Les États-Unis ont annoncé jeudi de nouvelles sanctions à l’encontre du Hezbollah, visant en particulier deux sociétés basées au Liban et un individu pour leurs liens avec le parti chiite. Selon le Bureau de contrôle des avoirs étrangers (Office of Foreign Assets Control – OFAC), sont visées les compagnies Arch Consulting et Meamar Construction, parce qu'elles sont "détenues, contrôlées ou dirigées par le Hezbollah". L’OFAC a aussi désigné Sultan Khalifah Assaad, un responsable du Conseil exécutif du Hezbollah, étroitement associé aux deux sociétés.
"Grâce à l’exploitation de l’économie libanaise par le Hezbollah et à la manipulation de responsables libanais corrompus, les entreprises associées à l’organisation terroriste remportent des contrats gouvernementaux, a déclaré le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin. Les États-Unis restent déterminés à cibler le Hezbollah et ses partisans lorsqu'ils abusent des ressources libanaises pour enrichir leurs dirigeants tandis que le peuple libanais souffre de services inadéquats".
Dans son communiqué, le département du Trésor affirme que "les activités du Hezbollah touchent à tous les aspects de l’économie libanaise, y compris les secteurs de la construction et des infrastructures". "Le Hezbollah utilise Arch et Meamar pour dissimuler des transferts d’argent sur ses propres comptes, enrichissant davantage les dirigeants et les partisans du Hezbollah, et privant le peuple libanais des fonds dont il a tant besoin, est-il ajouté. Le Hezbollah conspire avec des responsables libanais, y compris l’ancien ministre des Travaux publics, Youssef Fenianos (récemment sanctionné par les Américains), pour confier des contrats gouvernementaux de plusieurs millions de dollars à ces entreprises, qui sont supervisées par le Conseil exécutif du Hezbollah. Le Conseil reçoit également une part des profits (réalisés par) ces entreprises".
Arch Consulting et Meamar Construction
Ces deux sociétés "sont détenues, contrôlées ou dirigées par le Hezbollah" et figurent parmi les "nombreuses sociétés subordonnées au Conseil exécutif du Hezbollah", explique le département américain. Selon ce dernier, le parti chiite utilise ces compagnies pour "dissimuler des transferts d’argent et échapper aux sanctions américaines". "Depuis 2019, le Hezbollah a travaillé avec l'ancien ministre Youssef Fenianos, désigné pour s'assurer qu'Arch et Meamar remportent des appels d'offres du gouvernement libanais d'une valeur de plusieurs millions de dollars. Les deux sociétés ont envoyé une partie des bénéfices de ces contrats au Conseil exécutif du Hezbollah", ajoute le département US.
"Depuis leur création, les compagnies Arch et Meamar ont été associées au Hezbollah. Plusieurs personnes incluses dans les documents d’enregistrement de la société ont des liens avec le Hezbollah. La société Arch est enregistrée sous le nom d'un candidat aux élections municipales de 2004 soutenu par le Hezbollah. De plus, Arch faisait auparavant partie de Jihad al-Bina, la principale société de construction du Hezbollah désignée par les États-Unis (en février 2007). Bien qu'elle soit devenue indépendante en 2005, elle reste une source importante de financement pour Jihad al-Bina", explique encore le département américain.
Sultan Khalifa Assaad
"Sultan Khalifa Assaad est un haut fonctionnaire du Conseil exécutif du Hezbollah. Il est l'adjoint du président du Conseil exécutif Hachem Safieddine (désigné en mai 2017), détaille le département américain. Début 2019, Assaad était responsable d'une douzaine d'entreprises subordonnées au Conseil exécutif, dont Arch et Meamar. Il a fourni des conseils à ces entreprises et a été impliqué dans leurs dossiers financiers et juridiques".
Sur son compte Twitter, le secrétaire d'État américain a accusé le Hezbollah de s'enrichir grâce à la corruption pour faire avancer son programme au Liban. "Aujourd'hui, nous avons désigné deux entreprises liées au Hezbollah et un officiel impliqué dans des stratagèmes illicites, a-t-il ajouté. Le peuple libanais mérite mieux, et les États-Unis continueront de s'opposer à la corruption". Dans un autre communiqué M. Pompeo a affirmé que "les dirigeants politiques libanais exploitent depuis longtemps le manque de transparence de l’économie libanaise pour dissimuler leur enrichissement personnel, tout en prétendant défendre les droits de leur peuple". "Ce stratagème (…) est exactement le type de corruption contre lequel le peuple libanais proteste, dit M. Pompeo. Le Hezbollah exploite le système corrompu du Liban tout comme d’autres partis. Le peuple libanais manifeste depuis près d'un an contre la corruption et exige que son gouvernement réponde à ses besoins fondamentaux après des décennies de dysfonctionnement politique".
Hizballah relies on corrupt self-enrichment to advance its agenda in Lebanon. Today we designated two Hizballah-linked companies and one official involved in illicit schemes. The people of Lebanon deserve better and the U.S. will continue to stand against corruption.
— Secretary Pompeo (@SecPompeo) September 17, 2020
Ce nouveau train de sanctions intervient une dizaine de jours après que les Etats-Unis ont imposé, pour la première fois, des sanctions contre des responsables appartenant à des formations politiques alliées du Hezbollah. Ces sanctions avaient été lancées contre les anciens ministres des Travaux publics, Youssef Fenianos, et des Finances, Ali Hassan Khalil, pour "corruption" et soutien au Hezbollah, considéré comme une organisation terroriste par Washington. Le département du Trésor avait indiqué que les deux ministres ont "fourni un soutien matériel au Hezbollah et se sont livrés à des actes de corruption". Les sanctions avaient été dénoncées par les partis concernés comme une "décision politique" et une "attaque contre le Liban". Au lendemain de l'annonce de ces sanctions, le secrétaire d’État adjoint pour le Proche-Orient, David Schenker avait annoncé qu'il fallait "s'attendre à davantage de sanctions" contre des officiels libanais.
Cette nouvelle pression sur le Hezbollah et ses alliés intervient alors que les formations politiques libanaises, qui s'étaient engagées début septembre devant la France à former un nouveau gouvernement dans un délai de quinze jours, n'ont pas réussi à respecter cette échéance. La mise sur pied de la nouvelle équipe ministérielle bute sur les revendications du tandem chiite (Hezbollah et Amal) qui réclame notamment de conserver le ministère des Finances.
commentaires (7)
Commencer à regarder Trump autrement. Indigeste mais bientôt nécessaire pour éviter de renvoyer définitivement le Liban au Moyen-Age.
Lillie Beth
13 h 03, le 20 septembre 2020