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Société - Conférence de presse

Les familles des pompiers sacrifiés réclament l’internationalisation de l’enquête

Aucune indemnisation n’a été versée aux familles des dix héros tués en accomplissant leur devoir. Même les promesses d’aides arabes n’ont pas été tenues, déplorent les familles des disparus.

Les familles des pompiers sacrifiés réclament l’internationalisation de l’enquête

Les proches des pompiers morts le 4 août dernier, en accomplissant leur devoir, hier, lors de la conférence de presse, au Club de la presse. Photo A.-M.H.

Ils s’appelaient Charbel Karam, Élias Khouzami, Rami Kaaki, Sahar Farès, Ralph Mallahi, Joe Bou Saab, Joe Noun, Charbel Hitti, Nagib Hitti et Mithal Hawa. Tous étaient membres de la Brigade des pompiers de Beyrouth, engagés au service de cette ville qu’ils aimaient tant. Le 4 août dernier, ils ont été appelés en urgence pour éteindre l’incendie qui s’était déclaré au hangar 12 du port de Beyrouth. Ils n’en sont jamais revenus, tués par l’explosion de 2 750 tonnes de nitrate d’ammonium stockés dans l’entrepôt. Une double déflagration qui aura fait 195 morts selon un bilan encore provisoire, 6 500 blessés et qui aura détruit une grande partie de la capitale libanaise, faisant sur son passage quelque 300 000 sans-abri. Les dix pompiers de Beyrouth, et parmi eux une jeune femme, ont été envoyés vers une mort certaine. Leurs familles en sont persuadées. Pourquoi ? Pour qui ? Qui assume aujourd’hui la responsabilité de ce drame ? Qui rendra des comptes à leurs familles et aux proches de toutes les victimes ?

Lever l’immunité des ministres et politiques concernés

Hier, au Club de la presse, leurs familles réunies dans un même deuil, portant chacune en badge la photo de son ou de sa disparu(e), ont réclamé des comptes aux autorités libanaises. Lors d’une conférence de presse, deux mois après « la criminelle explosion du port de Beyrouth qui a fauché les vies de leurs héros martyrs », elles ont appelé les responsables « à révéler les détails de l’enquête et à lever le voile sur les circonstances du crime ». Et, surtout, « à internationaliser l’enquête ». « Malgré les appels répétés de l’opinion publique aux autorités pour accélérer l’investigation, nous n’avons jamais reçu la moindre réponse transparente à nos interrogations, susceptible de panser nos plaies », a déploré, au nom des proches des victimes, Antonella Hitti, sœur de Nagib Hitti, 27 ans, et cousine de Charbel Hitti, 22, tous deux décédés dans l’explosion. « Nous demandons que le Parlement se réunisse en urgence, pour lever l’immunité de tous les ministres et hommes politiques concernés par le dossier », a-t-elle martelé, réclamant une enquête qui toucherait tous les ministres en poste depuis 2014, et toute personne liée au dossier du hangar 12 depuis l’entreposage de la cargaison de nitrate d’ammonium. Dans cet objectif, les familles des pompiers victimes de l’explosion du port ont demandé à être reçues et écoutées par la ministre de la Justice, Marie-Claude Najm, par le Premier juge d’instruction au tribunal militaire, Fadi Sawan, chargé de faire la lumière sur les responsabilités dans l’explosion, et par le procureur général près la Cour de cassation, Ghassan Oueidate. Elles ont aussi réclamé que tous les rapports établis par les enquêteurs internationaux soient rendus publics, que soit levé le secret de l’enquête, et d’être informées de l’avancée des investigations.

L’absence inexpliquée des pompiers du port

Proposant que le 4 août soit décrété journée de deuil national, les proches des héros ont aussi multiplié les questions aux responsables. Sur la disparition des rapports liés à la dangerosité des matières explosives stockées au hangar 12, sur l’absence inexpliquée des pompiers du port de Beyrouth lorsque l’incendie s’est déclaré, une quarantaine de minutes avant l’explosion. « Pourquoi les pompiers de Beyrouth n’ont-ils pas été informés du contenu de l’entrepôt et de la dangerosité de ces matières? » s’est encore interrogée Antonella Hitti. « Pourquoi la grande majorité des responsables du port ont quitté les lieux peu après que l’incendie se fut déclaré, sans ordonner d’évacuation? Et où se trouvait le responsable du hangar 12 au moment du drame? »

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Les questions des familles des dix victimes résonnaient hier comme des accusations. D’abord de « négligence », car les autorités n’ont jamais pris la peine de vérifier ou même de s’enquérir du contenu de l’entrepôt. Des accusations de collusion aussi, car les proches des dix pompiers morts pour leur patrie « ne comprennent pas pourquoi les responsables n’ont jamais levé le doute de la population sur la présence de partisans (du Hezbollah, NDLR) les deux premiers jours de l’explosion, ou sur l’existence de souterrains au port, comme l’auraient dit les enquêteurs français ».

