C’est hier matin que le secrétaire d’État adjoint américain chargé du Proche-Orient, David Schenker, a quitté le Liban, achevant ainsi une tournée dans la région avec une escale à Beyrouth où il a rencontré quasi exclusivement des représentants de la société civile et des députés démissionnaires. Le commandant en chef de l’armée, le général Joseph Aoun était, rappelons-le, le seul officiel à s’entretenir avec le responsable américain qui a boudé, lors de cette visite, la classe politique. Une omission que le responsable a mis sur le compte de ses priorités qui, a-t-il dit dans un entretien accordé au quotidien an-Nahar sont, pour l’heure, le « peuple libanais ». Certains analystes ont toutefois expliqué ce geste fort visiblement adressé aux leaders politiques comme étant en même temps une manière de laisser le champ libre pendant un laps de temps à l’initiative française, et à la naissance du futur gouvernement que Washington observe de près.
C’est ce qui fera dire à l’un des interlocuteurs qui ont rencontré M. Schenker que « les Américains attendent de voir ce que l’initiative française donnera au Liban. Si Emmanuel Macron réussit, Washington voudrait partager avec Paris la paternité de cette réussite. S’il échoue, il devra en assumer seul les conséquences ». Selon cette source, les échanges que M. Schenker a eus avec les personnalités libanaises qu’il a rencontrées, dont des personnalités chiites hostiles au Hezbollah, ne consistaient aucunement à évoquer les points d’entente ou de divergence entre Paris et Washington, un sujet qui semble préoccuper au plus haut point les analystes libanais, dit-il, mais plutôt le contexte général de la politique de « pacification » qui a actuellement lieu dans la région et qui « se trouve au centre des intérêts américains ».
Une des questions que le responsable américain a posées à ses interlocuteurs libanais dans le cadre d’une sorte de « brainstorming » était de savoir comment, dans le bras de fer qui a actuellement lieu autour du « processus de paix » que parrainent les États-Unis et la normalisation des relations avec Israël, se positionnera le Liban et quels seront les moyens pour faire face à la politique d’obstruction menée par le camp de la Moumanaa, rapporte la source.
La réponse à cette interrogation est venue sur-le-champ de la part du Hezbollah, « qui organisait en même temps une tournée touristique dans Beyrouth à Ismaïl Haniyé ». Arrivé mercredi au Liban pour une visite de quelques jours, le dirigeant du mouvement Hamas s’y trouvait toujours hier. « Les Américains y ont vu un véritable acte de provocation de la part du Hezbollah », commente encore l’interlocuteur.
Les échanges avec certaines personnalités qu’il a rencontrées ont également porté sur la question des sanctions que Washington brandit comme une épée de de Damoclès au-dessus de la tête de la classe politique.
« Un nouveau train de sanctions sera annoncé de manière imminente. Elles ne toucheront pas directement des personnalités de premier rang mais de second rang. L’idée est d’envoyer un message fort à leurs parrains politiques respectifs », assure encore l’interlocuteur.
commentaires (6)
Waw , ils ont été jaloux de Macron et tous viennent au Liban , un petit , grand pays .
Eleni Caridopoulou
20 h 42, le 06 septembre 2020