« Lorsque la France s’engage, elle tient ses promesses. » C’est en ces termes que l’ambassadrice de France, Anne Grillo, a donné le coup d’envoi hier des aides d’urgence accordées par Paris aux familles libanaises des écoles homologuées, plombées par la crise économique et sociale. Des aides qui se concrétisent sous forme d’une prise en charge partielle ou totale des scolarités de 9 000 élèves répartis au sein des 45 établissements scolaires à programme français, pour un montant de 5 millions d’euros pour la seule année 2020-2021. L’occasion pour la diplomate française d’organiser une cérémonie symbolique de signature du protocole d’assistance aux familles à la Résidence des Pins, à Beyrouth, en présence d’une trentaine de chefs d’établissements et de congrégations du réseau francophone, parmi lesquels le père Boutros Azar, secrétaire général des Écoles catholiques, la rectrice des sœurs des Saints-Cœurs, sœur Afaf Abou Samra, le directeur du Collège Melkart, Faouzi Makhoul… Et pour mieux marquer le coup et montrer que malgré sa fragilité en cette période de crise libanaise profonde, économique, financière et sanitaire, le réseau des établissements homologués continue de s’agrandir, l’événement s’est articulé autour de la signature de la 46e et dernière convention avec le Collège Saint-François Xavier de Hadath des sœurs des Saints-Cœurs, nouvel arrivant dans le réseau des écoles à programme français.
À réseau exceptionnel, plan de soutien sans précédent
« Cette aide exceptionnelle de 5 millions d’euros s’inscrit dans la réponse d’urgence sans précédent que la France a bâtie à hauteur de 15 millions d’euros pour aider le réseau des écoles homologuées », souligne Mme Grillo. La diplomate réitère l’engagement du président français Emmanuel Macron « d’accroître ce soutien par une aide plus spécifique de 7 millions d’euros pour la reconstruction des écoles endommagées par l’explosion du 4 août qui a meurtri Beyrouth ». Celui aussi du ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, de venir en aide « aux familles libanaises durement éprouvées par la crise économique et sociale, mais qui souhaitaient maintenir leurs enfants dans un établissement scolaire homologué par la France ». Elle rappelle que le Liban est « le seul partenaire de la France à bénéficier d’un tel dispositif de soutien qui combine à la fois une aide aux familles libanaises et françaises, une aide de trésorerie pour les établissements, une aide à la reconstruction, un soutien spécifique pour les écoles d’Orient, de nombreux dons de manuels scolaires et d’outils pédagogiques comme culturels ».
C’est dire la solidité du lien qui unit le Liban et la France. C’est dire aussi « la position centrale » qu’occupe le pays du Cèdre dans le réseau de l’enseignement français à l’étranger, le plus important au monde en nombre d’élèves (plus de 60 000, NDLR) et d’établissements. « C’est un plan de soutien sans précédent pour un réseau exceptionnel », résume-t-elle. Exceptionnel, non seulement par son importance, mais aussi par « son enjeu stratégique ». « On ne peut penser l’avenir d’un pays, sa stabilité, sa prospérité et sa souveraineté, sans penser l’éducation de sa jeunesse, observe Anne Grillo. C’est parce qu’elle est convaincue de cela que la France investit massivement dans sa coopération éducative au Liban et continuera de le faire. »
Au-delà de la concrétisation du processus d’aide de la France à l’enseignement français au Liban, l’ambassadrice de France a tenu à lancer des pistes de réflexion qu’elle propose d’engager avec les chefs d’établissement. Pour « l’évolution des modèles pédagogiques », dans l’objectif de privilégier l’accompagnement des élèves plutôt que la sélection. Pour la création au Liban de « ressources numériques innovantes », afin de permettre aux élèves et enseignants de tirer le meilleur parti de l’enseignement à distance. Pour « la formation initiale et continue des enseignants ». Et enfin, « pour la création d’un baccalauréat français international pour lequel le Liban pourrait être pionnier ». Proposition à laquelle l’assistance a réagi favorablement, par la voix du recteur du Collège Notre-Dame de Jamhour, le père Charbel Batour.
L’initiative française pour enclencher les réformes
Et comme la politique n’est jamais bien loin, Anne Grillo a affirmé, en réponse à la presse, que l’initiative française se poursuit, après les deux déplacements d’Emmanuel Macron au Liban. « Le Liban est dans une situation extrêmement difficile. Il est au bord de l’effondrement et ne se relèvera pas seul. Il a besoin de l’aide de la communauté internationale et la France est son seul partenaire », soutient-elle. La diplomate rappelle « la relation privilégiée entre les deux pays », cette volonté de Paris d’aider le Liban et la capacité du président Macron de mobiliser des partenaires. « La France a toujours été aux côtés du Liban et elle le restera, répète-t-elle. Elle est la seule à pouvoir le faire. » Mais pour cela, « le président français a appelé à la responsabilité de tous (les parties libanaises) ». « Il faut nous aider à convaincre la communauté internationale et les bailleurs de fonds à renouer confiance dans ce pays », insiste Mme Grillo.
Le Liban doit donc être capable d’engager « ces réformes demandées depuis des années par la communauté internationale, et qui font consensus ». Car elles doivent permettre au pays du Cèdre « d’enclencher un cercle vertueux en vue de la stabilité, la prospérité et la souveraineté ». « Le président Macron s’est engagé dans une démarche et une dynamique près du Liban. » L’ambassadrice de France promet d’accomplir cette mission « avec détermination ». « Nous poserons tous les jalons nécessaires et continuerons à travailler pour pousser les autorités et les forces politiques à enclencher ces réformes, affirme-t-elle. Réformes qui passent par la constitution d’un gouvernement qui soit capable de penser dans l’intérêt du pays. »
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"Le Liban n'a pas beaucoup d'amis en dehors de la France". "Le Liban, nous Français, l'avons créé en 1920 et nous devons le protéger". Jean-Marc de la Sablière- Ambassadeur de France
Un Libanais
19 h 06, le 04 novembre 2020