La conférence de presse s’est déroulée dans un calme quasi religieux. Elle a brillé par l’absence de revendications touchant directement les pompiers disparus et leurs familles. « Qu’en est-il des indemnisations aux dix héros et à leurs proches ? » a demandé L’Orient-Le Jour. « Aucune indemnisation ne saurait compenser la perte de nos disparus », a alors lancé Mme Kaaki. « Nous avons dû nous battre pour que soient retrouvés les restes de nos morts, afin que nous puissions leur rendre un hommage digne de leur courage. » Mais une fois exprimée sa douleur de mère éplorée, elle a révélé que l’État a totalement « occulté le dossier des dix pompiers morts pour leur patrie, dans l’exercice de leur devoir ». « On nous ignore. Même leur solde, ils veulent la réduire, pour que nous touchions moins d’indemnités », a-t-elle accusé. Quant aux promesses d’aides, promises par les autorités locales ou par des États arabes, « rien ne s’est concrétisé, pas même les aides scolaires ». « Mon fils Rami était pourtant papa d’une fillette de quatre ans », a-t-elle rappelé, la gorge nouée. Les participants ont acquiescé. La discussion s’est aussitôt animée. « L’État est aux abonnés absents et nul n’a contacté les familles pour leur porter assistance », a-t-on assuré. Mais l’attention doit se porter sur les revendications couchées sur le papier. « Nos morts valent tout l’or du monde. Ce que nous voulons aujourd’hui, c’est que les coupables soient sanctionnés et que justice soit rendue », a rappelé William Noun, frère d’une victime. « J’ai perdu mon fils, Nagib Hitti, mon neveu, Charbel Hitti, et mon gendre, Charbel Karam », a assené Rita Karam, dans un aparté, sortant toute sa colère. « Tout ce que je demande, c’est que les responsables de leur mort soient pendus sur la décharge d’ordures qui défigure notre belle capitale. »

Ils s’appelaient Charbel Karam, Élias Khouzami, Rami Kaaki, Sahar Farès, Ralph Mallahi, Joe Bou Saab, Joe Noun, Charbel Hitti, Nagib Hitti et Mithal Hawa. Tous étaient membres de la Brigade des pompiers de Beyrouth, engagés au service de cette ville qu’ils aimaient tant. Le 4 août dernier, ils ont été appelés en urgence pour éteindre l’incendie qui s’était déclaré au hangar 12...

commentaires (3)

Nous avons le même souhait que Mme Rita Karam. Et le lieu de pendaison est un excellent choix qui leur irait comme un gant. Pourriture vous étiez et pourriture vous finiraient sur un tas d’ordure bande de déchets pestilentiels.

Sissi zayyat

21 h 21, le 06 octobre 2020

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Commentaires (3)

  • Nous avons le même souhait que Mme Rita Karam. Et le lieu de pendaison est un excellent choix qui leur irait comme un gant. Pourriture vous étiez et pourriture vous finiraient sur un tas d’ordure bande de déchets pestilentiels.

    Sissi zayyat

    21 h 21, le 06 octobre 2020

  • AOUN ESSAIE PAR TOUS LES MOYENS D,EVITER UNE ENQUETE INTERNATIONALE POUR COUVRIR LA RESPONSABILITE DES MERCENAIRES ET DU CPL.

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 43, le 06 octobre 2020

  • Mais on ne connaîtra JAMAIS la vérité tant que cette classe dirigeante est au pouvoir et les armes illégales prolifèrent. Une solution, les déclarer TOUS coupables d’homicide de 195 personnes avec préméditation et les condamner aux travaux forcés à perpétuité

    Lecteur excédé par la censure

    09 h 29, le 06 octobre 2020

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