Le chef du Courant patriotique libre (fondé par le chef de l'Etat, Michel Aoun), Gebran Bassil, a appelé samedi les autorités à lancer une vaste campagne de dépistage du nouveau coronavirus, au moyen de tests rapides PCR effectués gratuitement, afin d'éviter une "catastrophe" sanitaire au Liban, où jusqu'à présent 520 cas ont été détectés. Évoquant lors d'un discours télévisé la question du retour des expatriés, le député de Batroun a estimé que des rapatriements massifs risquent de constituer une "bombe à retardement" dans le pays.
Revenant sur "l'accumulation de crises" que traverse le Liban, le chef du CPL a déclaré que "les chrétiens, qui vont devoir passer la fête des Rameaux et la Semaine Sainte à la maison, et les musulmans qui vivront probablement le Ramadan dans les mêmes conditions, sortiront tous vainqueurs" de la situation, grâce à leur "résilience". "La résilience est la plus grande caractéristique des Libanais et nous devons l'appliquer en restant chez nous", a-t-il déclaré. Il a dans ce contexte souligné que la plus grande responsabilité, en ce qui concerne la mobilisation générale, "doit être portée par les citoyens", exhortant toutefois les autorités à ne fermer les yeux sur aucune violation de la mobilisation générale. "Si nous ne nous y conformons pas, nous risquons d'atteindre une situation où les hôpitaux ne pourront accueillir aucun patient, qu'il soit contaminé par le coronavirus ou qu'il souffre d'une autre maladie". Et d'évoquer le risque qu'en cas d'aggravation de la crise "nous ne pourrons peut-être pas compter sur des aides étrangères", les autres pays du monde souffrant également de la pandémie.
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Dépistage
Gebran Bassil a salué "la solidarité" des Libanais, via le lancement de nombreuses initiatives partisanes ou de la société civile. Il a encore estimé que la campagne lancée par le gouvernement afin de venir en aide aux familles les plus défavorisées, en leur distribuant 400 000 livres libanaises "est bonne mais pas suffisante". "Nous savons tous que le ministre des Affaires sociales (Ramzi Moucharrafiyé, ndlr) ne peut pas se baser sur le programme de lutte contre la pauvreté et les listes établies par les ministres précédents, qui ont manipulé les critères pris en considération", a-t-il accusé, ajoutant que ces listes nécessitent une actualisation, le niveau de pauvreté ayant augmenté.
Le chef du CPL a par ailleurs appelé à une campagne de dépistage plus intensive des cas de coronavirus au Liban, avec des tests gratuits, disant craindre "une catastrophe" si cela n'est pas mis en place. "Cela fait des semaines que nous essayons de convaincre le ministère de la Santé de mettre en place ce procédé, sans succès", a-t-il lancé, appelant le gouvernement à assumer ses responsabilités.
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"Bombe à retardement"
Concernant le retour des expatriés, qu'il avait réclamé la semaine dernière et qui doit commencer ce dimanche, il a mis en garde contre une "bombe à retardement". "Tous les expatriés ne peuvent pas rentrer au pays, mais les rapatriements doivent concerner prioritairement les personnes dans le besoin", a-t-il déclaré, se disant "peu rassuré" concernant ce dossier. Il a exhorté les Libanais à "ne pas monter dans un avion si une seule personne contaminée se trouve à bord". Le chef du courant aouniste a encore appelé la compagnie aérienne Middle East Airlines à faire preuve de responsabilité dans cette affaire, estimant qu'elle ne doit pas utiliser ces rapatriements "pour compenser ses pertes dues à la suspension des vols". Et M. Bassil de réclamer "une enquête financière" à ce sujet.
Il a en outre appelé le Parlement à "recommencer à travailler" et à tenir des séances "à distance", ce qui est selon lui "techniquement possible".
S'exprimant par ailleurs longuement sur la crise économique et financière que traverse le pays, la plus aiguë de ces trente dernières années, Gebran Bassil a affirmé que la loi actuellement discutée par le gouvernement pour réguler les mesures de capitaux appliquées depuis des mois dans les banques était "la pierre angulaire" de la réforme du secteur bancaire. "Nous sommes engagés à ne pas laisser s'effondrer le secteur bancaire", a-t-il souligné. Concernant la restructuration de la dette du pays, il a appelé à des "négociations immédiates et sérieuses avec le Fonds monétaire international" afin de mettre sur pied un programme de financement du Liban dont les conditions "conviendraient au Liban, sans aucune clause politique qui porterait préjudice au pays".
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commentaires (15)
M. Bassil a rasion sur certains sujets qu'il a évoqués et pas d'autres . Les politiciens le matraquent , les médias , et ceci influe sur les gens qui ne discernent plus le bon du mauvais . À mon avis et tant que c'est lui seul qui est en particulier attaque de tout bord , ca me laisse réfléchir .
Lecteurs OLJ 2 / BLF
08 h 43, le 05 avril 2020