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Nos Lecteurs ont la Parole

La grande bouffe

Non, Monsieur le Président du Parlement, non, Messieurs les responsables de tous bords, vos réunions et vos agapes ne peuvent plus nous intéresser. Pas plus que vos futiles antiennes sur l’entente nationale, sur les réformes ou sur la corruption. Toutes irréversiblement érodées. Définitivement corrodées.

Alors que vous êtes restés figés dans des postures d’un temps passé que l’on ne veut plus revivre, le peuple, lui, avance. Il ne vous attend plus.

Après avoir assisté abattus et immobiles aux manigances politiciennes vous permettant de vous perpétuer inlassablement et cyniquement, les Libanais ont, en un certain glorieux 17 octobre 2019, décidé de renverser la table, dressée durant plus de trois décennies pour assouvir votre faim de pouvoir et de moyens.

Et c’est cette même table, ronde pour la nouvelle occasion, que vous cherchez hâtivement à redresser aujourd’hui pour continuer à vous servir de ce qui reste encore du consistant plat qu’a toujours représenté pour vous l’État libanais.

Mais n’avez-vous pas vu les foules, pas lu les nouvelles, pas entendu la clameur de la rue qui ne faiblit point depuis l’automne dernier ? Ce qui se passe autour de vous est inédit dans l’histoire contemporaine du Liban. Et vous ne pouvez l’admettre.

Du haut de vos tours d’ivoire, n’avez-vous pas remarqué que ce plat, autrefois consistant, est désormais frugal ? Que le docile et doux agneau libanais au menu est aujourd’hui famélique et décharné ?

L’arrogance et le mépris avec lesquels, d’un revers de main, vous avez balayé les justes demandes des Libanais, révoltés par tant de misère, d’incompétence et de corruption, rendent le spectacle de vos rencontres au sommet et de vos messages télévisés précipités difficilement supportable.

Soudainement saisis de peur devant un probable chamboulement politique, massivement réclamé par des milliers de protestataires rassemblés dans tous les villes et villages du pays, vous avez tremblé. Vous êtes restés, un temps, paralysés, mais voilà que vous reprenez du poil de la bête et que vous vous revoyez dans vos cossues demeures, cherchant, par tous les moyens, la meilleure façon de nous étouffer pour reprendre l’initiative et pérenniser votre hold-up du pays et de ses richesses restantes.

Si nous avons longtemps tu nos griefs et nos ressentiments à votre égard, ne croyez pas que vos prétendues bonnes intentions naissantes peuvent aujourd’hui encore nous tromper.

Messieurs les chefs tribaux et communautaires, réunissez-vous autant que vous le souhaitez ; mais sachez que nous ne vous aimerons jamais puisque vous ne nous avez jamais aimés.

Et sachez surtout que la grande bouffe est terminée.

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

Non, Monsieur le Président du Parlement, non, Messieurs les responsables de tous bords, vos réunions et vos agapes ne peuvent plus nous intéresser. Pas plus que vos futiles antiennes sur l’entente nationale, sur les réformes ou sur la corruption. Toutes irréversiblement érodées. Définitivement corrodées. Alors que vous êtes restés figés dans des postures d’un temps...

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