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Société - Covid-19

Le respect des gestes barrière peut enrayer la pandémie, pas le confinement

Malgré une hausse du nombre des personnes détectées positives, la proportion des cas sérieux, c’est-à-dire nécessitant une hospitalisation, est en baisse depuis plusieurs mois, avec un taux de 2,9 %.

Le respect des gestes barrière peut enrayer la pandémie, pas le confinement

Désormais, il faut apprendre à vivre avec le Covid-19 en respectant les gestes barrière et en protégeant les personnes vulnérables. Photo Hussam Shbaro

Faut-il ou non reconfiner le pays pour lutter contre la propagation rapide du Covid-19 au Liban ? Ce débat revient sur la table à chaque fois qu’un record au niveau des nouvelles contaminations est signalé. Comme après ce week-end, le Liban ayant enregistré en deux jours 1 785 nouveaux cas, dont 1 006 pour la seule journée de dimanche. Ce qui a poussé le ministre sortant de la Santé, Hamad Hassan, à réclamer une fois de plus « un bouclage total du pays », abstraction faite des « mises en garde économiques ». Une demande relayée hier matin par le comité scientifique chargé du suivi de la pandémie de coronavirus au sein du ministère de la Santé à l’issue de sa réunion hebdomadaire.

Finalement, c’est le confinement ciblé des villes et localités qui témoignent d’une forte recrudescence des cas qu’a recommandé hier la commission nationale chargée de lutter contre le Covid-19, au terme d’une longue réunion qui a duré plus de trois heures.

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Le confinement est-il la solution? « Le bouclage pourrait aider à ralentir la propagation de la maladie, mais non à l’enrayer, puisque le Liban a déjà atteint la phase de transmission communautaire », explique à L’Orient-Le Jour la représentante du bureau de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) au Liban, Iman Shankiti. « La question fondamentale est de savoir si la population est engagée » dans la lutte contre la pandémie, poursuit-elle, soulignant qu’il est important de respecter les gestes barrière et d’adopter une approche holistique qui comprend, en plus, la poursuite des tests de détection PCR ainsi que l’isolement des personnes détectées positives. « Malheureusement, un grand nombre de ces personnes ne respectent pas les mesures de quarantaine », déplore Mme Shankiti.

Même son de cloche chez Salim Adib, professeur d’épidémiologie et de santé publique à l’Université américaine de Beyrouth. « Le confinement est inutile puisque nous avons atteint le stade 4 de l’épidémie, affirme-t-il à L’OLJ. Une fois ce stade atteint, on ne recourt plus au confinement. Les tests de dépistage massif sont également interrompus, puisque le virus est disséminé dans toutes les communautés. Désormais, il faut vivre avec en respectant les gestes barrière et surtout en protégeant les personnes vulnérables. »

Le nombre croissant des personnes testées positives n’inquiète pas pour autant le Dr Adib qui fait remarquer que « plus on effectue de tests, plus le nombre de ces personnes va augmenter ». « Il n’en reste pas moins que la proportion des cas sérieux, c’est-à-dire nécessitant une hospitalisation, n’a pas changé, insiste-t-il. Au contraire, elle est en baisse depuis plusieurs mois déjà et frôle actuellement les 2,9 %. Quant aux décès, ils représentent 1 % des cas. Donc, en termes de santé publique, les caractères de sévérité de la pandémie sont actuellement au plus bas. »

L’irresponsabilité de l’État

Pour le Dr Adib donc, tant que les taux d’hospitalisation et de mortalité n’augmentent pas, la situation est contrôlable, même si les cas positifs continuent de croître. « Ces personnes seront immunisées, insiste-t-il, sachant que l’immunité collective ne sera pas atteinte de sitôt puisque le coronavirus n’est pas assez disséminé au Liban, contrairement à ce que l’on pense. Nous sommes à près de 12 cas pour 1 000 personnes, alors que l’immunité collective nécessite qu’au moins la moitié de la population ait contracté le virus. »

Ce qui est sûr, c’est qu’à l’heure actuelle, « la propagation de la pandémie ne peut pas être arrêtée tant qu’on n’a pas de vaccin ». « Il est impossible de pouvoir demander à une population en état de détresse économique, sociale et humanitaire de respecter le bouclage, martèle-t-il. Au début, l’État a pu l’imposer parce que les gens avaient peur. Mais actuellement, avec les tentatives mal pensées au cours des deux derniers mois, le bouclage est devenu impossible. Ce qu’il faudrait faire en revanche, c’est communiquer avec la population. »

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Mais le système hospitalier peut-il supporter la progression de la pandémie ? « La congestion des hôpitaux représente un réel danger, répond le Dr Adib. Cela ne sera pas le cas si le nombre des personnes nouvellement hospitalisées correspond à celui des personnes guéries qui en sortent. Mais si les gens ne quittent pas l’hôpital, c’est qu’ils sont extrêmement malades. Or, tout le monde ne peut pas l’être. Dans ce cas, soit ils sont mal pris en charge, soit ils font l’objet d’un abus, dans le sens qu’ils sont hospitalisés pour des raisons qui ne sont pas valides. »

Le Dr Adib critique à ce stade le ministère de la Santé qui, estime-t-il, « ne fait pas son travail, qui consiste à contrôler les hospitalisations, sachant que la durée moyenne des hospitalisations dans les établissements privés est plus longue que celle observée dans les établissements publics ». « Le ministère de la Santé doit bien examiner les rapports qu’il reçoit sur l’alerte, c’est-à-dire les hospitalisations et les décès, ajoute le Dr Adib. S’il en est incapable, il n’a qu’à faire appel à des groupes d’audit médical. Il ne peut pas toutes les quelques semaines accuser la population d’irresponsabilité, alors que c’est l’État qui a contribué à ce second pic en rouvrant l’aéroport sans prendre en considération les limites de capacité de détection, d’isolement et de suivi. »

Jusqu’à hier, « 70 % des lits réservés aux cas de Covid-19 dans les hôpitaux étaient occupés », constate de son côté Mme Shankiti, qui note que « ce sont les cas hospitalisés et admis en unités de soins intensifs qui posent un problème, et non les cas positifs ». « Avec la destruction de quatre hôpitaux dans la double explosion du port, le 4 août, nous avons perdu 500 lits réservés à la pandémie, déplore-t-elle. C’est la raison pour laquelle nous appelons la communauté internationale et les pays amis du Liban à nous aider à les réhabiliter. » Et d’insister : « La pandémie de Covid-19 ne sera pas enrayée de sitôt. Nous allons devoir vivre avec le virus pendant plusieurs mois encore en faisant attention à protéger les personnes vulnérables. D’où l’importance de respecter les gestes barrière. Il est important également que les personnes qui ressentent les symptômes de la maladie se déclarent, d’autant qu’elles exposent leur entourage et leur famille au virus. »

Hier, le Liban a enregistré dix décès et 684 nouveaux cas de Covid-19, dont 27 en provenance de l’étranger, selon le bilan quotidien du ministère de la Santé. Ce qui a fait grimper à 29 986 le nombre de cas cumulés depuis l’apparition de la pandémie dans le pays en février, dont 307 décès. Au total, 12 445 patients se sont rétablis, alors que 460 personnes sont encore hospitalisées, dont 123 en soins intensifs.

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