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À La Une - Finance

Wazni évoque « des différences de point de vue » entre le Liban et le FMI

Le ministre libanais des Finances, Ghazi Wazni, le 12 mars 2020 lors d'un entretien accordé à l'agence Reuters, à Beyrouth. Photo REUTERS/Mohamed Azakir

Le ministre libanais des Finances, Ghazi Wazni, a affirmé dans un entretien publié aujourd'hui par le Financial Times que les discussions entre le gouvernement et le Fonds monétaire international (FMI) concernant les termes d’un éventuel programme d’assistance pour soutenir le pays qui traverse une grave crise économique et financière, avaient été « constructives » jusqu’ici et constituaient « un premier pas positif ».

Le ministre a néanmoins estimé  que les négociations à venir ne seront pas simples. « Il y a beaucoup de différences entre notre point de vue et celui du FMI », a-t-il concédé, évoquant par exemple le fait que l’organisation internationale serait en faveur d’une hausse généralisée de la TVA, alors que le gouvernement voudrait la limiter aux produits de luxe. « Nous ne voulons pas prendre de mesures qui augmentent la souffrance de la population » a encore souligné Ghazi Wazni, un message qu’il a répété à plusieurs reprises ces dernières semaines.

Fragilisé par des années de mauvaise gestion et d’instabilité politico-sécuritaire locale et régionale, le Liban s’est engouffré courant 2019 dans la pire crise depuis la fin de la guerre civile (1990). Une situation qui a conduit les autorités à faire défaut sur l’échéance d’eurobonds (titre de dette en dollars) du 9 mars pour négocier une restructuration de sa dette publique avec ses créanciers, une première dans l’histoire du pays. Courant février, une délégation du FMI s’est rendue au Liban à la demande des autorités pour établir un premier diagnostic en amont. Le gouvernement prépare un plan de redressement qui devrait être prêt dans les prochaines semaines et dont le contenu sera décisif pour la suite des négociations avec les créanciers. Le pays est enfin quasiment à l’arrêt depuis le début de la semaine, en raison de l’état d’urgence sanitaire décrété par les autorités pour contrer la propagation de la pandémie du  nouveau coronavirus (Covid-19).


(Lire aussi : Négociations de la dette : le Liban sera a priori fixé d’ici au quatrième trimestre, déclare Raoul Nehmé à L'OLJ)

 


Divergence sur la TVA

Pour l’heure, le gouvernement n’a toujours pas officiellement sollicité un programme d’aide du FMI. Initialement opposé à toute intervention de l'organisation, le Hezbollah a  récemment assoupli sa position en affirmant consentir à toute aide internationale, pourvu qu’elle ne soit pas couplée à des conditions rédhibitoires qui iraient à l’encontre des « intérêts nationaux », selon les propos du secrétaire général du parti chiite, Hassan Nasrallah.

Le point d’achoppement entre les autorités libanaises et le FMI évoqué par le ministre des Finances (qui appartient au mouvement Amal, l’autre principale formation chiite du pays) concernant la TVA ne devrait pas convaincre tous les experts qui observent la situation. Dans une interview à L’Orient-Le Jour, l’économiste en chef pour la zone Mena de l’institut de la finance internationale, Garbis Iradian, avait jugé peu probable que l’organisation recommande d’augmenter la TVA  à un moment où le PIB libanais se contracte, pour éviter de fragiliser davantage la situation économique du pays, déjà précaire.


(Lire aussi : Haircut sur les dépôts : les trois alternatives envisagées par le gouvernement)



Dans son entretien au FT, le ministre des Finances est enfin revenu sur les alternatives envisagées pour éviter qu’une opération de restructuration de la dette passe par un haircut (une coupe) sur les dépôts bancaires, un point qu’il avait déjà évoqué lors de l’entretien accordé il y a deux semaines à la chaîne LBCI – et sur lequel L’Orient-Le Jour était revenu en détail mardi dernier.

L’une des pistes consiste à proposer aux grands déposants de geler une partie de leurs dépôts pour une durée déterminée allant de cinq à six ans. Une option que le ministre a précisée dans le FT, en indiquant que cette mesure, si elle était adoptée, pourrait être limitée aux dépôts en dollars pour une durée de six ans et que les déposants concernés pourront retirer à l’issue de la période en livres libanaises (sans préciser à quel taux). Ghazi Wazni a également évoqué l’alternative consistant à proposer aux déposants de convertir une partie de leurs dépôts en prise de participation (actions) dans les banques où ils avaient initialement placé ces dépôts. La troisième alternative, sur laquelle le FT n’est pas revenu, serait de leur proposer une prise de participation dans un fonds, qui serait créé ultérieurement, et qui regrouperait l’ensemble des actifs de l’État (entreprises publiques ou semi-publiques génératrices de revenus).

