Le Premier ministre désigné, Saad Hariri, s'est de nouveau réuni lundi, loin des feux de la rampe, avec le président, Michel Aoun, au palais de Baabda, alors que ses tentatives, depuis plus de deux semaines, de mettre sur pied son cabinet se heurtent aux revendications des différentes formations politiques. Un processus que les sanctions américaines annoncées vendredi contre le chef du Courant patriotique libre, le député libanais Gebran Bassil, sont venues compliquer davantage, selon notre correspondante à Baabda Hoda Chédid.
Pour mettre sur pied l'équipe ministérielle, M. Hariri s'entretient régulièrement avec le président Aoun, sans que des déclarations ne soient faites à l'issue des entretiens, les deux hommes tenant à travailler en toute discrétion et à ne révéler au public que le minimum de ce qui se déroule en coulisses. Face à cet immobilisme, alors que le pays est gouverné depuis août par le cabinet démissionnaire de Hassane Diab, le président français, Emmanuel Macron, avait insisté vendredi auprès de son homologue libanais sur le "besoin urgent" que le Liban s'engage sur la voie des réformes avec la "formation rapide" d'un gouvernement.
Depuis sa désignation, le 22 octobre, le chef du courant du Futur cherche à former un gouvernement d'experts, capable de mener les réformes réclamées par la communauté internationale, notamment la France, dans le cadre de l'initiative lancée par Paris le 1er septembre dernier à Beyrouth et qui vise à sortir le pays de la crise aiguë qu'il traverse. Toutefois, le processus gouvernemental se heurte aux revendications des partis concernant la distribution des portefeuilles ministériels, mais surtout aux divergences dans les approches de la Maison du Centre et de Baabda de ce dossier. Et le fossé semble se creuser davantage après les sanctions US contre le chef du CPL, selon notre correspondante à Baabda. "Aux yeux de la présidence, ces sanctions visent à faire pression non seulement sur M. Bassil mais sur le mandat Aoun et l'amener à rompre son alliance avec le Hezbollah, poursuit Hoda Chédid. Le dossier gouvernemental ne sera donc pas à l'abri des répercussions de la mesure américaine, même si le président Aoun, qui veut que le cabinet soit rapidement formé dans le cadre de l'initiative française, tente jusqu'à maintenant de séparer les deux dossiers".
Selon des sources informées citées par notre correspondante, l'accélération du processus de formation du cabinet dépend désormais de la façon dont le Premier ministre désigné aborderait les sanctions contre M. Bassil. "Si M. Hariri va s'armer de ces sanctions pour éliminer le chef du CPL de l'équation politique, la réponse du président, qui n'acceptera pas une mise à l'écart du parti qu'il a fondé, sera cinglante. Dans ce cas, les choses vont se compliquer davantage, estiment ces sources. Si, au contraire, M. Hariri n'exploite pas politiquement ces sanctions, le président pourrait en contrepartie faciliter la naissance d'un cabinet".
Notre correspondante rappelle dans ce contexte que Michel Aoun insiste sur le principe des "critères unifiés que ce soit en ce qui concerne la répartition des portefeuilles, la rotation des postes régaliens et de service et la nomination des ministres". Par ailleurs, toujours selon Hoda Chédid, le président n'a pas d'objections à ce que le cabinet soit composé de 18 ministres mais refuse une mouture de 14. En début de semaine dernière, le Premier ministre désigné et le président de la République avaient convenu de limiter le nombre de portefeuilles à 18, malgré les objections de M. Aoun, ce chiffre étant considéré comme insuffisant par certaines formations, dont le CPL.
"Il est essentiel pour la stabilité du Liban que les négociations sur la formation d'un nouveau gouvernement aboutissent rapidement, sur la base des accords déjà conclus entre Michel Aoun et Saad Hariri sur la forme du cabinet et la répartition des portefeuilles", a dans ce contexte écrit sur Twitter le coordinateur spécial des Nations Unies au Liban, Jan Kubis. "Les facteurs externes doivent être traités séparément du processus de formation du gouvernement", a-t-il ajouté.
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21 h 46, le 09 novembre 2020