Alors que le Liban entame un cinquième jour de bouclage du pays pour tenter d'enrayer la propagation du coronavirus, le Dr. Firas Abiad, directeur de l'hôpital gouvernemental Rafic Hariri de Beyrouth, qui est en première ligne dans la lutte contre le Covid-19, s'insurge contre cette fermeture du pays, tout en appelant à plus d'efforts de toute part pour reprendre le contrôle de la situation.
Le Dr. Abiad, qui regrette que les Libanais aient à "choisir entre la faim et la maladie", se fait ainsi l'écho des commerçants qui, déjà frappés par la crise financière depuis un an et les explosions du 4 août à Beyrouth, entendent s'insurger mercredi contre la fermeture de leurs commerces jusqu'au 7 septembre.
"Et après ?"
"Le Liban continue d'enregistrer un très haut nombre de cas quotidiens de Covid-19. Plus de 10% des tests effectués sont positifs. La moyenne des décès hebdomadaires au Liban est plus élevée que la moyenne mondiale. Les lits dédiés aux patients atteints du Covid-19 sont presque saturés. Mais le bouclage partiel qui a débuté il y a quatre jours est clairement impopulaire. Et après ?", s'interroge le Dr. Abiad dans une série de tweets. "Des personnes normales qui connaissent une crise financière inédite, une pandémie qui n'arrive qu'une fois tous les siècles, et la plus grande explosion non-nucléaire de l'Histoire moderne ... Les Libanais en ont assez. On ne doit pas leur demander de choisir entre la maladie et la faim (...)", s'insurge le médecin. "Pouvons-nous trouver un juste milieu ? Cela va nécessiter trois facteurs : les autorités, les commerces et la communauté, pour que tous améliorent leurs performances. Ce n'est pas rien. Entre temps, il faut rester positif, concentré et s'accrocher. La roue va sûrement tourner", conclut le directeur de l'hôpital Rafic Hariri.
Un nouveau confinement a été déclaré le 21 août et s'étendra jusqu'au 7 septembre. Il a pour objectif de lutter contre la propagation du Covid-19, alors que les autorités sanitaires semblent avoir perdu le contrôle de la situation, notamment depuis les explosions meurtrières du 4 août à Beyrouth. Le bouclage du pays ne concerne pas les quartiers sinistrés. Il est assorti d'un couvre-feu quotidien de 18h à 6h. L'aéroport international de Beyrouth reste de son côté ouvert.
Les sociétés privées et commerciales, les magasins, les centres commerciaux et les marchés populaires, les restaurants, les cafés et les boîtes de nuit, les corniches maritimes, les centres touristiques, les terrains et les clubs de sport, les piscines, les parcs d'attraction et les salles de jeu électroniques sont fermés durant cette période. Les rassemblements et les événements sociaux sont également interdits. Pour les restaurants, seuls les services de livraison à domicile et les commandes de plats à emporter sont autorisés entre 6h et 17h. Les banques, elles, restent ouvertes. Les bureaux de change, ainsi que les employés des deux opérateurs de téléphonie mobile, Alfa et Touch, ont été exemptés de ces mesures. L'exemption concerne aussi les sociétés acheminant du matériel de réparation pour les habitations endommagées (carrelage, peinture, matériel sanitaire, électroménager...). Par ailleurs, les librairies peuvent ouvrir de 6h à 17h.
Lundi, le président de l’Association des commerçants de Beyrouth (ACB), Nicolas Chammas, a annoncé que les commerces souhaitent rouvrir dès mercredi, qualifiant d'"injustes pour le secteur commercial" les mesures de fermeture des magasins prévues dans le cadre du bouclage partiel du pays. Cette demande a d’ailleurs été entendue par le ministre démissionnaire de l’Intérieur, Mohammad Fahmi, qui a exprimé sa volonté de l’appliquer "à condition de respecter l’ensemble des mesures sanitaires".
commentaires (4)
Il faut responsabiliser au maximum les communautés et les municipalités, car les forces de l'ordre ne peuvent pas être partout. Les fermeture des secteurs est inutile et impossible à continuer.
Esber
18 h 19, le 25 août 2020