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Société - Interview express

« Le stock d’équipements de protection individuelle de la Croix-Rouge libanaise est presque épuisé »

« Jusqu’à présent, la CRL n’a pas reçu d’aide du gouvernement avec qui nous collaborons depuis le premier jour de l’épidémie », regrette Georges Kettané.

Les secouristes à l’œuvre. Photo tirée du compte Facebook de la CRL

Bien avant la déclaration du premier cas d’infection au coronavirus au Liban, le 21 février, la Croix-Rouge libanaise (CRL) était déjà prête pour faire face à cette épidémie. Membre du comité national de suivi de l’épidémie, cette institution travaille sur plus d’un front pour aider les autorités locales dans leur stratégie. Le point avec Georges Kettané, secrétaire général de la CRL.


Comment la Croix-Rouge libanaise s’est-elle préparée pour faire face à l’épidémie ?

La CRL est toujours appelée à gérer des crises. Depuis 2014, nous avons développé un plan de contingence pour faire face à l’épidémie d’Ebola, de grippe H1N1 et maintenant au Covid-19. Lorsque le Liban a commencé à recevoir, à partir du 5 février, des cas de personnes suspectées d’avoir contracté le coronavirus, la CRL était déjà prête à transporter les patients. Nos équipes étaient déjà formées pour ces missions. Par ailleurs, nous travaillons avec le ministère de la Santé et le syndicat des hôpitaux privés pour identifier des hôpitaux dans les régions qui recevront des patients contaminés par le coronavirus. De plus, nous avons pris des mesures dans les différents secteurs pour protéger nos équipes et les personnes qui nous sollicitent dans ces centres.



Combien de secouristes sont affectés aux missions liées à l’épidémie de Covid-19 ?

La CRL compte 350 ambulances et près de 4 000 secouristes. Tous ne sont pas affectés aux missions liées aux infections au coronavirus et travaillent selon un programme de rotation. Dans chaque centre, une équipe est mobilisée pour de telles missions. Nous sommes soucieux de la sécurité de nos secouristes. Nous prenons toutes les précautions nécessaires pour qu’aucun d’eux ne contracte le virus lors d’une mission et ne le transmette à ses collègues.


(Lire aussi : « Chacun a pleuré seul, dans son coin » : les funérailles au temps du coronavirus)


Comment se déroule une mission ?

Nous suivons des protocoles bien précis. Nous sommes avertis des cas soit par le centre d’appel du ministère de la Santé, soit par l’hôpital universitaire Rafic Hariri. Les patients peuvent aussi appeler directement la CRL au 140. Quelle que soit la source qui nous avertit des cas, ceux-ci sont tous dirigés vers une équipe de la CRL qui fait un interrogatoire et un filtrage, en coordination avec le ministère de la Santé et l’hôpital Hariri.

Pour le transport d’un patient, l’ambulance est vidée de tous les matériels qui ne sont pas nécessaires pour la mission. Les secouristes se dirigent vers l’endroit indiqué, mais n’endossent leur PPE (Personal Protective Equipment ou équipement de protection individuelle) que lorsqu’ils sont à proximité de l’endroit où se trouve le patient. Ils le font selon des critères biens précis, et ce pour éviter d’alimenter la panique qui sévit déjà. Le patient est par la suite transporté à l’hôpital Rafic Hariri, sachant qu’actuellement d’autres hôpitaux privés commencent à recevoir des cas. Une fois à l’hôpital Hariri, les secouristes enlèvent leur PPE sur place, ces équipements sont à usage unique et sont détruits immédiatement. Si on est appelé à transférer un patient d’un hôpital à un autre, un médecin accompagne l’équipe de secouristes. Il est muni de ses propres équipements dont il pourrait avoir besoin, comme un respirateur.

Après chaque mission, l’ambulance est entièrement désinfectée sur les lieux mêmes de l’hôpital. Elle n’est utilisée de nouveau que huit heures plus tard. Il faut savoir qu’une mission liée au transfert d’un patient contaminé par le virus n’est pas une urgence et les gens doivent attendre. Elle nécessite au moins deux heures de temps pour être menée à bout.


(Lire aussi : Le nerf de la coronaguerre, l'édito de Issa GORAIEB)



Combien vous coûte la mission ?

850 dollars. Notre stock de PPE est presque épuisé et ce matériel est en rupture de stock sur le marché libanais. On en trouve sur le marché noir, mais à des prix élevés. Un appel global a été lancé à l’aide de la Fédération internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, en coordination avec le Comité international de la Croix-Rouge et le mouvement Croix-Rouge et Croissant-Rouge. Jusqu’à présent, la CRL n’a pas reçu d’aide du gouvernement avec qui nous collaborons depuis le premier jour de l’épidémie.


De quoi la CRL a-t-elle besoin ?

