Christophe Martin : Les lots de nourriture du CICR détruits au port étaient destinés à la Syrie

À qui étaient destinés les lots d’aides détruits dans l’incendie au port de Beyrouth jeudi ?

Toute la marchandise détruite au port et appartenant au CICR était destinée à la Syrie. Nous avons ici une voie de ravitaillement vers ce pays : 60 000 lots d’aliments et de produits de première nécessité sont donc perdus, en plus de 144 000 colis composés de nourriture. Le CICR est en train de réfléchir actuellement aux moyens de se réapprovisionner et de trouver des alternatives avec des achats locaux qui pourraient être effectués en Syrie ou un recours au port de Tripoli pour l’importation.

Les stocks que nous avons pour l’assistance au Liban n’ont pas été touchés. Cependant, nos équipes n’ont pas encore eu la possibilité de faire un inventaire complet des dégâts. Nous espérons avoir accès au port dès lundi. Notre réponse humanitaire au Liban, qu’elle soit liée aux enjeux sur lesquels nous travaillons dans ce pays depuis longtemps ou aux événements du 4 août, n’a pas été impactée par l’incident d’hier.

L'éditorial de Issa Goraieb

Les alliances meurtrières

Sur quoi porte votre intervention humanitaire au Liban ? Et quels sont les besoins les plus urgents identifiés à votre niveau ?

Notre réponse aux événements de la double explosion du 4 août au port a nécessité une augmentation de notre budget qui est passé de 45 à 55 millions de dollars. Nous avons investi principalement dans les domaines de la santé, où nous avons réussi à fournir dès les premières heures après l’explosion des médicaments et du matériel chirurgical à 12 hôpitaux. Nous avons ensuite distribué de l’assistance médicale dans plus de 25 hôpitaux.

Notre deuxième axe d’intervention a été de soutenir les infrastructures hydrauliques qui ont été grandement touchées. Nous collaborons actuellement avec l’Office des eaux d’Achrafieh pour voir comment nous pouvons participer à la réhabilitation de ces installations pour que la distribution de l’eau reprenne dans les quartiers qui ont été touchés.

Le dernier point de soutien a été l’appui, comme toujours, à la Croix-Rouge libanaise (CRL) qui est notre partenaire premier au Liban depuis maintenant 53 ans. Là aussi, nous avons augmenté notre aide pour que les équipes d’urgence (EMS) et les banques de sang puissent être renforcées en termes de capacité de réponse aux problèmes et aux conséquences humanitaires massives liés à l’explosion.

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On va commencer dès demain la distribution de l’argent principalement à la Quarantaine pour que les familles les plus affectées puissent subvenir à leurs besoins les plus élémentaires. Nous devons réfléchir à l’axe d’intervention immédiate qu’on qualifie d‘urgence, mais aussi à tout ce qui se rapporte à la réhabilitation dans le plus long terme. Là aussi, nous parlons de la nécessité pour l’État d’intervenir quand il s’agit de réhabiliter des infrastructures majeures, que ce soit les systèmes hydrauliques, ou les écoles, les hôpitaux ou les habitations qui ont été grandement endommagés.

Une autre préoccupation que nous avons en tant qu’organisation humanitaire est l’effet psychologique majeur des explosions du 4 août et de l’incident d’hier (jeudi) sur les populations. Nous avons un service de soutien en soins de santé psychologique qu’il est possible d’appeler au 71/624986. Ce service est destiné aux personnes qui auraient besoin de se confier ou de partager leurs problèmes, surtout que l’incendie a ravivé dans l’esprit de tout le monde les événements du 4 août.