Il n'existe pour l'instant aucun vaccin ou traitement agréé contre le Covid-19 qui a infecté plus de 179.000 personnes et fait plus de 7.000 morts à travers le monde depuis le début de l'épidémie en décembre en Chine. Mais la course mondiale pour trouver vaccins et traitements contre la pandémie est lancée, alors qu'un premier essai clinique est en cours aux Etats-Unis et qu'un anti-paludique du groupe Sanofi fait parler de lui.
. Voici un tour d'horizon des acteurs qui prennent part à cette compétition vitale :
Le Plaquenil de Sanofi
Le laboratoire français Sanofi s'est dit prêt à offrir aux autorités françaises des millions de doses de l'anti-paludique Plaquenil, pouvant traiter potentiellement 300.000 malades, après des essais jugés "prometteurs" auprès de patients atteints du Covid-19.
Le Plaquenil, une molécule d'hydroxychloroquine, également utilisée depuis des décennies dans les maladies auto-immunes de type lupus ou polyarthrite rhumatoïde, pourrait en effet avoir un effet sur la disparition du virus, a indiqué lundi le professeur Didier Raoult, directeur de l'Institut Hospitalo-Universitaire de Marseille. Selon cette étude menée par le professeur Raoult sur 24 patients porteurs du coronavirus, six jours après le début de la prise de Plaquenil, le virus avait disparu chez trois quarts des personnes traitées.
La porte-parole du gouvernement français Sibeth Ndiaye avait indiqué plus tôt que ces essais cliniques étaient "prometteurs" et seraient étendus à un plus grand nombre de patients. Ces nouveaux essais cliniques "seront réalisés avec une équipe indépendante du professeur (Didier) Raoult", a précisé Mme Ndiaye à l'issue d'un Conseil des ministres, soulignant qu'à ce stade "nous n'avons pas de preuve scientifique" que ce traitement fonctionne.
Plusieurs experts appellent en effet à la prudence en l'absence d'études plus poussées et en raison des effets indésirables pouvant être graves, notamment en cas de surdosage.
L'antigrippal de Fujifilm
Davantage connu du grand public pour ses produits de bureautique et de photographie, Fujifilm a également un important fabricant mondial de systèmes médicaux et il est aussi présent dans le secteur pharmaceutique.
Une société chinoise, Zheijiang Hisun Pharmaceutical, fabrique et commercialise le favipiravir en Chine, en vertu d'un accord de licence avec Fujifilm signé en 2016.
Aux Etats-unis, premier essai clinique en cours
Le premier essai clinique pour tester un vaccin contre le nouveau coronavirus a débuté lundi à Seattle, ont indiqué les autorités sanitaires américaines. "L'essai clinique ouvert va inclure la participation de 45 adultes volontaires en bonne santé âgés de 18 à 55 ans pendant environ six semaines", ont précisé les Instituts nationaux de santé américains (NIH) dans un communiqué. "Le premier participant a reçu le vaccin expérimental aujourd'hui", ont-ils ajouté. Mais les participants devront encore passer par différentes phases afin de déterminer si le vaccin est efficace et sécurisé. Les autorités américaines ont estimé qu'il faudrait encore un an à un an et demi avant que le vaccin soit disponible, si tout se passe comme prévu. Le vaccin se nomme mRNA-1273 et a été développé par des scientifiques des NIH et de l'entreprise de biotechnologies Moderna, basée à Cambridge dans l'Etat du Massachusetts. La CEPI, la Coalition pour les innovations en préparation aux épidémies a aussi fourni des financements pour la mise en place de l'essai.
Pékin autorise les essais cliniques d'un premier vaccin
Les autorités chinoises ont pour leur part autorisé les premiers essais cliniques sur des cobayes humains d'un vaccin expérimental contre le nouveau coronavirus, rapportait mardi le Quotidien du Peuple. Les recherches sont menées par l'Académie des sciences médicales militaires, affiliée à l'armée chinoise. Ce test chinois devrait concerner 108 volontaires, tous en bonne santé, et s'étaler sur une période de neuf mois et demi, du 16 mars au 31 décembre, montre une base de données d'enregistrement en vue de l'essai. Le test sera mené en collaboration avec CanSino Biologics, une biotech de Hong Kong.