Pour le transport des patients contaminés au coronavirus, nous avons essentiellement besoin des équipements de protection individuelle. Mais ces missions relatives à l’épidémie de Covid-19 ne constituent qu’un volet des activités de la CRL qui n’a pas suspendu ses autres missions liées aux accidents de travail, de la route, aux arrêts cardiaques, aux secours, au don de sang…

La CRL a beaucoup grandi et ses responsabilités ont augmenté, ainsi que ses dépenses. Nous cherchons à protéger nos secouristes et à renouveler nos équipements pour qu’ils répondent aux normes de l’Organisation mondiale de la santé, avec qui nous collaborons dans le cadre de campagnes de sensibilisation. Nous collaborons aussi pour ces campagnes avec l’Unicef.

Sur le plan logistique, il est important pour nous d’avoir la localisation géographique des patients suspects ou confirmés pour prendre les mesures et les précautions nécessaires lorsque nous recevons un appel pour des missions dans les endroits à risque, mais aussi pour la préparation des équipes dans ces régions.


Quid des tests à domicile ?

C’est une très bonne idée, mais nous ne pouvons pas prendre la place du gouvernement. La CRL, qui couvre l’ensemble du territoire, peut assurer la logistique pour le transport des tests, mais ne peut pas elle-même effectuer ces tests. C’est la responsabilité du gouvernement et des autorités.


La MTV organise un téléthon dimanche, de 10 heures à minuit, au bénéfice essentiellement de l’hôpital Hariri, de la CRL et des familles lésées par l’épidémie.


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Bien avant la déclaration du premier cas d’infection au coronavirus au Liban, le 21 février, la Croix-Rouge libanaise (CRL) était déjà prête pour faire face à cette épidémie. Membre du comité national de suivi de l’épidémie, cette institution travaille sur plus d’un front pour aider les autorités locales dans leur stratégie. Le point avec Georges Kettané, secrétaire...

commentaires (5)

Bravo à tous le personnel de La Croix Rouge lIbanaise. J'encourage tout le monde à faire un don pour les soutenir dans leur démarche et qu'ils aient les moyens de se protéger pour sauver des Libanais. J'habite en Suisse et je pense que toutes les personnes attachées au Liban doivent faire de même. http://www.redcross.org.lb/SubPage.aspx?pageid=247&PID=158 Bank name: Fransabank Account Name: Croix Rouge Libanaise Account# 0101LBP1515019937411 IBAN# LB44 0001 0101 LB1 5150 1993 7411 Currency: LBP SWIFT: FSABLBBX Bank name: Fransabank Account Name: Croix Rouge Libanaise Account# 0101USD1515019937418 IBAN# LB46 0001 0101 USD1 5150 1993 7418 Currency: USD SWIFT: FSABLBBX

Gth

22 h 02, le 21 mars 2020

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Commentaires (5)

  • Bravo à tous le personnel de La Croix Rouge lIbanaise. J'encourage tout le monde à faire un don pour les soutenir dans leur démarche et qu'ils aient les moyens de se protéger pour sauver des Libanais. J'habite en Suisse et je pense que toutes les personnes attachées au Liban doivent faire de même. http://www.redcross.org.lb/SubPage.aspx?pageid=247&PID=158 Bank name: Fransabank Account Name: Croix Rouge Libanaise Account# 0101LBP1515019937411 IBAN# LB44 0001 0101 LB1 5150 1993 7411 Currency: LBP SWIFT: FSABLBBX Bank name: Fransabank Account Name: Croix Rouge Libanaise Account# 0101USD1515019937418 IBAN# LB46 0001 0101 USD1 5150 1993 7418 Currency: USD SWIFT: FSABLBBX

    Gth

    22 h 02, le 21 mars 2020

  • Pauvre Croix Rouge elle seule n 'y peut rien pour assurer du matériel en rupture de stock et qui se trouve seulement sur le marché noir ,la police devra intervenir .

    Antoine Sabbagha

    18 h 26, le 21 mars 2020

  • Bravo à toutes ces personnes, dévouées, qui se consacrent à une tâche difficile et dangereuse. Que Dieu vous protège. Il est certain que rien n'a été fait dans le passé pour se préparer à quelque crise qu'elle soit humanitaire ou sanitaire. Nos dirigeants étaient occupés à amasser le gain et à remplir leurs comptes en suçant le peuple et ses ressources.

    Citoyen

    15 h 26, le 21 mars 2020

  • Le seul stock qui ne s'épuisera jamais au Liban c'est celui de la corruption et de la stupidité. Pavlov.

    FRIK-A-FRAK

    11 h 24, le 21 mars 2020

  • OU SONT LES RESPONSABLES POUR APPROVISIONNER LE NECESSAIRE ET PLUS ENCORE EN PREVOYANCE DE CE QUI PEUT VENIR ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 43, le 21 mars 2020

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