste ou énergique qu’une jeune fille de 20 ans ?

Il semblerait que le concept de l’âge devienne de plus en plus révolu et on peut donc paraphraser Corneille qui faisait dire à Rodrigue dans Le Cid : « Je suis jeune, il est vrai ; mais aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années. » Le talent et les dons n’auraient donc pas besoin d’attendre une certaine maturité. Le monde d’aujourd’hui est en train de le prouver et s’oppose en quelque sorte à l’adage « si jeunesse savait, si vieillesse pouvait ». Et ce depuis un moment déjà. Les jeunes savent, les vieux peuvent. C’est donc pourquoi la donne a changé. Et la majeure partie des gens ne font plus leur âge. Les quadragénaires paraissent plus jeunes, les trentenaires plus vieux, idem pour les sexagénaires ou les vingtenaires. Il y a 30 ans, on voyait encore les choses avec plus de rigidité. Une femme de 40 ans était une dadame en tailleur, et les plus jeunes l’appelaient tante, tout comme son pendant masculin se faisait appeler aammo. Une femme de 60 ans était forcément une téta avec des cheveux blancs, de l’embonpoint avec une recette de sfoufs à exécuter pour ses petits-enfants et une partie de bridge l’après-midi. Un jeddo de 70 ans était un vieux monsieur qu’on aidait à traverser la route et qui jouait probablement au tawlé (trictrac) à l’ombre d’une aariché (treille). Aujourd’hui, ce sont les jeunes qui jouent au tawlé. Aujourd’hui, à 60 ans, on parcourt le monde, on se balade en Converse, on fait son jogging sur la corniche, on a un amant de 20 ans de moins, on bosse, et on va prendre un verre entre potes. Il est loin maintenant le cliché d’antan. Les mamans ressemblent à leurs filles, sans pour autant s’être fait ravaler la façade; elles s’échangent leurs fringues; se tapent parfois une cuite ensemble. Les papas s’éclatent avec leurs gamins; font du sky diving ou la fête avec eux et se tapent parfois, eux aussi, une cuite ensemble. Et tout ce beau monde s’éclate sur les réseaux sociaux.

Si, au Liban, on a mis du temps à accepter la transformation des mœurs en général et celle de la différence d’âge en particulier, on accepte un peu plus la mixité entre les générations et la confiance envers les plus jeunes se fait de plus en plus fréquente. Preuve en est l’incompétence de la classe politique, dont certains membres ont bien au-delà de 70 ans, et les capacités des jeunes qui sont entrés dans l’arène politique et médiatique depuis le début de la révolution… et même avant. Et toutes les relations sociales suivent. Les amitiés sont diversifiées. Les groupes sont formés de personnes de tous les âges avec des hommes qui pourraient être les pères de leurs potes. Les histoires d’amour brisent de plus en plus les codes, et les hommes assument d’être avec des femmes plus âgées (et vice versa). Les relations professionnelles se sont transformées. Des jeunes dirigent des gens plus âgés et des collègues ont trente ans d’écart. Il y a certes des gens qui sont des exceptions à la règle. Il y a des jeunes et des vieux cons. Des jeunes qui n’ont aucune maturité et des vieux qui n’ont aucune légèreté. Mais ils sont de moins en moins nombreux. Et heureusement.

Finalement, personne n’a envie de vieillir. À part quelques personnes qui sont nées vieilles. Il y en a. Le reste du monde, à coup de quête de jeunisme dans les magazines ou sur les plateaux télé, n’a pas envie de prendre une ride. Est-ce une erreur ? Un péché ? Loin de là. Qui a envie de prendre de l’âge ? Donc, qui s’en fout que l’autre en face ait 29 ou 47 ans ? Peu importe l’année de naissance. On peut avoir appris en un an ce que d’autres n’apprendront jamais en trente. On peut vivre en quelques mois une série d’événements, comme une révolution, un effondrement économique, un capital control, une pandémie, une explosion ; autant d’expériences que beaucoup ne vivront jamais en une vie. L’âge n’est pas essentiel. C’est l’humain en face de nous qui l’est. L’âge n’est pas essentiel. C’est la vie qui l’est.

À partir de cette semaine, cette rubrique paraîtra dans nos éditions de vendredi.

On nous a bassiné depuis toujours avec l’importance de l’âge. Mais cette notion existe-t-elle encore aujourd’hui? Hormis l’expérience peut-être, un homme de 30 ans devrait-il être moins intelligent ou moins cultivé qu’un sexagénaire ? Et a contrario, une femme de 60 ans serait-elle moins enthousiaste ou énergique qu’une jeune fille de 20 ans ? Il semblerait que le concept de...

commentaires (3)

Merci pour cet article . Interessant, sympa, frais, jeune (eh oui malgré les âges). Enfin une analyse, décryptage, éclairage ( eh oui... voilà de vrais Eclairages, si vous voyez de quoi je parle? les autres papiers dits décryptage ou éclairage de propagande sur le gourou orange et barbu jaune ) Voici un bel éclairage réel et intelligent . Merci Médéa Azouri.

LE FRANCOPHONE

16 h 47, le 04 décembre 2020

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Commentaires (3)

  • Merci pour cet article . Interessant, sympa, frais, jeune (eh oui malgré les âges). Enfin une analyse, décryptage, éclairage ( eh oui... voilà de vrais Eclairages, si vous voyez de quoi je parle? les autres papiers dits décryptage ou éclairage de propagande sur le gourou orange et barbu jaune ) Voici un bel éclairage réel et intelligent . Merci Médéa Azouri.

    LE FRANCOPHONE

    16 h 47, le 04 décembre 2020

  • Pourtant la maitrise des subtilites d'une culture et d'une langue se montre dans les mots qui indiquent l'age. Ces mots n'expriment pas seulement l'age mais aussi un statut social. Au Liban un exemple fameux c'est "sheikh". Je n'ai jamais bien compris pourquoi on parle de "sheikh" Saad Hariri ou "sheikh" Pierre Daher ou "sheikh" Sami Gemayel, pendant que par exemple Sami Gemayel n'est pas tellement vieux, non, mais je pense que "sheikh" ce n'est pas seulement "vieux" mais ausii "homme important". Un autre exemple en Espagne, une femme peut appeller une autre 'tia' (tante) sans probleme. Par contre si un Espagnol t'appellerait "tio" (oncle) il montre son dedain, c'est pour dire 'mec' ou 'etranger'. Et surtout ca serait un grand insulte si moi comme etranger j'appelerais un espagnol "senorito" (jeune homme) qui est tres pejoratif. Par contre les femmes aiment quand tu les appelle 'senorita' (jeune fille) sauf dans des situations particuliers comme par exemple comme etudiant il ne faut jamais appeller ta prof "senorita". Tout depend du context !

    Stes David

    09 h 31, le 04 décembre 2020

  • J'aime cet article ... La difference entre âge et vie ... Du point de vue linguistique on pourrait dire que c'est acceptable pour des gens du meme age et du meme groupe social de s'appeller "garcon" ou "fille" entre eux. Par exemple, un vieux de 60 ans il peut recontrer un ancien ami et l'appeller 'garcon'. Et parfois on voit meme des veilles femmes de 70 qui appelle des autres de 50 par exemple 'fille'. Donc tout est relatif !

    Stes David

    09 h 01, le 04 décembre 2020

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