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À La Une - Liban

Après son arrestation, l'auteur présumé de la tuerie de Baakline passe aux aveux

M.H. a affirmé aux enquêteurs qu'il soupçonnait son épouse de le tromper avec l'un de ses frères, selon des médias locaux.

Les chaussures de l'une des victimes du tueur de Baakline, dans le Chouf, retrouvées dans un immeuble en chantier. Photo Patricia Khoder

L'auteur présumé de la tuerie de Baakline dans le Chouf, qui a suscité l'effroi dans le pays après avoir abattu dix personnes, a été arrêté dans la nuit de mercredi à jeudi non loin du village où a eu lieu le drame, rapporte l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). Selon plusieurs médias locaux, notamment les chaînes MTV et LBCI, M. H. suspectait son épouse, Manal, 32 ans, de l'avoir trompé avec l'un de ses frères. Il aurait tué celle-ci à coups de couteau, avant d'abattre au fusil de chasse deux de ses frères ainsi que sept autres personnes qu'il a croisées en chemin, avant de prendre la fuite.

Selon les informations de l'Ani, les forces de l'ordre ont arrêté le suspect de 42 ans dans la nuit, dans le village de Aïnbal. Selon la MTV, l'homme était calmement assis dans le jardin d'une villa située dans la localité. Il s'est rendu sans opposer de résistance aux policiers municipaux. Ceux-ci l'ont livré à la police judiciaire qui l'a conduit à Beïteddine pour les besoins de l'enquête.


"C'est quelque chose qui est arrivé"
Interrogé par les agents municipaux sur la tuerie, le suspect leur aurait simplement dit : "C'est quelque chose qui est arrivé". Selon les informations de la MTV, M. H. aurait affirmé avoir commis ces meurtres après avoir suspecté son épouse de le tromper avec son frère Fawzi, sans toutefois avoir de preuves. Il a expliqué aux enquêteurs avoir prémédité ses crimes, avant que son épouse ne rentre au domicile conjugal. 

Selon les premiers éléments de l'enquête, l'auteur présumé a assassiné sa femme dans leur chambre, lui assénant plus de 13 coups de couteau, rapporte la MTV. L'homme aurait ensuite changé de vêtements pour se débarrasser des traces de sang, avant de sortir de chez lui et de se lancer dans sa tuerie aveugle, muni de son fusil de chasse. Sa deuxième cible était son frère, Fawzi, qu'il soupçonnait de tromperie avec son épouse. M. H. aurait alors abattu son frère près du lit du fleuve qui traverse le village, avant de dissimuler le cadavre. Le suspect a ensuite cherché son autre frère, Karim, qu'il aurait accusé d'être au courant de l'adultère supposé et de ne l'avoir pas alerté. Avant de trouver son frère, l'auteur présumé a croisé un homme originaire de Ersal qui résidait dans le village depuis des années, ainsi qu'un homme de nationalité syrienne. M. H. les a abattus à bout portant. Le meurtrier présumé a alors poursuivi son chemin et est entré dans un bâtiment en construction, tuant quatre personnes, des ressortissants syriens, dont deux enfants. C'est alors qu'il est tombé sur son frère Karim, qu'il a aussi tué de deux balles tirées avec son fusil de chasse. La dixième victime est un homme qui par malchance se trouvait dans les parages, selon le récit rapporté par la MTV. 


"Pris de rage sans ne plus rien sentir"
Interrogé sur les motifs de ses crimes, le meurtrier présumé a expliqué qu'il soupçonnait son frère Fawzi d'adultère avec son épouse, et l'autre frère Karim d'avoir été au courant de cela et de l'avoir dissimulé. M. H. a ensuite affirmé avoir été "pris de rage sans ne plus rien sentir". Il aurait reconnu toutefois n'avoir aucune preuve pour étayer ses accusations. Il aurait également dit ne pas avoir confronté son épouse avec les accusations qu'il portait contre elle. Il aurait toutefois dit à son frère qu'il le soupçonnait d'entretenir une relation avec son épouse, avant de l'abattre. 

Selon la MTV, les enquêteurs avaient été informés jusque-là par la mère de l'épouse tuée que celle-ci avait eu une dispute avec son époux, ce qui l'avait poussée à quitter le domicile conjugal avec les deux enfants du couple, quelques jours avant le crime, avant d'y revenir par la suite. La famille de l'épouse tuée a publié un communiqué dans lequel elle rejette les accusations d'adultère portées par le mari, affirmant que la victime "est honorable, contrairement à tout ce qui est dit".


Sept victimes inhumées
Dans l'après-midi, sept des dix victimes ont été inhumées à Baakline, lors de deux processions distinctes dans le village, en présence d'une foule de proches. Il s'agit de l'épouse du meurtrier présumé, de l'un des frères de celui-ci, Karim, ainsi que de cinq ressortissants syriens. Le chef du groupe parlementaire affilié au Parti socialiste progressiste de Walid Joumblatt, Taymour Joumblatt, a assisté aux funérailles, ainsi que des responsables de la formation du leader druze et des élus locaux. Les funérailles de l'autre frère du tueur présumé, Fawzi, dont le corps a été retrouvé aujourd'hui, se tiendront demain.

