Rechercher
Rechercher

Nos Lecteurs ont la Parole

Liban : fin d’un chapitre ?

Depuis mon enfance, dans un Liban déchiré par la guerre civile, j’avais souvent entendu des détracteurs de ce qu’on appelait « le maronitisme politique ». On reprochait aux maronites, communauté chrétienne à l’origine de la création du Liban moderne, d’avoir accaparé le pouvoir, empêché les autres communautés de prospérer, d’être vendus à l’Occident et même d’être responsables du chaos de la guerre civile.

Beaucoup de Libanais étaient convaincus par leurs leaders communautaires respectifs que tous leurs malheurs venaient de ce système injuste où le président chrétien et maronite faisait la pluie et le beau temps au mépris des autres communautés ou des grandes causes arabes. La guerre civile qui s’ensuivit ne cessa en 1990 que lorsque les maronites renoncèrent au régime présidentiel et acceptèrent de partager le gâteau libanais avec deux autres leaders, principalement les chiites et les sunnites.

Force est de constater aujourd’hui, trente ans après cet accord, que ce petit gâteau qui avait prospéré de 1920 à 1975, souffert entre 1975 et 1990, a désormais totalement disparu, tout comme la valeur de sa monnaie nationale et son système bancaire, dernier bastion du Liban d’avant. Nous voyons désormais un pays exsangue, oblitéré par trente ans de corruption généralisée et de concupiscences. Car si le Liban d’avant 1975 était aussi corrompu, fragile et très imparfait, le maronitisme politique, par le fait qu’un seul homme élu tous les six ans, tenait les rênes du carrelage, avait au moins réussi à créer un pays civilisé, avec des infrastructures, une économie de services, une balance de paiement excédentaire, une terre à l’abri des guerres et des révolutions, si nombreuses dans la région.

Les communautés qui crachaient sur ce système et ses injustices avérées ou fantasmées ne se doutaient peut-être pas que le Liban d’après-guerre, celui du consensus intercommunautaire et du partage des pouvoirs, serait bien pire, détruit par le manque béant de leadership, l’avidité des caïds de tous bords (maronites, sunnites, chiites ou autres) ou les adeptes de la loi du plus fort dictée par l’Iran. Et que le pays du Cèdre livré à ses pires hyènes de toutes les communautés vaudrait désormais bien moins que celui où une seule confession accaparait le pouvoir.

Alors, me direz-vous, quel doit être le nouveau Liban ? Fédéralisme? Laïcité ? Ou un mélange des deux ? Ou serait-ce la fin cette fois ? La civilisation levantine vivrait-elle ses derniers instants ? Les pages du prochain chapitre sont aussi blanches que les sommets hivernaux de nos montagnes. Au moins elles restent là, belles et encore debout, malgré tout.


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

Depuis mon enfance, dans un Liban déchiré par la guerre civile, j’avais souvent entendu des détracteurs de ce qu’on appelait « le maronitisme politique ». On reprochait aux maronites, communauté chrétienne à l’origine de la création du Liban moderne, d’avoir accaparé le pouvoir, empêché les autres communautés de prospérer, d’être vendus à l’Occident et même...
commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut