La montagne libanaise a été secouée par un crime inédit qui a coûté la vie à neuf personnes, et dont les véritables motifs demeuraient, jusqu’à tard dans la soirée, inconnus. Hier, c’est le village de Baakline dans le Chouf qui était le théâtre d’un véritable bain de sang. Et pour cause : un homme a tué neuf personnes dans l’après-midi. Selon plusieurs médias locaux, il s’agirait de quatre Libanais, dont une femme, et cinq ressortissants syriens.
À l’heure où les services de sécurité poursuivaient leur enquête pour pouvoir identifier le ou les criminels et leurs éventuels complices, plusieurs versions du crime circulaient dans les médias et sur les réseaux sociaux. Des sources informées ont confié à L’Orient-Le Jour qu’une femme libanaise (dont l’époux et son frère ont disparu) a été retrouvée morte, dans sa demeure à Baakline. Les auteurs du crime auraient également assassiné son beau-frère, un Libanais, ainsi que quatre Syriens, dont deux enfants, qui travaillaient dans le chantier en construction dans le voisinage, ajoutent ces sources. Elles font valoir que deux autres Libanais, deux personnes originaires de Ersal (Békaa) mais qui habitent Baakline depuis une décennie, ont également trouvé la mort hier, de même qu’un cinquième Syrien qui se trouvait non loin du lieu du crime.
À en croire le site web al-Anba', organe média du Parti socialiste progressiste, parmi les victimes figureraient notamment K.H, M.A. et M.A. (originaires de Ersal). Il y a aussi le Syrien A.B. et ses enfants H. (15 ans) et A. (10 ans). Un bilan auquel s’ajouterait le Syrien Y.F.
Le sinistre bilan du drame ainsi que son contexte pousseraient certains à évoquer la théorie du crime d’honneur (aboli par la loi libanaise), alors que d’autres n’excluent pas la possibilité que les auteurs du crime soient atteints de troubles d’ordre mental.
Sans vouloir se prononcer sur ce plan, Abdallah Ghosseini, président du conseil municipal de Baakline, a préféré renvoyer la balle dans le camp des services de sécurité. Ceux-ci « poursuivent leurs investigations », s’est-il contenté de déclarer à L’Orient-Le Jour, soulignant que la situation est « tendue » à Baakline. Il a en outre tenu à affirmer que la municipalité n’entend pas prendre des mesures à l’encontre des réfugiés syriens à la suite de ce crime.
Les réactions
Marwan Hamadé, député joumblattiste du Chouf et originaire de Baakline, a souligné que les services de sécurité ont déjà une idée de quelques motifs du crime et continuent à en rechercher les auteurs. Dans une déclaration à la presse depuis Baakline où il s’est rendu quelques heures après le drame, M. Hamadé a souligné qu’il était entré en contact aussi bien avec le leader du PSP, Walid Joumblatt, qu’avec les chefs des Forces libanaises Samir Geagea, et du courant du Futur Saad Hariri. « Ils nous ont présenté leurs condoléances de même que le président de la Chambre, Nabih Berry, le Premier ministre Hassane Diab et le ministre de l’Intérieur Mohammad Fahmi. « Nous accomplirons nos devoirs envers toutes les victimes, y compris les Syriens », a encore dit M. Hamadé, ajoutant : « Nous sommes prêts à assurer des terrains pour les inhumer et à contacter leurs proches. »
Hassane Diab, lui, a dénoncé un « crime horrible ». Il a exhorté les forces de sécurité et les autorités judiciaires à accélérer les investigations relatives à cet incident tragique, afin de révéler ses circonstances et d’identifier les coupables. M. Diab a présenté ses condoléances aux familles des victimes.
commentaires (8)
Si j'ai bien compris, les tueurs sont deux Libanais, et il y a cinq ou six victimes Syriennes. Donc quelqu'un peut-il m'expliquer comment la presence des refugies Syriens est la cause de cette tragedie?
Michel Fayad
18 h 50, le 22 avril 2020