
« Lorsque l’on sait que les déchets organiques constituent à peu près 40 à 60 % de la totalité des déchets au Liban, et que ceux rejetés, entre autres, par la décharge de Tripoli représentent 48 % de la totalité de ces déchets, on réalise l’ampleur du problème », lance tout de go Yasmine Jabali, maître de conférences à l’Université de Balamand, docteure en chimie analytique et chimie de l’environnement. La chercheuse est avec Reine Metlej, maîtrise en génie civil et environnemental de Balamand, derrière le projet Biowayste, l’unique projet libanais finaliste du concours mondial « Campus 2030 : imagine l’université durable de demain », organisé par l’AUF, l’ONU, l’Unesco et la start-up française spécialisée dans l’organisation d’innovation ouverte et hackathons Agorize, et qui a rassemblé plus de 1 000 participants de 97 nationalités. Face à la gestion problématique des déchets au Liban, les deux Libanaises ont conçu un système « clos, décentralisé, peu coûteux et qui ne nécessite pas une implication de technologie très difficile » pour produire à partir des déchets organiques, comme les déchets alimentaires, du biogaz et de l’engrais bio. « Le biogaz généré peut être utilisé pour produire de l’électricité et de la chaleur ou comme substitut au gaz naturel. L’engrais bio, lui, pourra être utilisé comme alternative à l’engrais organique pour faire pousser des plantes plus saines », ajoute Yasmine Jabali.
L’idée des deux jeunes Libanaises décroche au mois de mars le premier prix à la Compétition internationale d’idées entrepreneuriales innovantes dans les énergies renouvelables/environnement initiée par le centre culturel de Don Bosco, Vides Italy et l’université Polythechnique de Milan, ce qui leur permet d’obtenir les fonds nécessaires pour la développer et lancer leur projet Biowayste.
Revenant sur la sélection de Biowayste parmi les finalistes du concours mondial « Campus 2030 : imagine l’université durable de demain », Jabali explique : « Le projet a été choisi parce qu’il aborde le sujet de développement durable dans différentes dimensions telles que les connaissances, l’équipement et la consommation d’énergie tout en minimisant les effets socio-économiques et environnementaux négatifs. »
Le processus conçu par Jabali et Metlej est divisé en quatre étapes. En premier, le système est activé en remplissant la chambre de digestion avec du fumier animal ou des graines de bactéries anaérobies et de l’eau. Les déchets alimentaires sont par la suite versés à l’intérieur du digesteur où, en l’absence d’oxygène, les bactéries décomposent les déchets par des réactions de dégradation naturelle, « libérant du biogaz qui sera filtré et stocké dans le sac de collecte de gaz pour être consommé plus tard comme énergie verte ».
Sensibiliser la communauté universitaire
Considérant que l’université est « le lieu de partage idéal pour la connaissance, l’expertise dans tous les domaines de recherche humaine, et le lieu qui façonne le caractère et la vie des jeunes adultes d’une manière positive », c’est donc vers cet environnement que les deux jeunes finalistes libanaises ont entamé leur campagne de sensibilisation sur l’importance de la réduction des déchets et leur valorisation. « Si le but de Biowayste est de proposer des stratégies et des solutions à la transformation des déchets organiques au Liban, nous cherchons surtout à sensibiliser les jeunes et la société, à adopter un comportement plus respectueux de l’environnement en réduisant la quantité des déchets, et surtout en les incitant à la consommation intelligente de l’énergie », précise Yasmine Jabali qui a supervisé le Laboratoire de génie environnemental (EEL) de l’Université de Balamand de 2010 à 2019. Et de rappeler : « Partout dans le monde, les sociétés sont face à un défi de taille, à savoir repenser leur modèle afin de produire des énergies plus propres et plus durables. Au Liban, nous en sommes encore au stade de sensibilisation et d’éveil auprès des divers éléments de la société : municipalités, restaurants, universités… Des actions qui trouvent un écho très positif auprès des parties concernées. »
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Merci pour cet article qui nous a permis de rencontrer les créatrices de cette start-up. Un projet que nous appuierons pour assurer la production électrique de notre cimetière de Sodeco et se désengager d'approvisionnements compliqués en diesel.
Eglise Protestante Française au Liban
13 h 12, le 02 juillet 2020