Le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, a assuré lundi, à la veille de la première séance parlementaire organisée depuis le début de la propagation du Covid-19, que le Liban était capable de surmonter la pire crise économique et financière qu'il traverse depuis 30 ans.
"Nous sommes scientifiquement sûrs que le Liban est capable de sortir de ses gros déficits financiers sans toucher aux dépôts ou vendre les biens de l'Etat", a affirmé M. Bassil lors d'une allocution télévisée, alors que la question d'un haircut (ponction sur les dépôts) fait polémique depuis plusieurs semaines dans le pays depuis la fuite dans les médias d'un brouillon du plan de relance sur lequel travaille le gouvernement. Jeudi dernier, le Premier ministre Hassane Diab a tenté de rassurer les Libanais en affirmant dans un discours télévisé que 98 % des déposants échapperont à une ponction des dépôts.
"Nous appelons le gouvernement à mettre en place son plan de sauvetage le plus vite possible. Nous ne voulons pas passer d'une ingénierie financière à une ingénierie immobilière. Si l'Etat a fauté, c'est à travers des personnes qui doivent être tenues pour responsables. La solution passe par la reddition des comptes, pas par la vente des biens de l'Etat", a déclaré Gebran Bassil, avant de s'en prendre au "haririsme" et à ses opposants politiques.
"Des politiques économiques et financières appliquées ces 30 dernières années nous ont mené à l'effondrement. Il y a une campagne pour empêcher le changement et de porter atteinte aux corrompus. C'est la prochaine bataille", a déclaré M. Bassil, gendre du président Michel Aoun, le fondateur du CPL.
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Fonds transférés à l'étranger
"Nous n'accepterons aucun plan de sauvetage ne débutant pas par le recouvrement des fonds volés et transférés à l'étranger", a affirmé le leader aouniste. "Il nous est apparu que 3,7 milliards de dollars ont été sortis durant les mois de janvier et février dernier à partir de dépôts au-dessus d'un million de dollars. Une grande partie de ces fonds ont été transférés à l'étranger", a-t-il déclaré, annonçant qu'une note d'information sur les fonds transférés depuis le 17 octobre, date du déclenchement du mouvement de contestation contre la classe dirigeante, sera bientôt présentée à la justice.
La récupération des fonds détournés fait partie des revendications qui ont été le plus soulevées par les manifestants mobilisés dans tout le pays pendant plusieurs mois dans le sillage de ce mouvement, alors que dans le même temps, les établissements bancaires ont mis en place des mesures drastiques afin de juguler les fuites de capitaux, abaissant fortement les retraits autorisés pour les déposants, surtout en devises.
"Nous avons appelé, depuis le début, à l'adoption d'une loi sur le contrôle des capitaux, avec la question des fonds détournés en tête. Nous le redemandons à nouveau. Si le gouvernement venait à ne pas adopter cette loi, alors nous présenterons la nôtre", a indiqué M. Bassil, l'une des figures politiques les plus contestées par le mouvement du 17 octobre.
Sur un autre plan, le chef du CPL a estimé qu'une amnistie générale, réclamée par les détenus islamistes et leurs familles, n'était pas une "priorité". Cette question polémique est revenue sur le devant de la scène avec la pandémie de coronavirus et la crainte de contaminations dans les prisons du pays.
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commentaires (21)
Comment ose t-il? Non mais à sa place j’irai m’enterrer sous des montagnes de honte et de scrupules. Il Lui manquait encore quelques minutes de cuisson avant de voir le jour. Ça explique le manque de cases.
Sissi zayyat
15 h 28, le 01 mai 2020