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Nos Lecteurs ont la Parole

« Aide-nous à appliquer les résolutions 1559, 1680 et 1701 »

Monsieur le Président Macron,

Le Liban est implanté dans le cœur et la conscience des citoyens français. Vous êtes nos amis historiques. Vous avez hissé la bannière des droits de l’homme depuis le XVIIIe siècle.

Désireux de faire sortir le pays du Cèdre de la plus grave crise de son histoire moderne depuis la création du Grand Liban en 1920, proclamée par le général Henri Gouraud sur les escaliers de la Résidence des Pins, nous vous adressons cet appel.

Que veulent les Libanais qui ont occupé les places et les rues depuis le 17 octobre 2019 face à une classe politique complètement indifférente et sourde qui continue de se comporter en totale indifférence et qui vient de nommer un nouveau Premier ministre qui la représente et qui est refusé par la majorité du peuple libanais, étant une reformulation de cette classe politique symbole d’échec et de corruption ?

Que veulent ces Libanais qui ont subi, le 4 août 2020, la plus grande explosion meurtrière depuis les bombes atomiques de Hiroshima et Nagasaki en août 1945 ?

1- Nous voulons d’abord et avant tout la neutralité du Liban. Depuis 1969, nous avons payé le prix fort du fait des conflits de la région proche et moyen-orientale ; nous avons même été la terre d’élection de ces conflits et des ambitions des pays voisins ; nous ne voulons plus être au centre de ces conflits. Nous voulons simplement protéger la sécurité de notre patrie, nos droits légitimes et l’avenir de nos enfants. Nous voulons être le pont culturel entre l’Orient, avec toutes ses diversités religieuses, et l’Occident. Nous voulons être ce centre de dialogue entre les civilisations.

Ce peuple, qui a contribué à la rédaction de la Déclaration des droits de l’homme en 1948, souhaite que son pays soit un modèle de culture et de paix entre les peuples.

En 1978, le regretté Ghassan Tuéni a lancé au Conseil de sécurité des Nations unies « Laissez vivre mon peuple ». Vous avez répondu et la fameuse décision a été prise : la 425. Maintenant, nous vous disons : « Laissez notre peuple vivre. Nous voulons notre neutralité. »

2- Monsieur le Président, nous vous remercions, parce que vous vous êtes rendu sur les lieux de l’explosion, dès que votre avion a atterri, dans Beyrouth blessée et meurtrie avant qu’aucun autre officiel libanais n’ait daigné manifester le moindre geste de compassion envers ses concitoyens; Beyrouth qui a été le théâtre d’un crime contre l’humanité, comme l’a décrit le patriarche Raï. Un crime que la justice libanaise, otage d’une classe politique corrompue, n’a ni la capacité ni la volonté de mener jusqu’à la vérité et que seule une justice internationale, telle la Cour pénale internationale, qui doit être saisie par le biais du Conseil de sécurité conformément à l’article 13 du statut de Rome et sur base de l’article 7(k) de ce statut, peut dire droit et nous donner l’espoir de dévoiler et condamner les responsables.

3- Nous vous demandons, au nom de l’amitié historique entre nos deux peuples, de nous soutenir afin que la communauté internationale nous aide à appliquer les résolutions onusiennes, en particulier les résolutions 1559, 1680 et 1701.

Nous voulons le désarmement complet et immédiat de toutes les factions et milices qui détiennent les armes, qui stockent les munitions et explosifs dans nos villes, nos villages et nos quartiers. Nous voulons ce désarmement afin d’épargner aux Libanais une autre explosion meurtrière comme celle du port de Beyrouth.

Nous vous demandons d’imposer le respect de l’accord d’armistice de 1949. Nous voulons qu’un comité international neutre d’experts aide le Liban à délimiter ses frontières terrestres et maritimes, conformément à l’accord d’armistice et conformément à l’article 40 du chapitre VII de la Charte sur base de laquelle l’accord d’armistice a été fondé.

4- Le peuple libanais attend de la France d’aider le Liban à reconstruire la paix après le conflit. À cet effet, nous implorons :

– La mise en place d’un gouvernement neutre, indépendant des partis et factions qui ont gouverné le pays, un gouvernement compétent en accord avec les grands axes et principes du pacte national libanais et la Constitution libanaise, un gouvernement qui ne soit pas à l’image des gouvernements précédents, un gouvernement dépourvu de ces fameux quotas entre les factions qui ont détruit le pays, un gouvernement doté de pouvoirs exceptionnels pour achever la mise en œuvre de l’accord de Taëf, dont la formation de la commission nationale chargée d’abolir le sectarisme politique, la mise en place du Sénat et d’une loi électorale bien définie.

– D’effectuer les réformes nécessaires pour engager le Liban sur la voie des peuples civilisés, pour retrouver une autorité judiciaire indépendante et libre de l’influence politique ; de préparer l’entrée dans l’Organisation internationale du commerce (OIC), d’adopter toutes les règles internationales et celles convenues aux Nations unies pour lutter contre le terrorisme et prévenir le crime organisé et le blanchiment d’argent, et adhérer aux accords et conventions qui favorisent des régimes sociaux modernes et le travail décent, ainsi que le développement durable. Nous voulons intégrer dans les lois nationales et les plans de réforme les objectifs du développement durable redéfinis en 2015.

5- Nous voulons une conférence de vérité et de réconciliation, à l’instar de ce qui s’est passé en Afrique du Sud, pour que les partis politiques qui se sont succédé au pouvoir reconnaissent la destruction, la dévastation, la corruption et le pillage de nos richesses nationales, qu’ils abandonnent au profit de l’État toutes leurs richesses acquises au pouvoir, qu’ils abandonnent leur siège parlementaire, qu’ils réorganisent leurs partis selon les principes de la Constitution qu’ils ont cessé d’appliquer depuis 1992.

6- Nous nous engageons, en tant que peuple libre, à prendre une part active et utile au mouvement dynamique de l’économie internationale, et de poursuivre l’application des principes du droit international et de la Charte des Nations unies. Notre jeunesse est parmi vous, en France, et contribue au développement et à la prospérité de votre nation.

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

Monsieur le Président Macron, Le Liban est implanté dans le cœur et la conscience des citoyens français. Vous êtes nos amis historiques. Vous avez hissé la bannière des droits de l’homme depuis le XVIIIe siècle.Désireux de faire sortir le pays du Cèdre de la plus grave crise de son histoire moderne depuis la création du Grand Liban en 1920, proclamée par le général...

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