Maya Diab, une confinée « très positive »

C’était le 15 mars, mais on dirait que c’était il y a un siècle. Le gouvernement décrétait l’état de mobilisation générale et appelait les Libanais à respecter à leur tour les mesures de confinement à la maison. Les stars ne font, bien sûr, pas exception. Depuis leur domicile, les artistes essaient toutefois de garder le contact avec leur public grâce aux réseaux sociaux, même si certains ont littéralement disparu du paysage, se bornant à publier d’anciennes photos et vidéos qui relèvent aujourd’hui d’un autre temps.

Une des plus actives sur Instagram, en ces temps de crise, est sans doute la chanteuse Maya Diab. Chaque soir, la star, connue pour sa spontanéité et son franc-parler, organise des rencontres en direct de sa maison. Durant ces séances, baptisées #Sidetalks with Maya Diab, elle invite des collègues artistes, comme l’actrice égyptienne Yusra, à se joindre à la discussion, ainsi que des experts en tous genres. Au menu, bien sûr, le Covid-19, mais pas que. « Sidetalks est une idée qui m’est venue une nuit de corona, confie-t-elle à L’Orient-Le Jour. J’ai senti en fait que les gens n’abordaient pas le confinement de la bonne manière ou, pour certains, ne captaient pas le sujet correctement, surtout les petits détails concernant le fait de ne pas sortir, ou encore les mesures d’hygiène à suivre. » Bien avant le confinement, Maya Diab s’était en effet prêtée, pour rire, à l’exercice de désinfecter à coups de spray toute personne lui rendant visite. « Durant ces Sidetalks, je reçois des artistes, des comédiens, des spécialistes dans de nombreux domaines, des psychologues, des médecins, des nutritionnistes et nous discutons en partageant nos points de vue, explique-t-elle encore. C’est à la fois drôle et intéressant. »

« La terre s’est fatiguée de nous »

Maya Diab vit cette période de confinement de manière « très positive. » « Même enfermée, je suis heureuse. Il y a tellement de choses que je rêvais de faire : prendre du temps avec ma fille, ma famille, ou même seule tout simplement. Je m’occupe tellement que je finis tard la nuit. Mais je ne m’attendais pas à ce que ce soit aussi long », ajoute l’interprète de Ya Niyali. « Peut-être que la terre s’est fatiguée de nous, qu’elle a juste envie de respirer. Quelle que soit la théorie à laquelle on croit, il s’agit d’une crise énorme qui prend de court l’humanité entière, et c’est loin d’être terminé. Personnellement, je n’ai pas vraiment peur d’attraper le virus. Je m’inquiète de contaminer mon entourage, ma mère, ma fille, les personnes qui m’aident. C’est pour elles que je prends le maximum de précautions. Si je vivais seule, ce serait différent. »

Il y a plus d’un mois, la star, très branchée mode, a sorti un nouveau clip, Ana, dans lequel elle apparaît en figurine de jeu vidéo plongeant au fond des eaux et s’engouffrant dans les tuyauteries. Aujourd’hui, elle ne sort que pour se rendre au supermarché ou à la pharmacie ! La présentatrice de Hek Menghanneh sur MTV s’étonne toutefois d’entendre encore de trop nombreux klaxons dans les rues et de voir une partie des Libanais poursuivre leur vie comme si de rien n’était. « Peut-on vraiment les blâmer ou sont-ils dans un tel besoin pour être obligés de sortir de leur confinement ? Un grand nombre de Libanais vivent sous le seuil de pauvreté. L’ignorance est étroitement liée à ce problème, et notre pays avait déjà touché le fond bien avant le coronavirus. »

Un message aux éducateurs

D’habitude zen, souvent de très bonne humeur, Maya Diab ne peut s’empêcher de s’énerver en abordant un autre sujet phare de cette crise, l’enseignement à distance que suit sa fille, Kay, âgée de 12 ans. « Nos responsables prennent-ils réellement en considération la qualité de la connexion internet au Liban ? » s’insurge-t-elle. « Et pourquoi provoquer toute cette panique pour une année que tout le monde va perdre en tout cas ? Nos enfants partagent déjà notre anxiété souvent contagieuse, écoutent à la télévision des vérités qu’on ne peut leur cacher, cette pression en plus me semble inutile dans ces conditions. La seule priorité aujourd’hui est à mes yeux leur santé », poursuit-elle sur sa lancée.

Et de constater : « Ce que nous vivons est très bizarre. Nous nous sommes réveillés un jour sur un monde nouveau, une vie qui relève du surnaturel. La beauté du monde est altérée. Toutes les places romantiques qu’on aimait visiter sont devenues des places vides où l’on fait le décompte des morts. Je ne sais pas comment les habitants de ces villes aussi touchées font pour survivre à la tristesse. Avant, il était possible de s’évader quand les problèmes de notre pays devenaient trop lourds. Aujourd’hui, on ne peut aller nulle part. On se dit même que le Liban, c’est mieux qu’ailleurs. » « S’il est encore tôt pour tirer des leçons, ma seule envie, actuellement, c’est de prendre de nombreuses personnes dans mes bras. Nous savions que rien n’a réellement trop d’importance dans la vie, mais le coronavirus est venu nous rappeler qu’il est parfois plus important de prendre soin des autres que de soi-même. »

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