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Nos Lecteurs ont la Parole

Refaire le Liban plus beau qu’avant

« Il n’y a plus de Liban, cessez ces illusions farfelues, à moins que si vraiment vous y croyez encore, allez arrêter ces malfrats au prix du sang et reconstruisez une nation. Il suffit qu’un seul aille en prison et vous verrez comment ils rendront tout. Les réseaux sociaux, murs des lamentations, ne le feront pas pour vous. »

C’est en ces termes durs mais combien vrais qu’une dame éduquée à Harvard, docteure en science des arts, commentait un post que j’avais publié sur les réseaux sociaux appelant les Libanais, jeunes et moins jeunes, à un devoir de mémoire pour la postérité, à ne jamais oublier les exactions commises contre mon peuple par une classe politique stipendiée et véreuse.

Il n’y a plus de Liban ! Mais y a-t-il jamais eu un seul Liban? Laissons de côté le Liban bordel, pays de passage de Romains, des Grecs, le Liban province égyptienne du temps des pharaons puis propriété de la Grande Porte au temps des Ottomans qui continuent de s’agiter encore chez nous du côté du Akkar.

Passons à celui de la France qui nous a laissé un vernis d’éducation et de culture, que le Liban de Abdel Nasser avait battu en brèche, combattu farouchement par celui de Camille Chamoun.

Fouad Chéhab avait calmé les choses, tentant de faire du Liban une nation. Mais il était déjà trop tard, le Liban des Palestiniens s’esquissait. Les frères arabes, dont le trône était fragilisé par le microbe nassérien, avaient trouvé une échappatoire à leur funeste destin.

Se ralliant sous la bannière d’un criminel notoire, Arabes, Juifs, Américains ainsi que tout le gratin de la démocratie planétaire confient au président sanguinaire syrien Hafez el-Assad le soin de régler la question palestinienne, offrant le Liban en victime expiatoire sur l’autel des grandes erreurs de l’histoire.

C’était compter sans les jeunes de quartier qui, avec un lance-pierre, un fusil de chasse, ont mis à mal ce plan maudit, contré par l’emergence du Liban de Bachir Gemayel que trente-huit ans après nous pleurons toujours.

Dans son entendement d’un Liban nouveau, Bachir Gemayel voulait mettre un terme au Liban basse-cour, au Liban des affaire louches, des dessous de table, de la gabegie, des pots-de-vin. Finalement, quoi qu’on en dise, quoi qu’on brode sur des complots machiavéliques, interplanétaires et autres histoires à dormir debout, les affairistes n’avaient d’autre choix pour juguler cette épopée de la montée en flèche de l’honnêteté et de la probité que le crime.

Le crime a emporté nos rêves puis un autre crime est venu se greffer sur ce crime ; la comédie de Taëf, travestie en Constitution. Au lieu de construire une nation, ils ont érigé une mosaïque communautaire.

Les chefs de milice, aux mains tachées de sang, s’y sont fait une nouvelle virginité, les mafias confessionnelles y ont trouvé un nouvel essor. Le tuteur syrien était aux anges, il prélevait sa dîme, ses représentants gouvernaient le Liban du bout de leurs bottes.

Mais, même dans les plus belles histoires il y a toujours un mais, il y avait de l’eau dans le gaz entre le régime assassin syrien et l’entente américano-sioniste, non moins nocive et perverse.

Cette idylle pour le Liban s’est terminée dramatiquement. Le Premier ministre Rafic Hariri, au lieu de poursuivre sa mission de grand constructeur, a voulu tâter de la politique. Les Américains étaient fatigués de le voir débouler impromptu chez eux. Les Israéliens, furieux, car il contrecarrait leurs plans, donnèrent le feu vert à son élimination.

Il fut sauvagement exécuté, nous laissant en héritage une progéniture qui s’est avérée être des plus inaptes à la conduite de ses propres affaires, et celles du pays.

Le Liban est un pays ouvert à tout vent, les corrupteurs et les corrompus y ont pignon sur rue, tout le monde les connaît, personne ne les nomme, la hiérarchie religieuse de leur confession leur a donné l’absolution avant même leurs nominations aux postes qu’ils étaient censés occuper en toute honnêteté.

Oui, Madame, le Liban issu d’une illusion farfelue née dans l’esprit détraqué de quelques seigneurs de guerre convertis en hommes d’affaires ne sera plus.

Oui, Madame, notre jeunesse a fort cher payé les tribulations de ses aînés, cette caste politique ignoble qui, faute de terminer ses jours sur l’échafaud, les finira certainement en prison.

Les milices ne font plus peur, les partis politiques ne font plus recette, répondre à un crime par un autre est révolu. Il est enfin venu, le temps de construire un pays, une nation ! Refaire le Liban plus beau qu’avant.

C’est une utopie peut-être, mais il est des rêves qui, à force d’y croire, se réalisent.

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

« Il n’y a plus de Liban, cessez ces illusions farfelues, à moins que si vraiment vous y croyez encore, allez arrêter ces malfrats au prix du sang et reconstruisez une nation. Il suffit qu’un seul aille en prison et vous verrez comment ils rendront tout. Les réseaux sociaux, murs des lamentations, ne le feront pas pour vous. »C’est en ces termes durs mais combien...

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Abyssus. Abyssum invocat....... RM

Robert Moumdjian

23 h 53, le 11 juin 2020

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Commentaires (1)

  • Abyssus. Abyssum invocat....... RM

    Robert Moumdjian

    23 h 53, le 11 juin 2020

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