Le ministère de l’Économie et du Commerce et celui de l’Agriculture ont d’un commun accord relevé hier les plafonds des prix de vente de certaines viandes (bœuf, mouton, volaille et œufs) tout en ajoutant quelques précisions par rapport à leur accord précédent conclu le mois dernier.
Les nouveaux prix sont affichés sur le site du ministère de l’Économie. Ainsi, le kilo de blanc de poulet passe de 19 000 livres, conformément à l’ancien accord, à 23 000 livres dans le nouveau s’il est dépouillé, et à 19 000 livres s’il ne l’est pas. Le prix des cuisses et des ailes entières reste inchangé (11 000 livres), mais si elles sont désossées et dépouillées, leur prix augmente. Le poulet vivant est vendu à 8 000 livres le kilo, et le prix des autres parties a été fixé. Celui des œufs dépend à présent de leur poids et de leur qualité (bio par exemple). Ainsi, la boîte de 30 œufs de moins de 63 grammes a vu son prix augmenter de 250 livres pour atteindre 12 750 livres. Les œufs plus lourds sont eux vendus à 16 000 livres et les œufs de meilleure qualité à 30 000 livres. Les prix des morceaux de viande dépendent de leur provenance (bœuf, veau, mouton) et de la partie du corps de la bête, oscillant ainsi entre 29 000 et 51 000 livres.
Marché noir de volailles
Bien que réclamée par la profession, la mesure a été jugée insuffisante par le président du syndicat des éleveurs de volailles, Moussa Freiji, contacté par L’Orient-Le Jour. « Le prix doit être fixé par l’offre et la demande, et non par l’État », soutient-il. « Si l’exécutif n’augmente pas davantage ces prix pour qu’ils collent à la réalité du marché, certains produits se feront de plus en plus rares et le marché noir existant continuera de se développer », ajoute-t-il.
Il reste que dans un contexte de crise économique aiguë, l’État intervient déjà dans le processus de production et d’importation de ces produits en subventionnant, via la Banque du Liban (circulaire n° 564), un « panier alimentaire élargi », qui inclut notamment des produits utilisés par certains éleveurs, notamment le fourrage pour la volaille. Ce mécanisme soumis à certaines modalités permet en effet aux agents qui importent ces produits d’obtenir des dollars auprès de la banque centrale à un taux de 3 900 livres depuis juillet.
Une mesure prise en plein contexte d’effondrement de la livre qui suit le cours du marché noir (qui frôle les 9 000 livres pour un dollar), mais qui ne permet pas de soutenir efficacement les éleveurs, maintient Moussa Freiji, qui souligne que les prix de certains produits ne cessent d’augmenter depuis l’accord passé entre les ministères concernés, quelques jours après que le ministre sortant de l’Économie, Raoul Nehmé, eut annoncé l’arrêt du mécanisme de subvention… avant de se raviser. Il ajoute que les prix fixés par les ministères « sont sous-évalués et ne permettent pas aux marchands d’œufs de se prémunir contre les risques de maladies (impliquant des frais supplémentaires de vétérinaire) et de mort de l’animal », entre autres particularités que le mécanisme ne permet pas d’appréhender, comme le coût du transport ou les tarifs fixés par les intermédiaires.
commentaires (2)
Relevez le plafond si vous vous voulez de toute facon le blanc de poulet est introuvable depuis trois semaines au moins. Que devient cette denrée?? Exportée?? Congelée pour nous la ressortir au moment où ce sera plus opportun pour les vendeurs?? Ce qui est inadmissible dans ces deux cas de figure c'est que la filière bénéficie des subventions financées sur nos propres deniers. Comme d'habitude pour le consommateur "subventionneur" c'est la double peine... ca s'apparente à la contrebande de carburant. L'argent des subventions part en fumée.
Sybille S. Hneine
18 h 38, le 07 octobre 2020