Le patriarche maronite, le cardinal Béchara Raï, a de nouveau fustigé la classe politique hier, tout en appelant à « trouver une brèche » dans le blocage généralisé politique, économique et financier du Liban, « sans attendre les échéances de l’étranger ». Il a exhorté les jeunes qui, en désespoir de cause, cherchent à quitter le pays, de surseoir à leur décision de partir. « Je comprends votre détresse et je partage votre déception (…) mais le Liban a besoin de votre révolution et de votre colère. »
Le chef de l’Église maronite a encore une fois dressé un véritable réquisitoire contre la classe politique, dans son homélie dominicale, hier, à Dimane. « Ce qui nous peine le plus, a-t-il affirmé d’emblée, c’est le peu de cas que le pouvoir politique fait du peuple, c’est le fait qu’un groupe politique contrôle la destinée du pays et que les parties influentes continuent de faire échec aux tentatives de former un gouvernement, puisqu’elles ont réussi à pousser le Premier ministre désigné (Moustapha Adib) à se récuser, en dépit de l’initiative amicale du président français, Emmanuel Macron, pour une sortie de crise. » « À ces gens-là, nous disons : vous n’êtes pas les seigneurs du peuple mais ses serviteurs. L’État ne vous appartient pas. Il appartient au peuple. Aucun parmi vous n’a le droit de faire du Liban un allié de tel ou tel autre État dans leurs conflits, leurs guerres et leurs politiques. (…) Préservez son identité politique qui s’articule autour d’une neutralité active laquelle le libère de tout assujettissement à l’étranger », a-t-il poursuivi.
Dénonçant « des mensonges politiques, une exploitation et une domination du peuple, en l’affamant et en le poussant au désespoir et à la corruption morale », Mgr Raï a jugé nécessaire, « face à l’impasse voulue, en l’absence de gouvernement, de plan de sauvetage, de réformes, de recours à la Constitution, de réfléchir à un moyen de réaliser une percée sans attendre une échéance étrangère ». « Attendre une intervention de l’étranger prouve le nombre d’allégeances à l’Est ou à l’Ouest. La gravité de la situation commande une accélération de la procédure devant déboucher sur la formation d’un gouvernement (…) pour empêcher qui que ce soit d’exploiter le coma constitutionnel dans lequel le pays est plongé. »
Commentant la vague d’émigration qui a commencé avec l’effondrement économique et financier et qui s’est accélérée depuis la terrible explosion du 4 août dernier au port de Beyrouth, le chef de l’Église maronite a affirmé « comprendre les souffrances des jeunes et des familles qui cherchent à s’éloigner de toutes ces misères ». « Si je partage leur déception vis-à-vis de tout, oui, de tout, j’appelle notamment les jeunes à bien réfléchir avant de prendre la décision de partir. (…) Les crises économiques, financières, sociales et sanitaires sont partout dans le monde, ce qui ne facilite pas les chances de trouver une stabilité à l’étranger. Le Liban a besoin de vous spécialement. Il a besoin de votre révolution, de votre colère, de votre conscience, de votre éducation, de votre culture, de votre noblesse et de votre mode de vie », a martelé le patriarche qui a par ailleurs indiqué avoir accueilli « avec espoir » l’annonce de l’accord-cadre conclu entre Beyrouth et Tel-Aviv pour des négociations sur leur litige frontalier, qui « facilitera l’extraction des ressources en hydrocarbures offshore » du Liban et pourrait mettre fin à « la série d’attaques et de guerres » entre les deux pays. Il a salué le choix de « négociations pacifiques au lieu des combats, sans que cela ne signifie une normalisation des relations » entre le Liban et Israël.
Votre éminence inutile de parler le Hezbollah veux que la jeunesse chrétienne quitte le Liban?
12 h 49, le 05 octobre 2020