
Le nouveau ministre des AE, Charbel Wehbé, dans une première photo « officielle ». Photo fournie par notre correspondante Hoda Chedid
L’ancien diplomate Charbel Wehbé, conseiller du président de la République Michel Aoun pour les Affaires diplomatiques, donc un proche du chef de l’État, a été nommé hier après-midi au poste de ministre des Affaires étrangères, succédant ainsi à Nassif Hitti qui avait présenté sa démission dans la matinée. Une nomination d’une rapidité record au Liban, puisqu’elle est survenue quelques heures seulement après la démission de son prédécesseur.
Le décret de la démission de M. Hitti et celui de la nomination de M. Wehbé ont été signés peu après 16 heures par le chef de l’État et le Premier ministre Hassane Diab, qui se sont entretenus au palais de Baabda. M. Diab a quitté le palais de Baabda sans faire de déclaration à la presse.
Né à Aqoura (caza de Jbeil) en 1953, Charbel Wehbé, qui parle l’arabe, le français et l’anglais, est titulaire de deux diplômes de droit de l’Université libanaise et de l’Université La Sagesse. Après avoir occupé plusieurs postes dans les ambassades du Liban au Caire, à La Haye, à Berlin et à Toronto, il a été consul général à Montréal de 1995 à 2000, puis à Los Angeles de 2002 à 2007, avant d’être nommé ambassadeur au Venezuela de 2007 à 2012. Il a ensuite occupé les fonctions de directeur des affaires politiques de 2012 à 2017, et de secrétaire général par intérim du ministère des Affaires étrangères, de février à juillet 2017, lorsque le leader du Courant patriotique libre fondé par le président Aoun, Gebran Bassil, était le chef de la diplomatie. Après avoir pris sa retraite du service diplomatique au sein duquel il a servi pendant 42 ans, il avait été nommé conseiller diplomatique auprès du chef de l’État à Baabda en octobre 2017.
Dans la journée, le secrétaire général du palais Bustros actuellement en poste, Hani Chmaytelli, avait déclaré que le nom de Charbel Wehbé avait déjà été évoqué au moment de la formation du gouvernement Diab.
Un État « failli »
Auparavant, en matinée, M. Hitti avait donc présenté sa démission, qui était attendue depuis la veille. Tous les efforts pour le dissuader d’une telle démarche, relayés par la presse, sont restés sans suite. Dans un communiqué publié peu après la remise de sa démission et distribué aux médias, Nassif Hitti indique les raisons de son départ et dresse un tableau sombre du Liban actuel.
« Qu’il est difficile de choisir entre agir et renoncer d’être au service de la nation, même si la possibilité de réaliser des choses dans un système plein de défis existentiels et qui manque de bonne volonté est faible », reconnaît le ministre.
« J’ai porté de grands espoirs dans le changement et la réforme, mais la réalité a fait avorter l’espoir en des débuts prometteurs (...) », a-t-il déploré, assurant n’avoir fait aucun « compromis » au profit d’un pouvoir quelconque.
Pour Nassif Hitti, « le Liban d’aujourd’hui n’est pas le Liban que nous avons aimé et voulu comme un phare et un exemple. Le Liban d’aujourd’hui se transforme en un État failli, et je me demande, comme beaucoup de personnes, à quel point nous avons manqué à notre responsabilité de protéger cette nation (...) », ajoute-t-il.
« Après réflexion, et dans l’impossibilité d’exercer mes responsabilités dans ces circonstances historiques et existentielles, et en l’absence de vision pour le Liban libre, indépendant (...) auquel je crois, ainsi qu’en l’absence d’une volonté efficace de mener des réformes structurelles globales réclamées par notre société et par la communauté internationale, j’ai décidé de démissionner de mes fonctions », explique Nassif Hitti. Il affirme ensuite « souhaiter que le gouvernement et ceux qui sont responsables de la gestion de l’État remettent en question de nombreuses politiques et pratiques afin de donner la priorité aux citoyens et à la nation au-dessus de toute autre considération (...) ».
Il conclut : « Pour la construction de l’État, il faut des cerveaux et une vision claire, ainsi que des intentions sincères et une culture des institutions, une souveraineté de l’État de droit, de même que la reddition des comptes et la transparence. »
Je me demande quand le réveil sonnera? Quand cette léthargie profonde finira? Quand mes chers compatriotes finiront par décider qu’assez c’est assez? Le monde stupéfait ne reconnaît plus la force de caractère des vaillants Libanais fiers de ce magnifique Liban Je pleure mon Liban et je crois que je ne suis pas le seul Un vieux Libanais loin de ce qui fut sa patrie
17 h 50, le 04 août 2020