Le mufti jaafarite, le cheikh Ahmad Kabalan, a déclaré jeudi que les explosions dans le port de Beyrouth, qui ont fait plus de 180 morts et dévasté la capitale libanaise, sont "la preuve de l'échec du système actuel", appelant à la mise en place d'un nouveau système qui "réviserait ou compléterait" l'accord de Taëf signé en 1989.
"Le cœur de la légitimité de la nation et des autorités est l'humain. Pas le fait de se tourner vers l'est ou l'ouest, mais uniquement les intérêts humains et pour cette cause, il ne peut y avoir de neutralité", a déclaré le mufti chiite lors d'un discours prononcé à l'occasion du Nouvel an de l'Hégire. "Le pays doit faire face à la corruption, à l'occupation et au chaos dans la région", a-t-il soulevé, affirmant que, dans ces conditions, le système politique libanais actuel "est incapable de respecter les droits des citoyens et inapte à gouverner". "Les conditions dans lesquelles le confessionnalisme a été mis en place en 1920 ont disparu, l'équation a changé, ce qui oblige le Liban à changer lui aussi et à mettre en place un nouveau système politique", a encore estimé le cheikh Ahmad Kabalan. Il a dans ce cadre appelé à la création d'un système "qui complète ou amende" l'accord de Taëf, qui avait été avalisé en 1989 pour mettre fin à quinze ans de guerre civile.
"Les explosions dans le port de Beyrouth sont la preuve de l'échec de ce système", a encore déclaré le dignitaire, qui a exhorté à la déclaration d'un Etat civil et de droit.
L'accord de Taëf est considéré par la majorité de la classe politique comme un acte fondateur. S'il est régulièrement rappelé dans les discours politiques, les réformes fondamentales qu'il prévoit, comme la dissolution de toutes les milices et la remise de leurs armes à l’État libanais ou l'abolition du confessionnalisme politique, n'ont toujours pas vu le jour.
Début juin, le mufti jaafarite avait déjà provoqué un tollé avec des propos sur la mort de la formule libanaise, et avec elle, la Constitution "corrompue" de Taëf. Deux semaines plus tard, il avait atténué son discours, tout en restant convaincu que la formule libanaise, telle que façonnée par Taëf, n’est plus viable.
Par ailleurs, le dignitaire chiite a appelé à la formation rapide d'un gouvernement d'union nationale qui ne soit pas rattaché aux "consulats et ambassades" étrangers.
Concernant la formation du gouvernement, le chef de l'Etat, Michel Aoun, s'est prononcé jeudi en faveur de la présence au sein de la future équipe de représentants du soulèvement populaire. "J'appelle et je souhaite la participation de personnes compétentes qui représentent la voix de la rue révoltée dans le nouveau gouvernement", a écrit le président Aoun sur son compte Twitter personnel.
M. Aoun, doit toujours convoquer les consultations parlementaires contraignantes, près de dix jours après la démission du cabinet de Hassan Diab, à la suite des explosions du 4 août, qui ont fait plus de 180 victimes selon un bilan encore provisoire, des milliers de blessés et dévasté des pans entiers de la capitale.
commentaires (18)
On répondra en tant que libanais patriotiques qu’il n’est jamais trop tard pour changer d’avis et se ranger dans les rangs des patriotes. Si cela était arrivé en 1975, ni syriens, ni palestiniens ni iraniens n’auraient eu le droit ne serait ce que de fouler notre sol pour l’éternité. Ils ont profité de votre ambiguïté pour l’utiliser contre vous. Espérons que ce sursaut est durable et qu’à la première occasion vous ne changerez pas de discours pour prêcher la supériorité des uns ou les faiblesses des autres car seul le Liban est grand malgré sa taille et doit primer sur tous les autres critères puisque c’est notre pays à tous et si nous tenons à son existence et à la nôtre par la même occasion puisque ça va de paire, nous devons nous unir et mettre dehors tous ses ennemis, hier avant demain. Bravo Messieurs, il est temps de reprendre votre rôle de prêcheurs de paix et d’union, rôle qui vous a été subtilisé pendant longtemps le Liban est cerné et en souffrance et c’est à nous tous de le sauver car sans nation il n’y a pas de peuple, et vice versa.
Sissi zayyat
19 h 47, le 21 août 2020