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Société - Pandémie

Mariages aux temps du coronavirus : « Nous avons coupé le chawarma comme si c’était une pièce montée »

Face aux risques de contamination, de nombreux couples ont décidé de reporter leur mariage, tandis que d’autres se sont dit oui dans la plus stricte intimité.


Pétra et Élie découpant le chawarma, façon pièce montée. Photo DR

Élie et Pétra se sont mariés samedi. Elle a 23 ans et lui 29. Ils sont tous deux originaires du Mont-Liban, se connaissent depuis quatre ans et préparaient leur mariage depuis un an et demi. Ils devaient se dire oui le 6 juin prochain, mais la pandémie du coronavirus et les inconnues sur l’avenir les ont poussés à avancer la date de leur mariage et à changer leurs plans.

« Tout était prêt, la maison, la robe, le menu du dîner… Et puis en mars le confinement a commencé. Nous devions imprimer les cartes d’invitation et les distribuer. Notre plan était d’inviter 160 personnes. Nous avons commencé à faire les démarches religieuses, mais l’évêché a refusé de nous donner une autorisation pour un grand mariage prévu pour le mois de juin », raconte Pétra. Après avoir discuté avec son fiancé, elle a décidé de faire un mariage réduit au minimum, en conviant 12 personnes à l’église.

« Je me suis préparée comme prévu : robe, maquillage et coiffeur. Nous avons décoré la maison, nous avons fait appel à un photographe et pris des photos dans le grand jardin d’une villa de mon village », raconte avec enthousiasme la jeune mariée. « Nos voisins étaient aux balcons, ils ont lancé du riz et des pétales de fleur. Mon oncle m’a fait la surprise en venant de la montagne et les tantes de Pétra se sont rendues chez elle à la maison. Nous ne les avions pas vues depuis le début du confinement », renchérit Élie.

Pétra a fait appel à un tout petit groupe de zaffé qui a dansé et chanté dans la rue alors qu’elle se rendait à l’église. Tantes, oncles et amis ont formé des convois de voitures pour les accompagner jusqu’à l’église. Mais, arrivés sur place, ils sont repartis sans assister à la cérémonie religieuse pour respecter les règles toujours en vigueur du confinement.

« Après le mariage, nous nous sommes rendus, tout seuls, chez Abou el-Ezz à Dékouané, notre restaurant de chawarma préféré. Nous avons coupé la pièce de viande comme si c’était une pièce montée. Nous avons mangé chacun un sandwich et nous sommes repartis », ajoute Pétra. Le couple a passé sa nuit de noces dans un bungalow sous les pins parasols à Dhour Choueir.


Adra et Jamil ont signé le contrat de mariage et se sont installés ensemble le 15 avril dernier, comme prévu.

« Nous n’avons même pas organisé de dîner »
Comme Adra et Jamil, originaires de la Békaa, qui se sont dit oui le 15 avril dernier. Eux aussi ont opté pour un mariage dans la plus stricte intimité « Cela fait des années que nous sommes ensemble. Jamil travaille à l’étranger et je vis au Liban. Nous avions fixé, il y a quelques mois, la date de notre mariage au 15 avril. Jamil est rentré à cause du coronavirus avant la fermeture de l’aéroport de Beyrouth. Et nous avons décidé de garder la même date du mariage », raconte Adra, une grande brune. « Nous avons conclu le contrat de mariage et avons déménagé. Notre maison était prête depuis longtemps. Il ne servait plus à rien d’attendre encore. Cela m’a un peu attristée de ne pas avoir eu le mariage dont je rêvais, mais c’est comme ça. Comme il fallait respecter les règles du confinement, nous n’avons même pas organisé de dîner », poursuit-elle.

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Il y a plusieurs mois, René, 32 ans, et sa fiancée avaient décidé de se marier à Chypre, à l’église, le 19 mai, avec 20 convives, des membres de la famille et des amis proches. « Nous ne voulions pas nous marier au Liban pour éviter le grand mariage », confie-t-il. Mais l’aéroport a fermé. Alors les deux tourtereaux se marieront la semaine prochaine à l’église. « Nous serons une vingtaine de personnes. J’organiserai un dîner à la maison avec les services d’un traiteur après l’office religieux. Puis nous irons dans un gîte, dans le Chouf, passer quelques jours de lune de miel », explique René.

