Le président de la Chambre, Nabih Berry, prononçant un discours à Aïn el-Tiné, le 22 mai 2020. Photo Hassan Ibrahim / Parlement libanais
Le président du Parlement libanais, Nabih Berry, a exhorté vendredi le gouvernement à "travailler concrètement et sur le terrain" au lieu de se contenter de "plans sur le papier". Le chef du Législatif a tenu ces propos au lendemain d'un discours du Premier ministre Hassane Diab, dans lequel ce dernier a évoqué les différents "accomplissements" réalisés par son gouvernement au cours de ses 100 premiers jours en exercice.
Dans son discours, prévu à l'occasion de la "Journée mondiale de Jérusalem", du 20e anniversaire de la libération du Liban-Sud et de la fin du mois de ramadan, Nabih Berry a appelé les pays du Proche-Orient à "s'unir" pour lutter contre le "deal du siècle" pour la paix au Proche-Orient, présenté en janvier par l'administration de Donald Trump.
S'exprimant avant une réunion du bureau de la Chambre, Nabih Berry a affirmé que la Journée mondiale de Jérusalem était célébrée pour "se souvenir des injustices subies par les lieux sacrés de l'islam et de la chrétienté en raison des hostilités israéliennes". Il a dans ce contexte condamné à nouveau "le deal du siècle" qui a, selon lui, pour objectif de "diviser toujours plus la région" et réitéré son soutien au peuple palestinien dans sa "résistance" à ce plan. "Nous refusons la naturalisation" des réfugiés palestiniens, a-t-il déclaré, exprimant l'espoir de l'établissement d'un "État palestinien indépendant, avec Jérusalem pour capitale". Il a encore invité le Liban, la Syrie, la Jordanie et l’Égypte à faire preuve d'unité afin de lutter pour la Palestine, et tous les pays arabes à s'opposer au "projet de paix" de l'administration américaine, rejeté par les Palestiniens. Ce plan, rappelle-t-on, prévoit notamment l’annexion par Israël de la vallée du Jourdain et des colonies israéliennes établies en Cisjordanie occupée, ainsi que la création d’un État palestinien sur un territoire réduit.
La journée de Jérusalem est célébrée le dernier vendredi du mois de ramadan en signe de solidarité avec les Palestiniens qui s'opposent à l'annexion de Jérusalem-Est et au projet israélien en général. Cette commémoration coïncide avec le 20e anniversaire du retrait par l'armée israélienne du Liban-Sud, un territoire sous influence du Hezbollah proche de Téhéran. Mercredi, son secrétaire général, Hassan Nasrallah, avait réaffirmé son engagement "ferme" envers la Palestine.
Il y a deux ans, le président américain Donald Trump avait reconnu Jérusalem, ville au statut contesté, comme capitale d'Israël, provoquant une onde de choc dans le monde arabe et musulman.
Nabih Berry a par ailleurs mis en garde contre "les voix qui commencent à s'élever au Liban pour réclamer le fédéralisme comme solution aux crises" que connaît le pays, soulignant que ni ces crises ni "la faim" du peuple ne pourraient servir de prétextes pour "se plier aux projets d'Israël".
Fin du communautarisme et du confessionnalisme
"il est temps pour les Libanais et leurs responsables politiques de mettre un terme aux surenchères, qui ne mènent qu'à encore plus de confusion, et d'arrêter de se lancer des accusations réciproques, alors que le moment est venu pour les responsables de faire preuve du courage nécessaire pour libérer le Liban du communautarisme et du confessionnalisme", a en outre lancé le président de la Chambre. Il a dans ce cadre appelé la classe politique à "être à nouveau productive" et à préparer une loi électorale "qui sorte du cadre confessionnel et permette à tous de participer, sur base d'un système proportionnel avec une seule circonscription". Il a en outre réitéré son appel à l'établissement d'un Sénat, "en attendant la mise sur pied d'un État civil".
Nabih Berry a encore exprimé l'espoir d'une future indépendance de la justice par rapport à "toute appartenance politique" et invité les ministres à "sortir de leurs tiroirs les lois qui y dorment". "Le secteur de l'électricité doit également se libérer de la mentalité du partage de gâteau confessionnel", a-t-il déclaré, demandant que les réformes de ce secteur "passent par la Direction des adjudications".
"Travail sur le terrain"
"Le gouvernement doit commencer à travailler concrètement, sur le terrain, et en finir avec les plans sur le papier. Il nous faut des actes, bien plus que des mots", a par ailleurs lancé le président de la Chambre.
"La sécurité alimentaire et la santé des Libanais ne peuvent plus rester victimes de politiques financières et bancaires erronées, ni devenir des otages des grands commerçants et de la corruption", a encore lancé M. Berry. Et de déclarer à nouveau que "les avoirs des Libanais dans les banques sont sacrés", mettant en garde contre toute atteinte aux économies des gens.
Le chef du législatif s'est également penché sur la question de la normalisation des relations avec la Syrie, estimant qu'une réouverture des relations avec le régime de Bachar el-Assad est "plus que nécessaire".
Le gouvernement libanais a adopté un plan de redressement, qui ambitionne de remettre sur pied dans un délai de cinq ans au moins, l’économie et le système financier du pays qui traverse la pire crise depuis la fin de la guerre civile en 1990. Cette crise est par ailleurs aggravée par les mesures de confinement prises par le gouvernement pour lutter contre la pandémie de nouveau coronavirus, qui a contaminé 1024 personnes, dont 26 sont décédés.
Hassane Diab s'est entretenu vendredi après-midi avec M. Berry au sujet de la séance parlementaire plénière prévue jeudi prochain. Il a quitté Aïn el-Tiné sans faire de déclaration.
commentaires (15)
faut pas s'offusquer plus que nécessaire ! n'oublions pas qu'un anniversaire- 3 en l'occurrence- est pour nous rappeler le passe auquel nous tenons et qui nous fait tellement plaisir que nous en souhaitons la continuation ce que mr berri souhaite encore plus que nous. mr aoun itou mais lui c la continuation via gendron
Gaby SIOUFI
10 h 43, le 24 mai 2020