Alors que cette visite était attendue la semaine dernière, ce n'est que lundi que le Premier ministre désigné, Saad Hariri, s'est finalement rendu au palais présidentiel de Baabda pour s'entretenir avec le chef de l'Etat, Michel Aoun, au sujet du gouvernement qu'il est chargé de former. Au cours de cet entretien qui a duré une demi-heure, M. Hariri n'a finalement pas présenté une mouture de son cabinet au chef de l'Etat comme rapporté la veille par plusieurs sources. Il s'est contenté d'annoncer un nouvel entretien mercredi avec le président Aoun "afin que nombreuses questions essentielles soient déterminées" .
Il s'agit de la première réunion depuis trois semaines entre le président et le Premier ministre désigné. Depuis, les contacts étaient au point mort et les tractations s'enlisaient de plus en plus face aux demandes et conditions posées par les différents partis politiques. Des atermoiements sans fin alors que le pays connaît, depuis plus d'un an, une crise économique et financière aiguë, marquée par un effondrement de la monnaie nationale et une inflation galopante. Selon notre correspondante à Baabda, Hoda Chédid, les discussions ont porté sur la situation en général et les raisons qui ont mené à la suspension des contacts entre les deux hommes. Toujours selon correspondante, des solutions aux nœuds persistants ont été proposées et des avancées ont été enregistrées, sinon le nouvel rendez-vous de mercredi n’aurait pas été annoncé.
La mouture que M. Hariri est censé présenter, avait rapporté notre correspondante dimanche, comprend 18 ministres parmi lesquels sont répartis les différents portefeuilles. Les candidats suggérés ne sont pas partisans, précise notre correspondante. Cette mouture correspondrait ainsi à l'esprit de l'initiative française, présentée le 1er septembre par le président français Emmanuel Macron et préconisant la formation d'un "cabinet de mission". Selon des sources citées dimanche par notre correspondante, Saad Hariri souhaite former son équipe le plus rapidement possible sans lier cette mission à des "échéances extérieures", comme il en avait été notamment accusé samedi par le Courant patriotique libre. La formation aouniste avait en effet estimé qu'il était "inacceptable" que la formation du cabinet soit tributaire "de pressions et conditions externes".
Peu avant ce nouveau tête-à-tête entre MM. Aoun et Hariri, le mouvement Amal, présidé par le chef du Parlement, Nabih Berry, a appelé à la formation d'un gouvernement "dès cette semaine", estimant que la constitution du cabinet était "devenue urgente et nécessaire", afin que celui-ci adopte un "programme de réformes et de sauvetage". Dans un communiqué à l'issue de la réunion de son bureau politique, le mouvement chiite a mis en garde contre les répercussions dangereuses pour le Liban au cas où la naissance d'un cabinet traînerait davantage.
Depuis leur neuvième réunion, le 16 novembre, les contacts directs étaient interrompus entre le président et le Premier ministre désigné sur fond de divergences concernant notamment la distribution des portefeuilles et le choix des ministres. Lors de cet entretien, le chef du courant du Futur avait présenté une liste de personnalités pour occuper les 18 sièges de son cabinet, mais le président Aoun avait critiqué qu'il ne connaissait pas certains des noms proposés, entre autres parmi les chrétiens, alors qu'une partie d'entre eux devrait relever de son camp politique. Michel Aoun aurait par ailleurs chargé Saad Hariri de reprendre ses contacts avec certaines formations politiques afin de s'entendre sur une nouvelle mouture, avant de revenir à Baabda pour trancher les nominations de ministrables chrétiens.
Le nouveau cabinet est attendu depuis la démission il y a plus de trois mois du Premier ministre sortant Hassane Diab, dans la foulée des explosions meurtrières du 4 août au port de Beyrouth. Les autorités doivent lancer sans tarder une série de réformes qui permettraient de débloquer des aides internationales substantielles, permettant au Liban de surmonter la pire crise économique et financière de son histoire moderne.
commentaires (5)
Ils se sont réunis pour rien.Le monde entier incite pour une sortie de crise, mais eux, ils sont sourds, ou plutôt l'un des deux. Je ne vois pas pourquoi le chef du gouvernement désigné, n'est pas habilité à former lui-même son équipe ministérielle. Quelle est cette constitution et quel érudit à décidé ainsi. Il faut changer la constitution, et permettre au premier ministre d'être libre à choisir à lui seul.
Esber
20 h 18, le 07 décembre 2020