Toutefois, sur Twitter, le ministre des Finances a "démenti avoir dit ce qui a été mentionné dans le titre de l'article du Financial Times au sujet des droits des déposants et de leurs avoirs" et "insisté que sa politique porte sur la préservation de ces avoirs, en les considérant comme un droit sacré pour leurs propriétaires". 


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Le ministre libanais des Finances, Ghazi Wazni, a affirmé dans un entretien publié aujourd'hui par le Financial Times que les discussions entre le gouvernement et le Fonds monétaire international (FMI) concernant les termes d’un éventuel programme d’assistance pour soutenir le pays qui traverse une grave crise économique et financière, avaient été « constructives »...

commentaires (8)

Le casse du siècle !!! Le mot d’ordre de nos autorités financières pas trop regardantes sur l’honnêteté et la rectitude semble le suivant : Chers épargnants et autres gogos naïfs, Déposez toutes vos économies en dollars dans votre agence bancaire, non seulement nous vous les confisquerons en cours de route, non seulement nous vous empêcherons d’accéder aux économies de toute une vie, non seulement nous vous humilierons comme jamais vous ne l’avez été, mais, au final et quand nous vous aurons privé de vos ressources et après que nous vous les aurions bloqué pendant cinq ou six ans, nous vous les rendrons en .... livres libanaises. En monnaie de singe(s) , quoi !!!! Quelle honte !!!

DC

19 h 53, le 20 mars 2020

Tous les commentaires

Commentaires (8)

  • Le casse du siècle !!! Le mot d’ordre de nos autorités financières pas trop regardantes sur l’honnêteté et la rectitude semble le suivant : Chers épargnants et autres gogos naïfs, Déposez toutes vos économies en dollars dans votre agence bancaire, non seulement nous vous les confisquerons en cours de route, non seulement nous vous empêcherons d’accéder aux économies de toute une vie, non seulement nous vous humilierons comme jamais vous ne l’avez été, mais, au final et quand nous vous aurons privé de vos ressources et après que nous vous les aurions bloqué pendant cinq ou six ans, nous vous les rendrons en .... livres libanaises. En monnaie de singe(s) , quoi !!!! Quelle honte !!!

    DC

    19 h 53, le 20 mars 2020

  • "Chante toujours, tu auras une cage neuve!"

    Christine KHALIL

    19 h 48, le 20 mars 2020

  • Le FMI est déj+a très fragilisé en plus d'être débordé par les crises économiques planétaires qui suivront la pandémie du corona ! L'argent manquera et il est inutile de négocier en faisant concurrence à des centaines d'autres pays demandeurs !

    Chucri Abboud

    18 h 54, le 20 mars 2020

  • LORSQU,ON FAIT APPEL A L,AIDE AU F.M.I. ON DOIT S,ATTENDRE A SES MESURES ANTI POPULAIRES. REDUCTION DES SALAIRES ET DES RETRAITES, AUGMENTATION DE LA TVA ET DE PLUSIEURS TAXES ETC... ET CONTRE LES ECONOMIES DU PEUPLE EN DEPOTS AUX BANQUES, CAVERNES D,ALIBABAS. TOUTES SES CONDITIONS IMPOSEES POUR UNE AIDE SONT ANTI POPULAIRES . SEUL LE PEUPLE PAIE. AUCUNE MESURE CONTRE LES CORROMPUS ET VOLEURS QUI ONT DEVALISE LES DENIERS PUBLICS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    18 h 33, le 20 mars 2020

  • Mais pourquoi personne ne s'attaque aux pilleurs des caisses de l'Etat?

    NAUFAL SORAYA

    18 h 10, le 20 mars 2020

  • Il est impératif que le HB et compagnie donnent leur avis lorsque les libanais décident de le leur demander c.a.d jamais alors ien attendant ils sont priés de s’en abstenir gentiment ou alors nous trouverons un moyen de le leur imposer. Y en a marre que tous les larbins s’immiscent dans les decisions de notre avenir en se croyant propriétaires de ce pays et de son peuple.

    Sissi zayyat

    18 h 03, le 20 mars 2020

  • Des dépôts en dollars pour les retirer aux taux virtuel de 1500L.L alors que le vrai taux est de 2500L.L et plus une vrie escroquerie .

    Antoine Sabbagha

    17 h 23, le 20 mars 2020

  • C’est les différences de ‘point de vue’ entre le Hezbollah et le reste du monde...! hahahahaha.... Point de vue ....oui, un État faillis, c’est aussi une question de point de vue... Une gouvernance-tirelire pour les gouvernants c’est aussi une question de point de vue... Du point de vue , au poing dans la vue , on voit bien d’accord ce n’est plus une question de point de vue..! On ne voit vraiment pas le fonds dans ce pays, on a beau le chercher, il est toujours plus bas!

    LeRougeEtLeNoir

    17 h 00, le 20 mars 2020

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