L’émergence de nouvelles technologies comme la collecte et l’utilisation massive de données, l’intelligence artificielle ou la généralisation de l’usage des outils numériques a déjà commencé à révolutionner l’économie mondiale. Les métiers se transforment, les entreprises doivent changer leur manière de produire, certaines activités disparaissent, d’autres apparaissent : c’est ce que certains n’hésitent pas à désigner sous le nom de 4e révolution industrielle.
Pour Barbar Akl, « provost assistant » (assistant de l’administrateur principal) à la Lebanese American University (LAU, ex-BUC), cette révolution promet de bouleverser l’économie libanaise dans les prochaines années : « Notre pays va passer d’une économie basée sur le tertiaire, c’est-à-dire sur la production de services, à quelque chose de nouveau. On ne sait pas exactement ce que ce sera, mais si nous sommes capables de saisir au vol l’opportunité de la 4e révolution industrielle, ce sera une occasion unique de sortir le Liban de la crise économique », explique-t-il.
Pour trouver leur voie dans cet avenir encore incertain, les étudiants actuels doivent, quel que soit leur domaine d’études, développer des compétences souples et polyvalentes et acquérir des connaissances de base sur les innovations phares des dernières années. « La LAU a repensé ses formations pour répondre à deux impératifs qui peuvent sembler un peu contradictoires : d’une part, permettre à chacun d’acquérir un socle de compétences techniques et intellectuelles pour être le plus polyvalent possible, et d’autre part, développer une vraie spécialisation dans un domaine donné, ce qui donnera à l’étudiant une valeur unique sur le marché de l’emploi », souligne M. Akl.
Une formation structurée sur le modèle américain
Pour accomplir cette mission, la LAU structure son programme en deux phases, sur le modèle américain. Les étudiants suivent d’abord un « undergraduate program » en 3 ou 4 ans, autour d’un « major », ou filière « majeure » (principale). À la fin de ce cursus, il leur est délivré un Bachelor of Arts , ou un Bachelor of Sciences, en fonction du « major » choisi, qui va à titre d’exemple de la bio-informatique au journalisme, en passant par l’architecture ou le design.
Cette première phase, qui vise à donner aux étudiants toutes les compétences nécessaires pour rentrer directement dans la vie professionnelle, s’adapte avec souplesse à leurs projets particuliers, puisque 20 % des cours sont des options.
À la suite de ce premier cycle, les étudiants peuvent poursuivre leurs études dans le cadre d’un « graduate program », en général étalé sur deux ans, qui leur permettra d’obtenir un master dans la matière de leur choix. Cette deuxième phase permet à ceux qui le souhaitent de développer une véritable expertise dans un domaine général.
Parallèlement à cette division entre undergraduate studies et graduate studies, la LAU propose un grand nombre de matières « mineures », c’est-à-dire des domaines d’études optionnelles qu’il est possible de suivre en même temps que son cursus dans la matière principale. Production audiovisuelle, résolution de conflits, histoire, études de genre, autant de sujets accessibles par le biais de ce système et qui permettent de donner une spécialisation et une souplesse supplémentaire au parcours universitaire des étudiants. À la clé, des professionnels dotés d’une formation unique et pluridisciplinaire, capables de se démarquer sur le marché de l’emploi par des compétences particulières, développées tout au long de leur formation.
Pour accéder aux formations de la LAU en « undergraduate studies », les élèves doivent évidemment avoir obtenu le bac libanais ou son équivalent. Il leur faut également passer le SAT, l’examen standardisé d’admission aux études supérieures aux États-Unis. Sur la base de ces documents et des résultats scolaires, une commission d’admission se prononcera sur la possibilité de s’inscrire aux programmes de l’université.
Adapter les formations à la 4e révolution industrielle
C’est cette structure de formation que la LAU renouvelle aujourd’hui pour l’adapter aux exigences de la transformation technologique en cours. « L’idée de cette refonte du programme n’est pas seulement de proposer quelques formations spécialisées en intelligence artificielle ou en énergies renouvelables, mais de permettre à tous les étudiants, quel que soit leur domaine d’étude, d’être le mieux préparés possible à cette transition. C’est là que réside l’originalité de notre démarche », relève Barbar Akl.
Tout d’abord, la LAU a mis en place le « Liberal Arts Curriculum », une formation commune à l’ensemble des « majors » au niveau « undergraduate ». Il vise à doter tous les étudiants des compétences de base en éloquence, écriture, culture artistique, politique et sociale, tout en développant leur esprit critique et leur sens logique. Selon l’assistant provost, « l’intelligence artificielle va bouleverser le marché de l’emploi ».
« À terme, les êtres humains seront de moins en moins impliqués dans les tâches d’application mécanique et répétitive, mais davantage dans celles de la réflexion et de l’analyse. Former nos étudiants dans les “liberal arts”, c’est leur apprendre à faire ce qu’une IA ne peut pas faire », souligne M. Akl.
En plus de ce cursus commun, l’université expérimente de nouvelles matières mineures centrées sur les grands enjeux de la 4e révolution industrielle, accessibles à un grand nombre de filières majeures. Celles relatives à l’analyse de données, à l’école des affaires et à l’introduction à l’intelligence artificielle sont d’ores et déjà accessibles aux étudiants. Toujours dans cette perspective de refonte globale du cursus universitaire, l’objectif est de donner à terme l’opportunité aux étudiants dans tous les domaines de se former sur ces thèmes cruciaux.
Enfin, un tout nouveau cursus de « graduate studies », qui délivrera un Master of Sciences en intelligence artificielle appliquée, est actuellement à l’étude, avec une première promotion d’étudiants prévue pour la rentrée 2021.