La France met ses promesses à exécution. Après avoir lancé son programme de soutien aux écoles privées à programme français du Liban, le Quai d’Orsay concrétise à présent l’aide exceptionnelle promise par le président français, Emmanuel Macron, aux étudiants libanais en France. En cette période de crise inédite, il lance le programme Ma’akum (« Avec vous »), d’un montant de 3 millions d’euros, pour soutenir quelque 3 000 étudiants libanais nouvellement inscrits dans les établissements d’enseignement supérieur et répondre à leurs difficultés d’installation en France. Un dispositif d’urgence qui s’ajoute aux bourses d’excellence « coup de pouce » accordées aux étudiants particulièrement méritants. L’attachée de coopération universitaire et scientifique à l’ambassade de France, Agnès de Geoffroy, détaille pour L’Orient-Le Jour les modalités de ce dispositif initié par le président Macron lors de sa visite à Beyrouth, le 1er septembre dernier, après la double explosion du port de Beyrouth le 4 août 2020.
3 000 étudiants libanais à Paris bénéficiaires
Près de 6 600 étudiants libanais (qui ne disposent pas de la double nationalité) poursuivent leurs études universitaires en France en cette année 2020-2021, selon les chiffres de l’ambassade. « Parmi eux, 45 % en master, 35 % en doctorat, 20 % en licence. Et quelque 3 000 primoarrivants – inscrits pour la première fois dans un établissement français d’enseignement supérieur, université publique ou grande école privée, quel que soit le niveau d’étude – qui ont obtenu leur visa étudiant ces derniers mois en vue de la rentrée. » Alors, pour permettre à ces étudiants de moins ressentir la crise économico-financière qui sévit au Liban et les restrictions bancaires imposées, le ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères a adopté plusieurs mesures. « La première consiste à accorder à l’ensemble de ces 3 000 étudiants libanais une allocation forfaitaire d’installation de 500 euros », affirme Mme de Geoffroy.
Ces étudiants se voient aussi attribuer « le statut de boursiers du gouvernement français (BGV), qui leur permet d’obtenir des exonérations de frais de couverture sociale et leur donne un accès préférentiel à des logements étudiants à tarif réduit, pour faciliter leur installation ». Quant aux 1 500 inscrits dans des établissements publics sous tutelle du ministère de l’Enseignement supérieur, ils sont « exonérés du paiement des inscriptions à l’université », en plus de leur statut de BGV. Une mesure unifiée à l’échelle nationale, sachant que nombre d’universités et d’établissements d’enseignement supérieur avaient déjà adopté des mesures individuelles pour soutenir les étudiants libanais. Rappelons à ce titre qu’en novembre 2018, le Premier ministre français, Édouard Philippe, avait instauré des frais d’inscription aux universités françaises pour les étudiants internationaux de 2 770 à 3 770 euros.
Opération « coup de pouce »
Au large dispositif Ma’akum, qui se concentre sur l’installation des étudiants libanais en France, s’ajoute un système de bourses mensuelles d’excellence, baptisé « coup de pouce », mis en place à l’intention d’une dizaine d’étudiants. « Ces étudiants avaient accompli les démarches d’inscription et constitué leur dossier, note l’attachée de coopération. Leur dossier pédagogique avait été évalué comme très bon par l’Espace Campus France, portail numérique d’accueil, d’accompagnement et d’orientation des étudiants libanais vers les établissements français d’enseignement supérieur. » « Sauf que ces étudiants identifiés comme particulièrement méritants n’ont pas pu obtenir leur visa pour des critères économiques, même après leur inscription dans des institutions universitaires. »
« Une dizaine de bourses ont alors été mises en place pour leur permettre d’aller poursuivre leurs études en France », ajoute-t-elle, précisant que cette initiative s’inscrit dans une politique de bourse plus globale de l’ambassade de France qui couvre 70 étudiants boursiers en France.
Le lancement il y a quelques jours du programme Ma’akum ne répond à aucun agenda particulier. « Dès la maturation et l’élaboration à Beyrouth du dispositif d’urgence annoncé par le président Macron, la communication s’est faite », observe Agnès de Geoffroy. Et déjà « l’Agence Campus France, responsable de la mise en œuvre du processus, entame les contacts auprès des étudiants bénéficiaires en France, au regard des processus de candidatures et du nombre de visas délivrés ». « Le montant alloué à chaque étudiant est alors versé sur son compte bancaire en France, ou par le biais d’une agence intermédiaire, s’il ne dispose pas d’un compte bancaire », précise la diplomate. Si le dispositif se veut « ponctuel » pour répondre à l’urgence de la situation, privilégiant les primoarrivants, Paris n’en reste pas moins « sensible aux difficultés» des étudiants libanais sur le territoire français, souvent relayées par les universités d’origine au Liban, particulièrement « des doctorants qui entament de longues études et dont les possibilités de financement sont limitées ».
commentaires (6)
????
Eleni Caridopoulou
17 h 44, le 19 novembre 2020