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Lifestyle - Liban Pop

Dix ans plus tard, Joseph Attiyé chante toujours « Lebnan rah yerjaa »

« J’espère que ma chanson n’aura bientôt plus de raison d’être », confie l’artiste à « L’Orient-Le Jour », commentant le succès fou de ce tube engagé devenu un classique et un hymne à la révolution.

Joseph Attiyé, patriotique et talentueux. Photo DR

Facile de créer des tubes dans le monde de la pop. Mais signer des classiques, de nos jours, reste un grand défi pour de nombreux chanteurs. Rares sont les chansons récentes qui sont arrivées à braver l’épreuve du temps et à devenir des incontournables. Des chansons d’amour, parfois, mais également des chants patriotiques dédiés au Liban et devenus en quelques années des hymnes qui retentissent à chaque fois que la révolution appelle les Libanais à noircir les places. C’est le cas de Lebnan rah yerjaa (el-Hak ma bimout), de Joseph Attiyé. S’il a été repris sur toutes les pistes de danse par les férus de dabké, ce tube, sorti en 2009, s’est surtout, en dix ans, imposé lors de tous les événements patriotiques.




Écrite par Samir Nakhlé et composée par Hicham Boulos, la chanson du jeune vainqueur de la Star Academy, alors tout juste âgé de 22 ans, souligne l’attachement des Libanais à leur terre et leur détermination à faire prévaloir la justice, et surtout à rester optimistes. Son succès fou n’était pourtant pas attendu. « Je me rappelle que le sujet s’était présenté à l’époque de manière spontanée, raconte ainsi Joseph Attiyé à L’Orient-Le Jour. J’étais plein d’enthousiasme et vivais une grande émotion ; je voulais présenter une chanson pour mon pays. » « En fait, la chanson engagée n’a pas besoin d’occasion pour exister, poursuit-il. Les Libanais sont attachés au Liban et ont toujours eu une occasion de chanter pour leur pays et d’exprimer leurs revendications. » « Aujourd’hui, cette chanson ne m’appartient plus, estime Joseph. Elle appartient aux gens, et je suis heureux de l’entendre dans les manifestations. Je pense qu’elle a en effet réussi car elle présente un sujet avec des mots simples, un langage proche des Libanais qu’ils répètent chaque jour, eux qui disent qu’ils ne comptent pas quitter leur pays quoi qu’il arrive. » « Personne n’avait prédit un tel succès pour cette chanson, confie pour sa part Amine Abi Yaghi, le directeur de Star System, la boîte qui avait produit le titre. À l’époque, nous ne sentions pas qu’une chanson engagée était nécessaire, mais Joseph avait insisté. Son intuition était la bonne puisque cette chanson est devenue immortelle, l’une des rares chansons patriotiques que l’on peut retenir des deux dernières décennies au Liban. Qui l’aurait dit ? »




Vivre de nouveau

Pour Joseph Attiyé, tant que les Libanais chantent que « le Liban reviendra », cela veut dire que rien n’a vraiment encore changé. « J’espère qu’un jour, cette chanson n’aura plus de raison d’être », affirme le jeune chanteur originaire de Batroun, qui assure soutenir la révolution du 17 octobre contre la classe dirigeante. « Avec cette intifada, nous vivons de nouveau, dit l’interprète de Hobb w mkattar, Weilak et La Trouhy. Évidemment, je me sens concerné en tant que jeune citoyen qui a choisi de faire sa vie ici, et j’ai participé au mouvement à ma manière. »

Et d’ajouter : « Je soutiens à fond les revendications, surtout pour nos droits les plus basiques, comme l’eau, l’électricité, des opportunités de travail pour les jeunes qui émigrent. Toutefois, je n’apprécie pas les tensions entre les gens indépendants et les partisans, des disputes qui font sortir la révolution de son chemin. » « Il faut à présent surtout préserver nos liens de fraternité malgré toutes nos différences et notre diversité. Il faut comprendre que toutes les personnes ne pensent pas de la même manière et que certains voient les choses sous un angle différent », poursuit le chanteur qui avait activement participé à l’extinction des incendies du 15 octobre aux côtés des pompiers et des citoyens.

Optimiste comme sa chanson ? Joseph Attiyé assure que l’espoir subsiste envers et contre tout. « Ce qui m’encourage le plus, dit l’artiste aux quatre albums, c’est de voir les Libanais unis au-delà de leurs divisions partisanes et confessionnelles. Cette révolution est authentique, et c’est un nouveau début qui prédit un avenir où nous pourrons préserver les confessions et abolir le confessionnalisme. » En attendant, Joseph Attiyé espère un gouvernement de ministres compétents qui puisse sauver le pays du Cèdre en ces temps de crise. Il rappelle, comme l’exprime son tube : « Le Liban est un paradis sacré protégé par le ciel, ne le mettez pas en péril ! »


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