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Nos Lecteurs ont la Parole

Où que j’aille dans ce monde...

À mon pays le Liban, où que j’aille dans ce monde, je suis et serai toujours fière de porter ton nom, de le crier haut et fort. Où que j’aille dans ce monde, j’ai ce rôle de te faire connaître, de te faire rayonner malgré tout. De briser les stigmatisations à ton égard. De leur faire goûter ta cuisine, en leur ramenant au retour de chaque voyage les « be2lewa » de l’aéroport. De leur apprendre les « khalas », « yalla », « sahtein » qu’ils savent maintenant utiliser. De leur faire écouter ta musique en leur jouant les airs de Feyrouz. De les initier à la danse du ventre et la dabké. De les inciter à venir passer leurs vacances d’été chez toi, car ce sera sans doute les plus belles de leur vie. De leur expliquer la complexité de ton système. Que si tu es chrétien, tu ne peux pas être Premier ministre, et que si tu es musulman, tu ne peux pas être président. Mais ils ont du mal à y croire. C’est trop compliqué.

Où que j’aille dans ce monde, ils sont souvent surpris. Surpris de cette sociabilité, gentillesse, insouciance et résilience de ton peuple qui souffre tant. Surpris de cette générosité. Que « généreux » ne va pas de pair avec « riche ». Surpris de cette ouverture d’esprit. Un pays oriental mais occidentalisé. Surpris de cette capacité d’intégration et d’adaptation. Car nous avons su nous adapter au pire. Surpris de cet accent chantant, qui ne ressemble à aucun autre. Cet accent que je ne changerais pour rien au monde, c’est mon identité. Surpris des trois langues parlées en une seule phrase. Ces trois langues que nous maîtrisons depuis notre plus jeune âge. Surpris de cette diaspora, l’une des plus grandes du monde : « Mais ils sont partout ces Libanais ! » s’exclament-ils. Et oui, j’observe un tas d’enfants de parents ayant fui la guerre civile, et qui connaissent aujourd’hui à peine ta langue. Qui t’ont visité une fois ou deux.

Je lui demande « Tu es libanais ? ». « Oui ! » me répond-il. Et là, directement un lien se crée. Un lien de complicité, de solidarité et d’entraide.

Mais alors, pourquoi je t’ai quitté ? Simplement parce que tu ne m’as pas donné les opportunités que je mérite. Et que des milliers de jeunes méritent. Parce que je suffoquais des odeurs de tes déchets. Tes déchets brûlés dans les incinérateurs ou jetés dans les eaux de ta mer, tes fleuves et tes rivières, et qui causent le cancer à tes citoyens. Parce que je perdais espoir : toi mon cadeau de par ta culture, tes paysages, ton peuple, ta nourriture, ton climat, ta festivité, ton sens de la famille et des amis, nous n’avons pas su prendre soin de toi. Je dis « nous », car seuls nous sommes coupables de ton crime en votant pour ces dirigeants. Ces dirigeants corrompus, toujours les mêmes depuis 30 ans, avides de gloire et de pouvoir, et ne cessant pas de séparer ton peuple au nom du communautarisme.


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

À mon pays le Liban, où que j’aille dans ce monde, je suis et serai toujours fière de porter ton nom, de le crier haut et fort. Où que j’aille dans ce monde, j’ai ce rôle de te faire connaître, de te faire rayonner malgré tout. De briser les stigmatisations à ton égard. De leur faire goûter ta cuisine, en leur ramenant au retour de chaque voyage les « be2lewa » de...

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