Injections et déjections

À force de leur faire miroiter des « injections » de dollars, Hassane Diab aura amené les Libanais à plonger dans des rêves improbables. Tout clampin lambda qui s’approche maintenant d’un distributeur de billets est pris d’hallucinations devant un hologramme du Premier ministre, grosse seringue à la main, poussant le piston de l’engin pour inoculer son jus de billets verts dans une fente arrière de la machine, aménagée pour l’occasion.

Mais comment peut-on bourrer le mou des gens à ce point, en usant d’une ficelle aussi grosse qu’un câble transatlantique ? Cela valait bien la peine d’être bardé de diplômes, pour venir vendre aux niaiseux l’idée qu’en faisant pleuvoir des dollars sur une économie saturée de déjections, on pourrait berner la loi du marché ! Quelqu’un pourrait-il expliquer à Sinistro Diab que ce n’est pas une injection de dollars qu’il faut, mais un déversoir de réformes ? Et que ces réformes, fallait les engager il y a 4 mois, au lieu de mouliner des luttes épiques contre un coup d’État fictif ou un attentat bidon visant un aéroport fermé ! Le brave homme serait autrement mieux inspiré d’aller injecter ses billets verts directement chez les frérots syriens, il perdrait moins de temps pour un résultat identique.

« Je ne suis pas et ne serai jamais l’un d’entre eux », qu’il bêlait l’autre jour devant des journalistes potiches en extase qui buvaient ses paroles. Il a tout à fait raison. Il est bien pire !

Autre personnage, autre canular : l’Homo barbudens du Hezbollah, qui nous a resservi au cours de son dernier coucou télévisé son éternelle soupe irano-chinoise. Passe encore qu’il tente de nous fourguer le mirage de mollahs persans, croulant sous les sanctions et acceptant de nous fournir courant et carburant en échange de billets Monopoly. Mais ameuter des dizaines de milliers d’ouvriers chinois avec leurs machines, leurs produits, et jusqu’à leur bol de riz, des Chinois qui snoberont les entreprises locales, n’achèteront rien et boufferont moins que rien… Tout ça pour construire peut-être une autoroute reliant Nabatiyé à Antélias ou Tripoli au mont Barouk, à l’heure où la population crève la dalle et n’a plus que l’impôt sur les os. Sacré Hassan ! Son bobard chinetoque était son meilleur coup d’archer, et il l’a tiré pour, dit-il, éloigner le Liban des instances internationales et préserver l’honneur de la nation.

Il est vrai qu’au bout d’une quinzaine de réunions avec les gougnafiers du gouvernement, en matière d’honneur, le FMI hésite entre le doigt et le bras.