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Société - Contestation

À Tripoli, une mobilisation « pas si spontanée »

Pour la première fois, des partisans de la mouvance du 8 Mars ont participé aux manifestations de jeudi soir.

À Tripoli, une mobilisation « pas si spontanée »

Des manifestants à Tripoli ont brûlé des pneus, hier dans l’après-midi. Photo Fouad Idriss

À Tripoli, haut lieu de la contestation depuis le déclenchement du soulèvement populaire en octobre dernier, les protestations ont repris hier de plus belle, alimentées par les informations selon lesquelles la livre libanaise poursuit sa dégringolade, s’échangeant à 7 000 LL contre un dollar. Sauf que des manifestants d’un genre nouveau se sont joints aux protestataires qui se sont rassemblés jeudi soir au cœur de la capitale du Liban-Nord, conspuant le pouvoir et tentant de bloquer les rues qui mènent à la place Abdel Hamid Karamé, selon des témoins. Les protestataires n’ont pas épargné les banques de la ville, cibles d’actes de vandalisme. Après avoir échoué à prendre d’assaut le siège de la Banque du Liban à Tripoli, les manifestants ont fini par mettre le feu au bâtiment.

L'édito de Issa GORAIEB

... Et de trois !

Joint au téléphone par L’Orient-Le Jour, Fouad Idriss, fondateur du groupe Hajar w Bachar, affirme que les rassemblements qui se sont déroulés au même moment à Beyrouth et à Tripoli présentaient des similitudes. « Si les partisans du tandem chiite ont déferlé hier dans les rues de Beyrouth côte à côte avec les révolutionnaires, à Tripoli, ce sont les partisans de Fayçal Karamé, de la mouvance du 8 Mars, qui ont fait leur entrée solennelle dans les rues en ébullition », explique M. Idriss.

Les rassemblements, en fin d’après-midi hier, sur la place Abdel Hamid Karamé. Photo Omar Abiad

Pour l’activiste tripolitain, les événements du 11 juin n’ont rien à voir avec la contestation populaire du 17 octobre. « La chute libre et drastique de la livre libanaise contre le dollar en moins de 24 heures, frôlant les 7 000 LL contre un dollar, n’est pas innocente » et aurait été provoquée sciemment pour pousser les gens dans la rue. Selon M. Idriss, c’est la mouvance du 8 Mars qui a occupé la rue jeudi à Tripoli comme ailleurs. « Nous n’avons qu’à attendre pour voir s’il s’agit uniquement de menacer Riad Salamé (le gouverneur de la Banque du Liban) ou si les partis du 8 Mars entendent réellement faire pression dans la rue pour aboutir à son limogeage », ajoute-t-il. Omar Abiad, activiste et membre du groupe Machrouh Balad, abonde dans le même sens : « Les rassemblements de jeudi soir ne sont pas spontanés », assure-t-il. Pour M. Abiad, un grand nombre de Tripolitains ont participé hier aux protestations à cause de l’appauvrissement et la peur du lendemain. « Cependant, cela n’empêche pas que les rassemblements soient orchestrés par des partis politiques qui se servent de la contestation à des fins partisanes », nuance-t-il.

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De son côté, Abou Mahmoud Chok, président du groupe Horras al-Madina, dit être heureux de voir les gens regagner les rues, mais il se veut prudent vis-à-vis de la participation soudaine et suspecte des partisans politiques, notamment ceux du tandem chiite dans les autres régions. « Samedi dernier, ces mêmes personnes scandaient des slogans sectaires et insultaient des figures religieuses sunnites et chrétiennes alors qu’hier, ils se revendiquaient de la contestation et criaient des slogans contre le communautarisme », dit-il. « Il est clair que le tandem chiite et ses alliés veulent profiter de la contestation pour se débarrasser de Riad Salamé ou même du Premier ministre Hassane Diab », conclut-il.

Les rassemblements, en fin d’après-midi hier, sur la place Abdel Hamid Karamé. Photo Omar Abiad

Dans la deuxième ville du Liban, baptisée la « fiancée de la révolution », la grande majorité des activistes qui n’ont pas quitté la place Abdel Hamid Karamé pendant des mois assurent que les lendemains sont incertains.

« Nous ne savons pas quelle forme prendra la contestation dorénavant », lance Abou Mahmoud Chok. Selon le président de Horras al-Madina, une réunion devait avoir lieu hier soir à Tripoli entre les principaux groupes et acteurs de la révolution, avec pour objectif l’élaboration d’une stratégie pour organiser la contestation dans les jours à venir. Entre-temps, la rue reste en ébullition jusqu’à nouvel ordre.

À Tripoli, haut lieu de la contestation depuis le déclenchement du soulèvement populaire en octobre dernier, les protestations ont repris hier de plus belle, alimentées par les informations selon lesquelles la livre libanaise poursuit sa dégringolade, s’échangeant à 7 000 LL contre un dollar. Sauf que des manifestants d’un genre nouveau se sont joints aux protestataires qui se...

commentaires (2)

La révolution???? Ou des foules contraires qui portent en elles une guerre civile?

Beauchard Jacques

11 h 04, le 13 juin 2020

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Commentaires (2)

  • La révolution???? Ou des foules contraires qui portent en elles une guerre civile?

    Beauchard Jacques

    11 h 04, le 13 juin 2020

  • TRIPOLI EST LE BERCEAU DE LA CONTESTATION QUI SE MUE EN REVOLUTION.

    LA LIBRE EXPRESSION

    06 h 37, le 13 juin 2020

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