C’est à un véritable exercice de contorsionniste que devra se livrer le chef du courant du Futur, Saad Hariri, s’il se voit nommé à la présidence du Conseil jeudi à l’issue des consultations parlementaires. À moins d’un nouveau coup de théâtre de dernière minute, comme celui qui s’est produit mercredi dernier, et donc un second report des consultations, M. Hariri devrait recueillir suffisamment de voix pour être désigné. En dépit du refus des Forces libanaises (FL) et du Courant patriotique libre (CPL) qui maintiennent tous deux leur position de principe et s’abstiendront de le nommer, chacun pour des considérations propres, M. Hariri devrait pouvoir compter sur quelque 70 voix au moins selon un premier décompte. Celles-ci proviendraient notamment du PSP, des Marada, du mouvement Amal, des indépendants et peut-être même du Hezbollah, à moins que ce dernier, pourtant attaché à la candidature de M. Hariri, ne décide de s’abstenir en signe de solidarité avec le chef du CPL, Gebran Bassil.
Mais même si M. Hariri passe le cap de la nomination, tout restera à faire. Les difficultés rencontrées en amont de la désignation ne disparaîtront pas une fois celle-ci acquise. Maintenant qu’il a amadoué le duo Amal-Hezbollah en accédant à leur demande de choisir eux-mêmes les ministres chiites et après avoir regagné la confiance du chef du PSP, Walid Joumblatt, en lui accordant à lui aussi des garanties concernant la part des druzes au gouvernement, Saad Hariri devra gérer le double veto des FL et du CPL, et leurs conditions contradictoires.
Les Forces libanaises exigent un gouvernement complètement apolitique, ou du moins non partisan, pour accorder leur confiance à un futur cabinet formé par M. Hariri. Le CPL demande une participation et une empreinte, même indirecte, sur le prochain gouvernement. Des conditions formulées au nom de l’initiative française que les FL comme le CPL affirment soutenir. La feuille de route proposée par le président Emmanuel Macron prévoit certes un « gouvernement de mission » formé de spécialistes, mais ne précise pas si les partis pourront partager ou non avec M. Hariri sa prérogative constitutionnelle de nommer son équipe.
De source diplomatique, on apprenait qu’à ce stade, Paris tout comme Washington – qui ne cessent de mettre en garde contre un effondrement, voire même une déstabilisation prochaine du Liban – ne souhaitent plus qu’une chose : la naissance d’un gouvernement au plus tôt afin qu’il obtienne la confiance du Parlement pour pouvoir relancer la machine. Peu importe donc qui prendra les commandes. Washington n’aurait d’ailleurs pas d’opinion bien arrêtée sur Saad Hariri, note une source occidentale, Paris non plus d’ailleurs, tous deux voulant tout simplement que le travail soit fait avant qu’il ne soit trop tard.
Pour Saad Hariri, le problème reste entier. Car comment concilier l’inconciliable ? Comment former un gouvernement respectant en les points principaux de la feuille de route française – des réformes que les partis ont rechigné jusque-là à engager – et impliquant en même temps les blocs qui ne se sont pas départis de leurs vieilles habitudes, chacun détenant un pouvoir d’obstruction qu’il est décidé à manier jusqu’à obtenir gain de cause ?
C’est ce qui fait dire à certains analystes que l’initiative française a fini par être dénaturée et par dévier de sa trajectoire. On ne sait toujours pas d’ailleurs si M. Hariri optera pour un cabinet techno-politique, souhaité par le tandem chiite notamment, ou s’il maintiendra la formule d’un gouvernement de spécialistes, même s’il ne saurait, in fine, échapper à la consécration des partis politiques.
Selon un député du courant du Futur, il est encore tôt pour se prononcer sur cette question, la priorité étant, pour M. Hariri, l’exécution de la feuille de route française, et ce quels que soient ceux qui en seront chargés.
L’initiative de Saad Hariri avait pourtant commencé par traiter les écueils qui ont abouti à la récusation de son prédécesseur Moustapha Adib, c’est-à-dire la demande par Amal et Hezbollah de choisir les ministres chiites et l’ouverture de canaux de communication avec les autres blocs, M. Adib ayant été accusé de faire cavalier seul – ou plutôt de ne prêter l’oreille qu’aux anciens Premiers ministres en occultant les autres formations politiques. Les visites effectuées par une délégation du Futur auprès de plusieurs chefs de file ou représentants de parti ont porté leurs fruits, sauf peut-être dans le cas des FL et du CPL qui continuent de camper sur leurs positions.
Dans les milieux haririens, on parle d’attentisme : Saad Hariri a fait ce qu’il avait à faire et attend de voir ce qui va se passer d’ici à jeudi, assure ainsi une source proche de sa formation.
Si, à Baabda, on continue d’affirmer que la date des consultations reste, pour l’heure, maintenue, du côté du Futur on tient à rappeler que tout peut arriver d’ici à cette échéance. La semaine dernière, alors que tout indiquait que les consultations se dérouleraient comme prévu, elles ont été torpillées la veille de la date prévue, vers 21h, rappelle une source haririenne.
En attendant, et en dépit du ton particulièrement virulent adopté par le CPL et Gebran Bassil au sujet de la candidature de Saad Hariri, qui redoute une nouvelle cohabitation avec ce parti, certains analystes évoquaient une possible percée après le retour du directeur général de la Sûreté, Abbas Ibrahim, de Paris. Ce dernier devait y rencontrer des membres de la cellule de suivi dont le chef des services de renseignements, Bernard Émié. À l’heure de mettre sous presse, on apprenait toutefois que la visite en France de Abbas Ibrahim était annulée, celui-ci ayant été testé positif au Covid-19 avant son départ de Washington, où il se trouve. Pour d’autres analystes, c’est plutôt sur la médiation de Ala’ Khawaja, un richissime homme d’affaires et entrepreneur libanais proche de Gebran Bassil et de Saad Hariri, qu’il faut tabler pour assainir le climat entre les deux hommes et espérer un déblocage. On ignore encore si la médiation, entamée il y a quelques jours par M. Khawaja, a porté ses fruits, aucune information n’ayant filtré à ce sujet.
commentaires (15)
BON PUISQUE HARRIRI SEMBLE DEVOIR ETRE NOMME, NOUS DEVRIONS LUI DONNE RLE CONSEIL SUIVANT POUR QUE LA REVOLUTION LUI DONNE UNE CHANCE DE REUSSIR LES REFORMES POUR LE BIEN DU LIBAN IL LUI SUFIT DE DEMANDER 30 NOMS A CHAQUE PARTI ( et au president puisque Bassil est hors jeu definitivement ) DE SPECIALISTE DANS CHAQUE POSTE MINISTERIEL ET AUCUNEMENT PROCHE DU PARTI DE QUELQUE FACON QUE CE SOIT DURANT LES 30 ANS PASSEES POUR EN CHOISIR UN EVENTUELLEMENT COMME MINISTRE DANS SON DOMAINE LES CODITIONS QU'ILS N'ONT JAMAIS ETE CONSEILLE DE BERRY AOUN GEBRAN JOUMBLATT FRANGIE ETC.. SI CELA REUSSIT ON POURRA JUGER ALORS SUR LES REFORMES FAITES ET ACCEPTEES PAR LE PARLEMENT CAR APRES TOUT HARRIRI A BIEN DEMISSIONNE DANS LA SEMAINE OU LA REVOLUTION A COMMENCEE, LA VERITE VOYONS LE RESULTAT DE LA COMPOSITION DE CE MINISTERE AVANT DE CRIER A LA TRAHISON CAR L'ECHEC DE DIAB A RUINE LE PAYS LITTERALEMENT AVEC SES DECISIONS DE NON PAYEMENT EN MARS DES BONDS JE VERRAI TRES BIEN HITTI REVENIR AUX AFFAIRES ETRANGERES CAR IL A MONTRE UNE INDEPENDANCE ECLATANTE AVEC SA DEMISSION DU GOUVERNEMENT DE DIAB
LA VERITE
01 h 01, le 21 octobre 2020