Ce week-end devrait être un temps fort pour le dialogue à l’intérieur des partis en vue de faire de la formation du prochain gouvernement une expérience radicalement différente des précédentes en la matière. C’est le son de cloche qui est répercuté par Ibrahim Kanaan, député CPL du Metn et membre du bloc du Liban fort, conduit par Gebran Bassil. M. Kanaan n’occulte pas la difficulté d’opérer un changement dans le système actuel au Liban, tout en insistant sur sa nécessité, parce que « nous n’avons plus le luxe du temps ».
« Quand j’étais exilé avant 2005, je pensais que le jour où je pourrai jouer un rôle en politique, je ferai bouger les choses. Mais j’ai compris depuis que le problème réside dans le système, non seulement de par son caractère confessionnel, mais parce qu’il comporte en lui beaucoup de freins au changement », dit-il à L’Orient-Le Jour. Cette remise en question de la prestation de toute la classe politique, y compris sa formation, M. Kanaan la fait à la lumière de l’initiative française lancée par le président Emmanuel Macron en vue de la formation rapide d’un gouvernement et de la mise en place des réformes tant attendues. « L’initiative de la dernière chance », comme la qualifie le député, « celle qui a mis un frein à l’effondrement ». « Cette initiative fait qu’il y a désormais une feuille de route à laquelle ont souscrit toutes les forces politiques, même si elles avaient par ailleurs présenté les leurs », poursuit M. Kanaan. Il souligne que tout un processus a été enclenché, avec des délais précis, ce qui évite au pays le risque de vide institutionnel, selon lui, et modifié les critères suivant lesquels le gouvernement sera formé et les réformes engagées, en vertu d’un accord de principe conclu entre les forces politiques et la partie française. Sans compter la promesse d’une conférence internationale pour la reconstruction de Beyrouth à Paris, qui a déjà recueilli l’engagement de 37 pays.
Le député du Metn insiste sur un changement de logique dans la formation du futur gouvernement. Mais alors pourquoi, à peine le président français parti, les exigences traditionnelles des forces politiques concernant la mainmise sur tel ou tel portefeuille aient immédiatement refait surface ? Selon M. Kanaan, il ne faut pas préjuger de ces prises de position, qui pourraient ne pas être décisives. « La rhétorique prend du temps pour se modifier », souligne-t-il, précisant que des conférences internes sont prévues au sein des partis ces prochains jours, et soulignant que « les voix du changement n’ont pas encore eu le temps d’être à l’œuvre », comme pour suggérer que lui-même fait partie de ces « voix du changement » à l’intérieur du CPL et qu’il ne fallait pas nécessairement prendre à la lettre les dernières prises de positions de M. Bassil au sujet du prochain gouvernement, notamment celles qui annoncent une bagarre qui s’annonce entre lui et le président de la Chambre, Nabih Berry, autour du ministère des Finances.
M. Kanaan invite les observateurs et les médias à être attentifs à ce qui peut se passer ces prochains jours, estimant que tout le monde devrait se sentir soulagé si le prochain gouvernement n’est pas « traditionnel ». Interrogé sur ce qu’il considère comme un gouvernement radicalement différent des précédents, il souligne qu’il ne sera pas le fruit d’un partage du gâteau, mais qu’il devra bénéficier de l’appui politique des partis pour les réformes à entreprendre, même s’ils n’y participent pas, afin qu’il ne finisse pas en aventure stérile. Quelle part aura la peur des sanctions contre des personnalités libanaises – menaces américaines brandies depuis un certain temps déjà, non seulement contre des personnalités du Hezbollah mais également dans le cadre de la corruption – dans ce « changement » auquel pourraient souscrire les partis? M. Kanaan dit préférer que le changement soit le fruit d’une conviction plutôt que de sanctions imposées par l’étranger, même s’il ne nie pas que le facteur des sanctions pourrait peser. « Mais ce ne sera pas la solution pour le Liban, celle-ci doit être souveraine par excellence », dit-il.
M. Kanaan raconte par ailleurs avoir eu une longue conversation avec Pierre Duquesne, devenu ambassadeur chargé de la coordination du soutien international au Liban, au cours du déjeuner officiel en l’honneur du président Macron au palais de Baabda cette semaine. « Je lui ai expliqué le travail fourni par la commission des Finances, précisant qu’elle devrait sans nul doute être le fer de lance des réformes au Liban », dit-il.
commentaires (11)
Il se prend vraiment au sérieux ? Mais quelles sont ses compétences, qu'a t il fait à la commission des finances pour empêcher la faillite totale du pays? C’est l’exemple type du politicien libanais doté d’un orgueil démesuré, qui s’emporte comme un volcan chaque fois qu’il est à court d’arguments et qui parade comme un paon alors qu’il n’est qu’un simple pion sur l’échiquier qui ne peut avancer que si on le pousse
Lecteur excédé par la censure
11 h 03, le 06 septembre 2020