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Société - personnel soignant

Dans plusieurs hôpitaux libanais, le corps infirmier est privé de ses droits

À l’occasion de la Journée mondiale de la santé, Jan Kubis et plusieurs députés ont rendu hommage au corps soignant.

Une infirmière et un infirmier à l’hôpital Rafic Hariri, en février dernier. Anwar Amro/AFP via Getty Images

Sandra* travaille dans un hôpital du Liban-Nord depuis plus de trente ans. Quinquagénaire, occupant aujourd’hui le poste de directrice des soins, elle n’a jamais hésité à servir les patients avec tout le dévouement et l’altruisme que le métier d’infirmier sous-entend. Une profession qui a été saluée hier à l’occasion de la Journée mondiale de la santé par plusieurs députés, ainsi que par Jan Kubis, coordinateur spécial des Nations unies au Liban, qui a rendu un hommage sur son compte Twitter au « corps médical libanais et international, en première ligne dans la lutte contre le coronavirus au Liban et dans le monde, au prix de lourds sacrifices ». « Ce corps médical est ce que l’humanité a de mieux », a-t-il écrit.

Au Liban toutefois, ce travail n’est pas toujours apprécié à sa juste valeur… Du moins par la direction de plusieurs établissements hospitaliers qui n’hésitent pas à « réduire les salaires du corps infirmier », prétextant la crise économique que connaît le secteur hospitalier depuis des années, mais aussi celle qui sévit dans le pays. « Le problème se pose essentiellement au niveau des petits hôpitaux et non des grands établissements », explique à L’Orient-Le Jour Mirna Doumit, présidente de l’ordre des infirmières et infirmiers. « Comme si la dévaluation de la livre ne suffisait pas, l’administration de ces établissements a trouvé le moyen de réduire les salaires des membres du corps infirmier, poursuit-elle. De plus, on les oblige à prendre des vacances non payées et si les infirmiers osent contester ces décisions, on les menace de renvoi. »


(Lire aussi : Des soins gratuits à domicile : le combat d’infirmiers bénévoles, au Liban-Nord, contre le coronavirus)


Sandra raconte que l’administration de l’hôpital où elle travaille lui doit plus de sept mois de salaires. « Tous les deux mois, ils nous paient l’équivalent d’un salaire, ajoute-t-elle. Cette situation n’est pas récente. Elle n’est pas non plus liée à l’épidémie de Covid-19 ni au soulèvement populaire du 17 octobre. Elle dure depuis au moins un an. »

Elle souligne que le mouvement de contestation a toutefois servi de prétexte à ses directeurs pour durcir encore plus les mesures. Sandra raconte ainsi que depuis fin octobre, « on nous a obligés à prendre des congés non payés ». « En tant que directrice des soins, je travaille cinq jours par semaine, poursuit-elle. Mes horaires ont été réduits à trois jours, avec bien entendu une réduction de mon salaire, puisque les deux autres jours ne sont pas comptés. Les infirmiers à l’étage se retrouvent dans la même situation. Ils ne viennent à l’hôpital que s’il y a des patients. » Avec les mesures de confinement mises en place pour enrayer la propagation du virus, les hôpitaux ne reçoivent plus que les cas urgents. « De plus, mon salaire a été réduit de près de 20 %, déplore Sandra. La direction nous a aussi supprimé tous nos acquis, comme les bourses scolaires, les primes et le treizième mois. Si nous osons nous plaindre, on nous indique la porte de sortie. »

Maha*, aide-soignante dans un hôpital du Liban-Nord, se retrouve aussi dans la même situation. « Cela fait près d’un mois que je suis à la maison, dit-elle. Je crains même d’être licenciée. Le directeur de l’hôpital nous dit que nos revendications sont justes, mais qu’il ne peut rien faire. Lorsque je touche mon salaire, ce qui en reste est vraiment une misère. »

Les deux femmes ont des obligations envers leurs familles respectives et croulent sous les dettes. Pour survivre, Maha cuisine des petits plats que des connaissances lui commandent et compte sur l’aide de ses deux enfants. Quant à Sandra, elle affirme « compter sur la miséricorde divine ». « Mais cela ne m’empêche pas d’accomplir mon devoir avec toute l’attention et la minutie que cela nécessite », assure-t-elle.

Face à cette situation qui sévit, l’ordre a soumis une liste de ces établissements au syndicat des propriétaires des hôpitaux, note Mirna Doumit, affirmant que la situation dans laquelle se trouve le corps infirmier nécessite une action urgente de la part des autorités concernées. Saluant les hôpitaux qui prennent en charge les cas de Covid-19 qui « n’ont pas manqué de respect envers les infirmiers », elle conclut en affirmant que « l’épidémie a démontré que le corps infirmier est aux premières lignes de défense de la santé au Liban ».

* Les prénoms ont été modifiés.


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Sandra* travaille dans un hôpital du Liban-Nord depuis plus de trente ans. Quinquagénaire, occupant aujourd’hui le poste de directrice des soins, elle n’a jamais hésité à servir les patients avec tout le dévouement et l’altruisme que le métier d’infirmier sous-entend. Une profession qui a été saluée hier à l’occasion de la Journée mondiale de la santé par plusieurs...

commentaires (2)

LE BORDEL EST GENERAL DANS LE PAYS. MARIKA AU LIBAN ET MADAME CLAUDE EN FRANCE GERAIENT BIEN MIEUX LEURS BORDELS QUE L,ETAT LIBANAIS.

LA LIBRE EXPRESSION

11 h 13, le 08 avril 2020

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Commentaires (2)

  • LE BORDEL EST GENERAL DANS LE PAYS. MARIKA AU LIBAN ET MADAME CLAUDE EN FRANCE GERAIENT BIEN MIEUX LEURS BORDELS QUE L,ETAT LIBANAIS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 13, le 08 avril 2020

  • c'est par les grèves que les travailleurs obtiennent des droits et tout le monde sait que l'union fait la force;si tous sont d'accord pour faire la grève ,la direction cède et si les fonds manquent ,il y a des hommes très riches au Liban .J.P

    Petmezakis Jacqueline

    09 h 50, le 08 avril 2020

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