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Société

Gagnée par la peur, la Békaa se mobilise

« Fermez l’aéroport et nous appliquerons le confinement », lance un habitant de Taalabaya.

Un habitant de Majdel Anjar se faisant tester. Photo fournie par la municipalité de Majdel Anjar

L’inquiétude gagne les villages de la Békaa et de Zahlé, depuis l’apparition de cas de coronavirus dans des régions jusque-là épargnées. Jeudi, le caza de Zahlé dénombrait 11 cas, Rachaya un seul. Le caza de Baalbeck compte cinq cas, le camp de réfugiés palestiniens d’al-Jalil en comptait également six avant d’être isolé. Ce camp fait l’objet de l’attention particulière du ministre de la Santé, Hamad Hassan, qui a effectué hier une tournée à Baalbeck où il a réaffirmé, à partir de Bednayel, que le virus ne se répandrait pas, « ni à l’intérieur ni à l’extérieur du camp ». Les chiffres pour la Békaa n’avaient pas augmenté jusqu’à hier à midi, le ministère de la Santé ayant recensé dans le pays cinq cas de contamination seulement, répartis entre le Chouf, Marjeyoun et le Akkar (voir par ailleurs).

Il n’en demeure pas moins que les contaminations de soldats du tribunal militaire de Beyrouth ont engendré une certaine angoisse parmi les habitants de la Békaa dont sont issus plusieurs membres de cette force. Parmi les soldats contaminés, on en compte en effet deux de Majdel Anjar et un établi à Taalabaya. Sans compter cet habitant du village bédouin de Faour, membre de la garde gouvernementale, qui avait aussi été atteint, mais qui est à présent guéri.

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À Majdel Anjar, selon le président du conseil municipal Saïd Yassine, quatre personnes sont aujourd’hui contaminées par le coronavirus, deux militaires et deux proches de l’un d’entre eux. « Ce qui signifie que le virus est resté dans l’entourage de ce militaire et ne s’est pas propagé dans le village », souligne-t-il à L’Orient-Le Jour. Près de 183 tests de dépistage ont été conduits hier dans la localité, en coordination avec le ministère de la Santé et le Centre médical de l’Université libano-américaine-Hôpital Rizk (LAUMC-RH). Quant aux 88 tests réalisés mardi à l’hôpital gouvernemental de Zahlé, ils sont tous négatifs. Mais cela n’a pas pour autant rassuré les habitants de la capitale de la Békaa, où un attroupement avait eu lieu, il y a quelques jours, lors d’une distribution de rations alimentaires, sans aucun respect des règles de distanciation physique. Sollicité par la municipalité de Zahlé pour accueillir en isolement 25 Libanais de retour de Syrie, le propriétaire d’un hôtel a opposé un refus catégorique, soucieux, dit-il, de « préserver la ville du virus ».

Dans le caza de Rachaya, un habitant de Rafid a été testé positif, ce qui a poussé les autorités locales à insister auprès de la population pour le respect absolu du reconfinement de quatre jours mis en œuvre depuis mercredi soir.


La municipalité de Majdel Anjar a organisé des dépistages en série en coordination avec le ministère de la Santé et la LAUMC-RH. Photo fournie par la municipalité de Majdel Anjar

Le mohafez se veut rassurant
Mais ces mesures ne sont pas toujours du goût de la population. Dénonçant les fermetures forcées de commerces, un habitant de Saadnayel rappelle « la nécessité de travailler pour pouvoir acheter de quoi manger en cette période de crise financière ». Un autre jeune de Taalabaya met en exergue le risque que représente le rapatriement des Libanais de l’étranger, dont la troisième phase, la plus massive, a débuté jeudi. Ce alors que de nombreux cas de contamination ont été recensés parmi les rapatriés à la fin de la deuxième phase. « Fermez l’aéroport et nous appliquerons le confinement dans nos régions », lance le jeune homme, qui a préféré garder l’anonymat. De son côté, le mohafez de la Békaa, Kamal Abou Jaoudé, se veut rassurant. « Ces quelques cas positifs ne veulent pas nécessairement dire que le virus s’est propagé dans la région », tempère-t-il, invitant toutefois les municipalités à faire respecter les consignes de confinement sous peine de sanctions. « Nous agissons pour la sécurité de la population », assure-t-il.

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Dans le caza de Baalbeck, où les rumeurs font état d’une explosion du nombre de cas, la municipalité de Haouche Rafka a tenté de calmer les esprits en assurant qu’un seul cas positif a été recensé parmi les rapatriés de Russie. « Le patient a été transféré à l’hôpital gouvernemental Rafic Hariri dès son arrivée à l’aéroport. Il y est toujours en quarantaine », affirme le communiqué. Mais le mohafez de Baalbeck-Hermel, Bachir Khodr, reconnaît cinq cas dans les cinq localités de Chmestar, Bednayel, Majdaloun, Haouche Rafka et Kfar Debech, invitant la population à l’extrême prudence et à aviser les autorités locales en cas de symptômes. Les dépistages se multiplient aussi, comme à Chmestar où 200 tests ont été conduits.

L’inquiétude gagne les villages de la Békaa et de Zahlé, depuis l’apparition de cas de coronavirus dans des régions jusque-là épargnées. Jeudi, le caza de Zahlé dénombrait 11 cas, Rachaya un seul. Le caza de Baalbeck compte cinq cas, le camp de réfugiés palestiniens d’al-Jalil en comptait également six avant d’être isolé. Ce camp fait l’objet de l’attention particulière...

commentaires (3)

Je veux vous parler d'autre chose , le Pape Francois a donné 200.000 euros pour soutenir 400 bourses d'etude

Eleni Caridopoulou

18 h 06, le 16 mai 2020

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Commentaires (3)

  • Je veux vous parler d'autre chose , le Pape Francois a donné 200.000 euros pour soutenir 400 bourses d'etude

    Eleni Caridopoulou

    18 h 06, le 16 mai 2020

  • L,HEBETUDE EST MERE DE L,IGNORANCE OU VICE VERSA !

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 45, le 16 mai 2020

  • Il aurait été étonnant qu’aucun cas ne soit détecté dans la Beqaa, Aucune des mesures dictées par le gouvernement n'y est respectée. Le port du masque y est rare. Les voitures circulent normalement, quelle que soit leur immatriculation. Les magasins y sont ouverts tous les jours, y compris ceux de plus de 100m2 où les clients s'entassent sans aucune protection... J'en étais arrivé à me demander si toutes ces mesures servaient à quelque chose puisqu'on ne détectait aucun cas d'infection là où elles étaient ignorées. Me voilà rassuré!

    Yves Prevost

    08 h 04, le 16 mai 2020

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