Inhumation de victimes de la tuerie de Baakline, le 23 avril 2020 dans le Chouf. Photo ANI


Mercredi, le village paisible de Baakline était encore sous le coup de la folie meurtrière, comme le raconte notre journaliste Patricia Khoder, qui est allée à la rencontre de proches des victimes. Selon les habitants du village, le meurtrier présumé vient d’une famille proche du Parti socialiste progressiste dont certains membres sont connus dans le Chouf pour leur engagement dans les combats des années quatre-vingt. À Bakaata où vivent les oncles maternels de Manal, l'épouse assassinée, et la famille de l’un des ouvriers syriens tués, la population était en état de choc et peu encline à parler.



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commentaires (9)

Il convient d'examiner aussi si le criminel ne pense pas qu'avec la loi d’amnistie à venir il sera pardonné. Il est évident que la loi va mettre une date antérieure de plusieurs mois pour continuer à punir les crimes et délits récents mais tout le monde ne le sait pas. Les médias, surtout les radios et les télévisions, devraient expliquer et insister sur ce point pour éviter la confusion dans les têtes confuses.

Shou fi

20 h 09, le 23 avril 2020

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Commentaires (9)

  • Il convient d'examiner aussi si le criminel ne pense pas qu'avec la loi d’amnistie à venir il sera pardonné. Il est évident que la loi va mettre une date antérieure de plusieurs mois pour continuer à punir les crimes et délits récents mais tout le monde ne le sait pas. Les médias, surtout les radios et les télévisions, devraient expliquer et insister sur ce point pour éviter la confusion dans les têtes confuses.

    Shou fi

    20 h 09, le 23 avril 2020

  • On pense avant tout aux membres des deux familles: celle de ce tueur déséquilibré...et celle de son épouse...qui vont devoir vivre avec ce fardeau ! Le tueur lui, n'a besoin que d'une chose: qu'on l'enferme dans un hôpital psychiatrique pour le reste de ses jours. Mais, connaissant le pouvoir de certains responsables...on ne serait pas étonnés qu'il soit "excusé" dans peu de temps ! Irène Saïd

    Irene Said

    14 h 50, le 23 avril 2020

  • Tous ces morts sur des suppositions??? Et combien s'il en avait eues??? Comme nous, on a ses aveux, on ne devrait pas hésiter à faire un mort de plus...

    NAUFAL SORAYA

    14 h 38, le 23 avril 2020

  • Le crime d'honneur, qui n'existe plus dans la loi pénale, est restée d'actualité malheureusement dans la mémoire collective. Il faut combattre cette appellation dans la presse et par les autorités en lui attribuant un nom ridicule qui n'encourage pas les criminels à s'y identifier & exécuter leurs basses œuvres au nom de l'honneur, quel honneur?

    Shou fi

    14 h 27, le 23 avril 2020

  • "it's a mad mad mad world"... Que Dieu ait les âmes des victimes! Et que ce même Dieu confirme à cette population libanaise que les femmes n'ont pas à justifier quoique ce soit devant la société! Qu'elle le triche ou non ne justifie aucunement un crime. S'il la trichait serait on indifférents si elle le tuait?? Hypocrisie va! On a tous besoin de traitement psychologie mais surtout civique!

    Wlek Sanferlou

    14 h 09, le 23 avril 2020

  • UN CRIMINEL QUE SEULE LA PENDAISON DOIT ETRE SA PUNITION.

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 28, le 23 avril 2020

  • Avec ce crime que les avocats vont le qualifier de crime d 'honneur on craint que le tueur ne soit libéré prochainement .

    Antoine Sabbagha

    13 h 01, le 23 avril 2020

  • Le plus terrifiant dans ce terrible fait divers est peut-être le commentaire de la famille de la victime, d'après ce que rapporte l'article : La famille de l'épouse tuée a publié un communiqué dans lequel elle rejette les accusations d'adultère portées par le mari, affirmant que la victime "est honorable, contrairement à tout ce qui est dit".

    Melki Elias

    12 h 52, le 23 avril 2020

  • Mazen Harfouche a donc avoué ses crimes sur le ton "ça arrive" (en libanais chi w sar). Des morts selon le code du crime d’honneur. L’enquête est en cours et on lira avec attention ses résultats. Combien de fois au sein d’une fraterie, d’une famille, des crimes de ce genre ont été commis. J’ai encore en mémoire un autre crime tout aussi sordide, mais c’est bien sûr une autre histoire.............

    L'ARCHIPEL LIBANAIS

    12 h 10, le 23 avril 2020

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