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Culture

Ces musiciens touchés par les épidémies

Franz Schubert, par Wilhelm August Rieder, 1875.

Les maladies et les épidémies ont de toute évidence influé et parfois nourri, même incidemment, le cours de l’inspiration et la facture des partitions des musiciens. Si la légende de Chopin avec la tuberculose a hanté toutes les imaginations – en fait, d’après les dernières recherches, il serait mort de la mucoviscidose, une maladie génétique –, la syphilis a impitoyablement empoisonné et fauché la vie de plus d’un génie de la planète musique. Des maladies qui ont sans doute marqué de leur sceau les trajectoires des musiciens et déteint immanquablement sur la portée de leur inspiration.

Schubert a gardé secret son mal de syphilitique, considéré comme honteux et répréhensible, dans une Vienne paradoxalement à la fois pudibonde et frénétiquement vouée à la licence et la dissipation. Il en a profondément souffert, surtout pour ses violents traitements au mercure, imposés à tâtons, pour une médecine qui n’avait pas encore découvert les bienfaits de la pénicilline. Mais sa mort est restée énigmatique : qui l’a emporté, la syphilis ou le typhus ? Quoi qu’on en dise, le drame flotte autour de sa Symphonie inachevée…

Gaetano Donizetti, par-delà les lustres de la scène lyrique et les prouesses vocales angéliques de ses héroïnes, a été miné par son infection vénérienne. Ainsi que le magicien génois du violon Niccolo Paganini, qui a succombé à ce funeste mal de Naples... Dans cette triste galerie, se rangent aussi Bedrich Smetana, le Français Emmanuel Chabrier et l’Autrichien Hugo Wolf.

Pour dire ces tragédies, la musique est un porte-parole éloquent, un miroir au tain griffé par les souffrances, les crises de folie et de dépression, les poussées de mélancolie et de spleen, les embardées d’espoir et d’euphorie, les éphémères accalmies qu’accordent ces maux au cheminement tortueux mais inexorable.

Mimi et Violetta, héroïnes de Puccini et Verdi (dans les deux œuvres phares La Bohème et La Traviata), meurent littéralement des consomptions de la tuberculose sous le regard des spectateurs. La peste est omniprésente dans les deux autres opus lyriques de Georges Enesco (Œdipe) et Benjamin Britten (Mort à Venise). La grippe espagnole, en se référant au verbe de Guillaume Apollinaire (d’ailleurs décédé à cause d’une asphyxie due à cette grippe fatale) avec une constante obsession de la mort, enrobe la Symphonie n° 14 de Chostakovitch…Parmi les victimes du Covid-19, Manu Dibango, saxophoniste camerounais, est mort à 86 ans sans crier gare de ce mal du siècle, le 24 mars 2020. Il laisse derrière lui une longue liste de titres de CD et compilations, et, en lot de consolation, son dernier enregistrement Blue Dawn, Blue Nights… Pied de nez au destin sans doute avec ce titre d’aube bleue… L’impitoyable faucheuse à couronne a emporté aussi à 59 ans le trompettiste Wallace Roney détenteur d’un Grammy Award. Parmi les victimes probables du coronavirus, le chanteur Christophe. Il n’est toujours pas clair si le dandy de la variété française a succombé au Covid-19, mais sa famille a annoncé qu’il est mort suite à une maladie pulmonaire.

La musique paye son tribut aux grands maux des siècles qui ont quand même fait, d’une manière ou d’une autre, leur intrusion et leur incursion dans les lignes des partitions des musiciens en forçant bien de tonalités à la clef…


Les maladies et les épidémies ont de toute évidence influé et parfois nourri, même incidemment, le cours de l’inspiration et la facture des partitions des musiciens. Si la légende de Chopin avec la tuberculose a hanté toutes les imaginations – en fait, d’après les dernières recherches, il serait mort de la mucoviscidose, une maladie génétique –, la syphilis a impitoyablement...

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