Vastes réceptions
Dans le plan de déconfinement en plusieurs phases produit par le gouvernement, les festivals et les grandes fêtes sont interdits – sans aucune date précise – jusqu’à l’été. Depuis le mois de mars, les offices religieux rassemblant des fidèles sont en outre interdits. Ce n’est que cette semaine que les lieux de culte ont recommencé à accueillir progressivement les fidèles en faisant respecter les mesures de distanciation. Et si au Liban la saison des mariages commence dès le mois de mai pour prendre de l’ampleur en été, de nombreux couples ont décidé de remettre leur mariage à une date ultérieure, peut-être même à l’année prochaine. Car certains tiennent à organiser grand mariage et vaste réception. Il s’agit notamment de personnes qui ne sont pas encore touchées par la crise économique, dont beaucoup travaillent à l’étranger notamment dans les pays arabes et en Afrique, ou qui sont peut-être plus optimistes que les autres et espèrent une reprise rapide.

« Beaucoup de mes clients ont remis exactement d’une année leur mariage. Tout a donc été gelé pour douze mois. Ce sont surtout des Libanais qui travaillent dans les pays du Golfe et qui rentrent généralement au Liban en été », note Nicole Lebbos, organisatrice de mariages.

Ces cérémonies rassemblent souvent un minimum de 450 personnes dont beaucoup vivent à l’étranger. Depuis de nombreuses années, le Liban est connu pour le faste de ces fêtes rappelant les contes des Mille et Une Nuits.

Budgets réduits
Éliane organisait le mariage de sa fille qui vit à Paris et devait se marier au Liban avec son fiancé français, durant le mois de mai. « Ni les mariés ni leurs invités ne peuvent venir au Liban. Nous avons beaucoup hésité pour finalement ajourner le mariage d’un an. On verra l’année prochaine comment la pandémie aura évolué. Sur les 250 personnes conviées, plus de la moitié vivent à l’étranger; nous avons tout reporté, du traiteur aux hôtels qui devaient recevoir les convives, jusqu’aux bus qui devaient les transporter à la découverte du Liban », indique-t-elle. Organisateurs de mariages, fleuristes, traiteurs, hôtels, domaines et villas où les fêtes sont organisées n’ont pas prélevé de charges pour l’ajournement.

Ricky Dakouni, organisateur de mariages, doute que les choses restent en l’état l’année prochaine. « Peut-être que les mariages ne compteront plus autant de monde, que l’on devra faire avec des budgets plus réduits, car plus personne n’a accès à son compte en banque. Peut-être même que les gens accepteront qu’on utilise pour les décorations de leur mariage du matériel qui a déjà servi pour d’autres fêtes et qu’on avait l’habitude d’utiliser une fois uniquement. Là, il faudra recycler et il y aura moins de déchets. »

Élias Hanna, fleuriste, sait que son année est perdue. « Au Liban, la haute saison des mariages commence en mai et se termine en septembre, avec un pic en juillet et en août, mois où tous les Libanais de l’étranger rentrent au pays. Certains ont ajourné leur mariage d’un an, d’autres pour le mois d’octobre ou même Noël. Mais entre la pandémie et la situation économique du pays, personne ne sait ce qui peut arriver d’ici là », soupire-t-il.

Élie et Pétra se sont mariés samedi. Elle a 23 ans et lui 29. Ils sont tous deux originaires du Mont-Liban, se connaissent depuis quatre ans et préparaient leur mariage depuis un an et demi. Ils devaient se dire oui le 6 juin prochain, mais la pandémie du coronavirus et les inconnues sur l’avenir les ont poussés à avancer la date de leur mariage et à changer leurs plans. « Tout...

commentaires (3)

CA AURAIT DU ETRE PLUS INTIME ENCORE. FLEAU EXIGE.

LA LIBRE EXPRESSION

10 h 19, le 11 mai 2020

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Commentaires (3)

  • CA AURAIT DU ETRE PLUS INTIME ENCORE. FLEAU EXIGE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 19, le 11 mai 2020

  • Attention, le premier paragraphe se répète à la fin de l'article!

    NAUFAL SORAYA

    07 h 52, le 11 mai 2020

  • De vous plaignez-vous? (je pense au sandwich ) Perso, je préfère de loin , un bon sandwich de chawarma de loin plus délicieux que ces bouchées occidentales qu’on offre durant un mariage ?? En tout cas, ce mariage en période de confinement sera plus intéressant à raconter à vos enfants et petits-enfants qu’un mariage traditionnel assez commun in fine

    LE FRANCOPHONE

    00 h 55, le 11 mai 2020

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