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Société - Liban

Des soins gratuits à domicile : le combat d’infirmiers bénévoles, au Liban-Nord, contre le coronavirus

Cette initiative a pour but de diminuer la charge financière sur les patients, de réduire la pression sur les hôpitaux et de limiter les risques de contamination.

Une photo des membres du groupe d’infirmiers volontaires sur la place Abdel Hamid Karamé à Tripoli. Photo Omar el-Haddad

« Les infirmiers sont les soldats de cette guerre », lance Omar el-Haddad, un infirmier de 25 ans, en allusion à la lutte contre le coronavirus. Et pour sauver les vies, ce jeune homme et ses collègues au Liban-Nord ont eu l’idée de créer un groupe, baptisé l’« infirmier bénévole », offrant aux patients les plus vulnérables des services à domicile. « Cette initiative a trois objectifs principaux : diminuer la charge financière sur les patients qui croulent déjà sous le poids de la crise économique, réduire la pression sur les hôpitaux pour qu’ils puissent se consacrer aux cas liés à l’épidémie et finalement limiter le risque de contamination dû à la présence des patients traités dans ces établissements », explique le jeune homme à L’Orient-Le Jour. Pour l’avoir vécue lui-même, Omar el-Haddad, originaire du quartier al-Mankoubin à Tripoli, l’un des plus pauvres de la ville, dit savoir ce que signifie être dans la misère. « Depuis le début de la crise économique et financière, nous avons vu des patients se rendre à l’hôpital et demander aux infirmiers de les soigner à la va-vite pour éviter d’avoir à s’acquitter d’une lourde facture alors qu’ils n’ont sur eux que 5 000 livres », raconte le jeune homme. « Lorsque le premier cas de coronavirus a été enregistré au Liban, nous avons décidé qu’il était temps d’agir pour limiter les risques de propagation du virus, et pour aider les plus fragiles durant cette période difficile », ajoute-t-il.



Un service professionnel et sûr
 Au départ, l’action de ces infirmiers bénévoles se limitait aux habitants de la ville de Tripoli. « Nous avons plus tard élargi notre champ d’action pour pouvoir servir un plus grand nombre de patients puisque nous comptons parmi nous des personnes originaires des cazas voisins », dit le jeune infirmier « Nous sommes aujourd’hui huit bénévoles à Tripoli, cinq dans le Akkar, quatre à Denniyé et trois à Minyé ». Le jeune homme assure que cette initiative est complètement autofinancée : « Nous payons le transport pour nous rendre chez les patients et nous achetons parfois le matériel de base (des compresses, des gants, des masques chirurgicaux ou autres) lorsque le patient n’a pas les moyens de le faire lui-même. » Mais, pour mieux servir leurs communautés, les membres du groupe ont sollicité l’aide de la municipalité de Tripoli qui a promis de leur offrir un bureau au siège de la municipalité, une hotline et une ambulance équipée. « Tous les infirmiers sont diplômés et membres de l’ordre des infirmiers et des infirmières du Liban », assure Omar el-Haddad. « Les tâches liées aux activités de sensibilisation ont été assignées aux infirmiers n’ayant pas encore leur permis d’exercer la profession et qui ont exprimé leur désir de rejoindre le groupe », ajoute le jeune infirmier. Les professionnels, quant à eux, offrent tous les soins ne nécessitant pas une visite à l’hôpital, comme les pansements, l’injection intramusculaire, l’injection d’insuline, la pose d’une perfusion, d’une sonde urinaire ou ce qui est lié à l’alimentation par sonde nasogastrique. Si les bénévoles offrent gratuitement soins et matériel basique, les médicaments sont, eux, fournis par le patient.



(Lire aussi : Plus de 150 équipes secouristes de la Croix-Rouge sur le pied de guerre dans tout le Liban)




Infirmiers et infirmières mobilisés
En contrepartie de ces services offerts gratuitement, les infirmiers bénévoles reçoivent des remerciements et des prières de la part des patients et de leurs familles. « Dès qu’on met les pieds dans la maison du patient, on ne cesse de nous souhaiter longue et heureuse vie, on prie Dieu pour qu’il nous protège et nous donne la force de continuer », raconte Omar el-Haddad avant de poursuivre avec une pointe d’humour : « On nous offre tout ce qu’il y a à boire et à manger dans la cuisine de la maison, souvent très modeste. » L’infirmier assure que leur groupe offre les soins aux patients sans aucune discrimination qu’elle soit liée à la religion, à l’âge, au sexe ou autre. Souad Kanaan, infirmière membre du groupe, âgée de 26 ans, prend en charge notamment les patientes qui demandent expressément d’être soignées par une femme. « Nous prenons en considération tous les souhaits des patients et nous respectons leur volonté », affirme Mme Kanaan. « Je ressens une immense satisfaction lorsque les gens apprécient notre geste et nous en remercient », dit-elle. Selon la jeune infirmière, l’initiative est en mesure de contribuer à la lutte contre la propagation du coronavirus surtout qu’elle encourage de plus en plus de personnes à rester chez elles et à éviter de se rendre dans les hôpitaux où le risque d’être contaminé est plus élevé. « Nous tenons également à expliquer à tous les gens que nous rencontrons l’importance de rester chez eux et à leur montrer comment se laver les mains par exemple », ajoute-t-elle. M. el-Haddad renchérit : « En tant qu’infirmiers et infirmières, nous ne pouvons pas rester cloîtrés chez nous en cette période difficile. » « Nous pouvons sauver plusieurs vies si l’on apprend à une seule personne comment bien se laver les mains ou si l’on réussit à réduire le nombre de patients se rendant dans les hôpitaux, et donc sortant de leurs maisons », insiste-t-il. « Nous ne pouvons pas rester à l’écart alors que nous sommes appelés à être sur la ligne de front », conclut le jeune infirmier.



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commentaires (2)

TRES EMOUVANT. BRAVO.

LA LIBRE EXPRESSION

11 h 49, le 23 mars 2020

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Commentaires (2)

  • TRES EMOUVANT. BRAVO.

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 49, le 23 mars 2020

  • Une révérence sincère et particulière à ces courageux jeunes infirmiers et infirmières!! Allah yaatikoun el oué!

    Wlek Sanferlou

    01 h 03, le 23 mars 2020

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