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Société - Contestation

Saïda partagée après les violences inédites contre les banques

« Cette explosion sociale sera chaotique et sans aucun frein », prévient le député Oussama Saad dans une déclaration à « L’OLJ ».

Un établissement bancaire dont la devanture a été détruite lundi soir à Saïda. Photo Mountasser Abdallah

Les habitants de Saïda étaient sous le choc mercredi, en découvrant l’ampleur des dégâts au lendemain d’une nuit de violences inédites, depuis le début du mouvement de contestation en octobre dernier, entre des manifestants de plus en plus radicaux et l’armée.

Lors d’un sit-in devant la branche locale de la Banque du Liban (BDL), des protestataires ont jeté des cocktails Molotov sur le bâtiment et ont endommagé plusieurs vitres. Après avoir été chassés des abords de la BDL par l’armée, les manifestants se sont rendus sur la rue des banques où ils ont saccagé les devantures de dix établissements bancaires et une quinzaine de distributeurs de billets. Les protestations qui avaient eu lieu à Saïda ces derniers mois s’étaient déroulées sans incidents majeurs. Mais les violences survenues lundi interviennent à l’heure où la Banque centrale et son gouverneur, Riad Salamé, sont fortement critiqués pour leur gestion de la crise économique et de la dévaluation de la devise nationale. M. Salamé a défendu mercredi les politiques monétaires de la BDL lors d’une conférence de presse retransmise en direct sur les chaînes locales. 

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« C’est la première fois qu’il y a autant de violences à Saïda entre manifestants et armée. Les militaires ont poursuivi les protestataires dans les ruelles de la ville. Les affrontements ont duré plusieurs heures », raconte un habitant.

« Si les banques ferment, comment retirer nos salaires ? »

Profitant d’un retour au calme, des travailleurs s’affairaient à effacer les traces des incidents de la veille devant la BDL et les établissements bancaires dont les devantures ont été détruites. Dounia, une habitante de Saïda, craint que ces destructions n’aient des répercussions négatives sur la clientèle des banques. « Nous arrivons encore à nous en sortir en quelque sorte, mais si les banques ferment, comment fera-t-on pour retirer nos salaires ? » se demande la jeune femme. Nadia, une militante, encourage pour sa part la poursuite des manifestations. « Il faut qu’on empêche les banques de travailler et qu’on traduise les responsables de ce secteur devant la justice », confie-t-elle. Pour Fouad, rencontré devant une des banques saccagées, la violence des manifestants est « justifiée ». « Les responsables nous ont vidé de notre sang et personne ne leur demande de comptes », déplore-t-il.


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Dans une déclaration à L’Orient-Le Jour, Oussama Saad, député de Saïda et chef de l’Organisation populaire nassérienne (OPN), a mis en garde contre une « explosion sociale chaotique et sans aucun frein ». « L’État assumera la responsabilité de toute violence qui se produira, car les autorités n’ont pas pris les mesures nécessaires pour régler la situation », estime M. Saad. « Ce qui s’est passé (lundi soir) trouve sa justification dans la dégradation de la situation financière des Libanais qui n’arrivent plus à joindre les deux bouts. Sans oublier la flambée du dollar qui a porté le coup de grâce aux salaires et l’avidité des commerçants », ajoute le député qui se dit par ailleurs « contre la violence » et qui appelle à des « manifestations pacifiques ». « Il ne suffit pas que le gouvernement accuse certaines parties politiques. La population sait que les autorités sont tenues de régler la situation sans jeter la responsabilité sur les autres. Les gens veulent tout simplement pouvoir subvenir à leurs besoins », ajoute Oussama Saad. Le député a pris part à un sit-in organisé par ses partisans mercredi en fin d’après-midi sur la place de l’Étoile, dans le centre de Saïda. Quelque 300 personnes, notamment des habitants des vieux quartiers de la ville, les plus populaires, ont pris part à cette protestation pacifique. « À bas le système politique corrompu », « Le pouvoir est au peuple », proclamaient certaines banderoles, alors que les manifestants scandaient : « À cause de la faim, le changement est nécessaire », « Saïda soulève-toi ! ». « La plupart des personnes qui manifestent sont désormais au chômage. Aujourd’hui, cette protestation est pacifique, mais les choses pourraient changer car la situation se dégrade », a affirmé Abou Moustapha Rifaï, un membre de l’OPN.

Les habitants de Saïda étaient sous le choc mercredi, en découvrant l’ampleur des dégâts au lendemain d’une nuit de violences inédites, depuis le début du mouvement de contestation en octobre dernier, entre des manifestants de plus en plus radicaux et l’armée. Lors d’un sit-in devant la branche locale de la Banque du Liban (BDL), des protestataires ont jeté des cocktails Molotov...

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