Les anciens chefs de gouvernement libanais Saad Hariri, Fouad Siniora, Najib Mikati et Tammam Salam se sont accordés dimanche sur le nom de l'ambassadeur du Liban en Allemagne, Moustapha Adib, pour le poste de Premier ministre, à la veille des consultations parlementaires contraignantes. Celles-ci auront lieu lundi à partir de 9h au palais présidentiel, soit trois semaines après la démission du cabinet de Hassane Diab, dans la foulée des explosions du 4 août à Beyrouth, dont la population rend responsable la classe politique, taxée d'incompétence et de corruption. Lors de ces consultations, chaque groupe parlementaire devra nommer la personnalité sunnite qu'il souhaite voir former le prochain gouvernement.
"Nous nous sommes accordés sur la nomination de l'ambassadeur Moustapha Adib pour la présidence du gouvernement", a déclaré M. Siniora à l'issue d'une réunion à la Maison du Centre. "Nous espérons qu'il soit désigné avec le plus grand nombre de voix pour former rapidement un gouvernement mettant en oeuvre les réformes", a-t-il ajouté. Et de conclure : "Le but de l'action politique doit être le sauvetage du Liban en assurant tous les ingrédients de la réussite". Le nom de l'ambassadeur du Liban en Allemagne, en poste depuis 2013, avait filtré ces dernières heures.
Avant que l'annonce soit rendue publique, M. Hariri a organisé une visioconférence avec les membres du bloc parlementaire du courant du Futur, la formation politique dont il est le leader, pour les informer de la décision.
Vers un large soutien
Les ténors de la communauté sunnite avaient reproché au Courant patriotique libre et ses alliés chiites, le Hezbollah et le mouvement Amal, d'avoir nommé sans leur consentement Hassane Diab après la démission en octobre 2019 de Saad Hariri sous la pression de la contestation populaire. Cette fois-ci, ils semblent certains d'obtenir l'aval des trois partis, et donc de réunir le nombre de voix nécessaires pour leur candidat.
Selon des sources politiques citées par l'agence Reuters, le Hezbollah et son allié le mouvement Amal vont nommer demain M. Adib pour le poste de Premier ministre.
Des sources du Courant patriotique libre, citées par la chaîne locale LBCI, ont indiqué dans la soirée que la formation s'orientait vers la nomination de M. Adib car elle s'était engagée à soutenir Saad Hariri pour le poste de Premier ministre, avant qu'il ne se désiste. Plus tôt dans la journée, le bloc parlementaire du Liban fort, dont le CPL est la principale composante, avait de nouveau affirmé qu'il faciliterait la formation d'un gouvernement "réformateur, productif et efficace".
De son côté, le bloc de Talal Arslane devrait nommer Moustapha Adib, selon des sources de la formation politique du responsable druze citées par LBCI.
Pour sa part, le bloc parlementaire des Forces libanaises devait se réunir dans la soirée pour prendre position.
Le député indépendant Michel Daher a pour sa part déclaré dans la soirée qu'il n'était pas disposé à nommer une personne qu'il ne "connaît pas".
Qui est Moustapha Adib
Titulaire de diplômes en droit et en sciences politiques en France, M. Adib a débuté sa carrière en 2000 comme professeur de droit public international, notamment à l'Université libanaise et dans d'autres universités en France. En 2004, il devient président du Centre d’études stratégiques pour le Moyen-Orient, au sein duquel il a conduit de nombreuses études dans le domaine politique. Il est président de l’Association libanaise de droit international (ALDI). De 2000 à 2004, il a été directeur de cabinet de Najib Mikati, alors ministre des Travaux Publics. En 2011, il a été directeur de cabinet de M. Mikati au moment de son deuxième mandat à la tête du gouvernement.
Le président français Emmanuel Macron a suivi de près les discussions en cours à Beyrouth selon des responsables libanais, ce que l'Elysée a confirmé dimanche soir, précisant que M. Macron s'était entretenu par téléphone avec "les principaux protagonistes". "Il ne va pas à Beyrouth pour valider un accord entre les partis. Il y va pour obtenir des engagements clairs et opérationnels de leur part dans le cadre du nouveau contrat qu'il a exposé lors de sa précédente visite", a fait savoir la présidence française. "Ses exigences sont claires : un gouvernement de mission, propre, efficace, capable de mettre en oeuvre les réformes nécessaires au Liban et donc de recevoir un soutien international fort", a ajouté l'Elysée, interrogée par Reuters. "Il sera exigeant et attentif à ce que les engagements pris soient tenus de telle manière que les aspirations que les Libanais ont exprimées auprès de lui soient bien prises en compte."
commentaires (13)
Diab n’était pas convié? Ils n’est pas "ancien premier ministre"? Ou il ne fait pas partie de votre "élite" (avec un "e" minuscule)?
Gros Gnon
13 h 47, le 31 août 2020