Plusieurs marches et sit-in de colère et de contestation ont été organisés ce samedi à Beyrouth et dans d'autres régions contre le pouvoir, la situation économique qui s'aggrave de jour en jour, et contre les rationnements de l'électricité et du mazout.
Dans la capitale, plusieurs centaines de contestataires ont organisé une marche partie de la place Riad Solh, dans le centre-ville de Beyrouth, en direction du siège de la Banque du Liban (BDL) à Hamra, en passant par le siège de l'Association des banques du Liban (ABL) et le ministère des Finances. Ces manifestants, dont certains brandissaient des drapeaux libanais, ont scandé les slogans traditionnels de la contestation, dénonçant la situation économique du pays, et lançant des appels à la démission du gouvernement, à l'organisation d'élections législatives anticipées et à la désobéissance civile.
Des sit-in ont également été organisés dans d'autres régions du pays.
A Baalbeck (Békaa), la contestation a organisé un convoi de véhicules qui s'est rendu devant le site archéologique de la vile pour protester contre la situation dans le pays.
Plus tôt dans la journée, des propriétaires de stations-service et de générateurs privés et des représentants de sociétés de distribution du carburant ont manifesté dans la localité contre le rationnement des produits pétroliers dans cette région, et notamment du mazout.
A Tripoli, capitale du Liban-Nord et l'une des places fortes de la contestation, une marche a été organisée pour réclamer le droit des citoyens au travail et à l'éducation, la restitution des fonds volés, et la reddition des comptes des corrompus, rapporte l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). Les manifestants ont également réclamé une régulation du taux de change entre le dollar et la livre libanaise, et dénoncé l'avidité des commerçants.
A Nabatiyé (Liban-Sud), deux sit-in ont été organisés contre le rationnement "extrême" du courant électrique et les politiques économiques et financières de la BDL. Devant le siège local d'Electricité du Liban, les contestataires se sont entretenus avec son directeur qui a affirmé, selon un porte-parole du mouvement de la contestation de la ville, que l'électricité reviendra rapidement à la normale. Devant la branche locale de la BDL, des protestataires du "Rassemblement des jeunes arabes" ont brûlé des photos du gouverneur Riad Salamé. "Non à la famine", ont-ils scandé, appelant les manifestants de tout le pays à "resserrer leurs rangs et à s'opposer à certaines cibles qui ont causé la faillite du pays".
Le Liban vit la pire crise économique de son histoire, aggravée par la pandémie mondiale de Covid-19 et un contexte politique délicat exacerbé par les tensions entre le Hezbollah et les Etats-Unis. Ces derniers mois, des dizaines de milliers de Libanais ont été licenciés ou ont subi des coupes salariales. La monnaie nationale est en chute libre, de même que le pouvoir d'achat. Et les épargnants n'ont pas libre accès à leur argent, les banques ayant imposé des restrictions draconiennes sur les retraits et les transferts à l'étranger à cause de la pénurie du dollar. Les dirigeants libanais eux-mêmes sont accusés de profiter d'un système gangrené par le clientélisme et la corruption. Dans ce contexte de crise, des pénuries de mazout ont provoqué un rationnement sévère du courant dans tout le pays.
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LA LIBRE EXPRESSION
15 h 52, le 12 juillet 2020