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Diaspora - Social

Quand la Croix-Rouge libanaise fait des « petits » au Canada

D’anciens secouristes libanais à Montréal lancent un fonds de secours direct au Liban à travers la Croix-Rouge canadienne et veulent dupliquer leur modèle dans le reste du Canada.


Le comité initiateur du projet. Photo DR

L’idée est née d’une simple question : « Leich ma mna3mel chi ? », « Et si on faisait quelque chose ? »

Cette question, lancée par d’anciens secouristes libanais installés à Montréal depuis des années et actuellement bénévoles à la Croix-Rouge canadienne, fait référence à la crise économique et humanitaire par laquelle passe actuellement le Liban, aggravée par la pandémie de Covid-19.


Photo de groupe des anciens secouristes de la CRL au Canada. Photo DR


Et ce « quelque chose » s’est finalement matérialisé en avril dernier avec la mise en place d’un fonds de secours dédié à la Croix-Rouge libanaise (CRL) à travers un portail géré par la Croix-Rouge canadienne (CRC).

Ce projet, porté par Wajdi Ghorayeb, Nazih Chemali, Antoine Zogheib, Christian Rabbat, Maher Zreik et Rita Saliba, permet à toute personne au Canada – et à travers le monde – de faire un don en ligne ou par chèque à la CRL en visitant le site web : www.croixrouge.ca/liban/support-CRL

Les fonds récoltés – qui seront versés dans un compte bancaire canadien – serviront à « répondre aux besoins les plus criants », notamment aux niveaux des équipes de secours sur le terrain et de la banque de sang, explique Christian Rabbat, porte-parole du Comité de soutien à la Croix-Rouge libanaise, section Canada.

Le seul avantage qu’auront les donateurs canadiens par rapport à ceux qui se trouvent dans le reste du monde est qu’ils pourront bénéficier d’une déduction d’impôts pour tout don effectué, précise cet ingénieur civil présent au Canada depuis 1986.

Selon M. Rabbat, l’urgence de créer un tel fonds s’est fait sentir alors que le programme d’aide de la Croix-Rouge canadienne au Liban, en place depuis le début de la crise des réfugiés syriens, vient à échéance à la fin de l’année. Et l’urgence s’est faite encore plus pressante avec la décision récente du gouvernement libanais de couper son aide à l’organisme humanitaire, un financement qui couvrait 40 % des dépenses, toujours selon M. Rabbat.

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Pour couvrir ses frais annuels, la Croix-Rouge libanaise a besoin de 4,5 millions de dollars américains, dont 3,15 millions pour les équipements (ambulances, frais de réparation, pièces de rechange, matériels médicaux, recharges d’oxygène, défibrillateurs, etc.) et 1,35 million pour le carburant, les factures d’eau, d’électricité, de téléphone et autres services utilisés dans tous leurs centres.

« Cela fait deux ans qu’on travaille pour trouver une solution parce qu’on sait que la Croix-Rouge libanaise a des besoins énormes », explique Christian Rabbat, joint par téléphone à Montréal. « Le problème a culminé en octobre dernier avec l’éclatement des manifestations, poursuit-il, nous avons alors accéléré le processus avec la Croix-Rouge canadienne, demandant à avoir un lien URL dédié au Liban. »


Photo d'archives de la CRL


Un projet ambitieux

L’organisme a montré une ouverture envers le projet dès qu’il a été présenté, explique encore M. Rabbat, mais le comité a pu aussi compter sur l’aide précieuse de Ghassan Brax, directeur adjoint aux relations avec les partenaires de la Croix-Rouge canadienne, originaire de Zahlé.

« Il y avait une ouverture d’esprit, mais si ce n’était Ghassan et sa volonté aussi assidue que la nôtre, je pense qu’on aurait pris plus de temps à concrétiser ce projet-là », assure Christian Rabbat.

Depuis sa mise en place il y a deux mois, le fonds de secours a permis de récolter plus de 8 000 dollars canadiens, qui s’ajoutent aux quelque 40 000 dollars amassés lors d’événements de collectes de fonds à Montréal au cours des derniers mois, avant le début du confinement au Québec.

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Une entente de principe devra être prochainement signée par les deux organismes pour finaliser différents points, dont les modalités de transfert et de répartition de ces fonds. « On ne voudrait pas le faire chaque semaine, dit le porte-parole du comité, il faut attendre que ça cumule. Dépendamment de l’argent récolté, il sera transféré une fois ou deux par année à la CRL. »

« Notre objectif est de récolter 200 000 dollars d’ici à la fin de l’année, précise M. Rabbat. Et on voudrait, à l’avenir, parvenir à une contribution annuelle de 500 000 dollars. »

Pour ce faire, le comité vise grand et travaille à reproduire son modèle dans plusieurs autres villes canadiennes, dont Toronto, Vancouver, Ottawa et Windsor, où sont installés d’autres anciens secouristes de la Croix-Rouge libanaise et bénévoles actuels au Canada.

Et dans le reste du monde ? « On ne veut surtout pas faire la compétition à l’application mobile pour les dons internationaux de la Croix-Rouge libanaise », répond Christian Rabbat. « Notre rêve est de dupliquer notre modèle partout dans le monde, là où il y a des comités locaux qui peuvent être mis en place. Quand on peut aider, il ne faut pas hésiter, il faut le faire. »


Photo d'archives de la CRL.


Secouristes depuis les années 80

Cinq des six membres du Comité de soutien à la Croix-Rouge libanaise, section Canada, ont été secouristes de la Croix-Rouge libanaise durant la guerre civile, notamment dans les années 1980.

Wajdi Ghorayeb, Antoine Zogheib et Christian Rabbat étaient dans le secteur 102 à Achrafieh, Nazih Chemali dans le secteur 201 à Jounieh, et Maher Zreik et Rita Saliba dans le secteur 101 à la rue Spears.

L’idée est née d’une simple question : « Leich ma mna3mel chi ? », « Et si on faisait quelque chose ? »Cette question, lancée par d’anciens secouristes libanais installés à Montréal depuis des années et actuellement bénévoles à la Croix-Rouge canadienne, fait référence à la crise économique et humanitaire par laquelle passe actuellement le Liban,...