L'UE espère un vaccin "avant l'automne"
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a dit mardi espérer un vaccin contre le nouveau coronavirus "avant l'automne", au lendemain de sa rencontre avec les responsables d'un laboratoire allemand. CureVac est l'un des laboratoires qui travaillent sur un vaccin contre le Covid-19. La société affirme être "à quelques mois" de pouvoir présenter un projet pour validation clinique. "Ils travaillent sur une technologie prometteuse pour développer un vaccin contre le coronavirus", a déclaré la cheffe de l'exécutif européen dans un message vidéo sur Twitter. "L'Union européenne leur fournit jusqu'à 80 millions d'euros. J'espère qu'avec ce soutien nous pourrons avoir un vaccin sur le marché avant l'automne", a poursuivi l'Allemande, peu avant un sommet des 27 par vidéoconférence sur le coronavirus.
Le laboratoire allemand CureVac s'est retrouvé au centre d'une polémique entre l'Allemagne et les Etats-Unis. Le président américain Donald Trump a été accusé d'avoir tenté de s'en emparer, mais Berlin assure avoir pesé de tout son poids pour que le laboratoire ne cède pas aux avances financières américaines. Le laboratoire a de son côté nié avoir reçu une offre en tant que telle des Etats-unis de Donald Trump pour réserver aux Américains un éventuel vaccin contre le nouveau coronavirus.
La Russie annonce tester un vaccin sur des animaux
Quant à la Russie, elle a annoncé avoir commencé à tester sur des animaux un vaccin contre le nouveau coronavirus, et espère avoir de premiers spécimens prometteurs en juin. "Nous commençons déjà des tests sur des animaux de laboratoire (...) afin d'évaluer l'efficacité et la sécurité" du vaccin, a déclaré lundi Ilnaz Imametdinov, un responsable du Centre d'Etat de recherche en virologie et biotechnologie Vektor, à la chaîne de télévision publique Rossia 1. Au total, une dizaine de types du vaccin ont été créés à ce jour dans ce centre basé à Novossibirsk (Sibérie occidentale), qui a également élaboré des tests visant à détecter le nouveau coronavirus, selon la chaîne. "Dès en juin, nous envisageons de présenter un ou deux types dont les tests auront donné les meilleurs résultats", a précisé M. Imametdinov. La Russie a annoncé fin janvier avoir reçu de la Chine le génome de Covid-19, et assuré se lancer immédiatement dans le développement d'un vaccin contre ce nouveau coronavirus.
En Israël aussi
Dimanche, le Haaretz rapportait que des scientifiques de l'Institut de Recherche biologique, se préparaient à annoncer le développement d'un vaccin contre le nouveau coronavirus. Selon des "sources médicales" interrogées par le quotidien israélien, les scientifiques ont récemment réalisé une percée dans la compréhension du mécanisme biologique et des qualités du virus qui ont permis d'avancer dans l'élaboration d'un vaccin. le processus total de développement et de test, précise le Haaretz, prendrait néanmoins des mois.
Les groupes pharmaceutiques et les laboratoires de recherche à travers le monde se sont eux aussi lancés dans la course pour développer traitements et vaccins contre le nouveau coronavirus, utilisant une variété de nouvelles technologies.
Le traitement antiviral nommé remdesivir, créé par l'entreprise Gilead Sciences, est déjà dans la dernière phase des essais cliniques en Asie et en Chine. Les médecins ont rapporté qu'il était efficace dans la lutte contre la maladie. Toutefois, seuls les essais cliniques aléatoires permettent aux scientifiques de savoir avec certitude si le traitement marche. Une autre entreprise pharmaceutique, Inovio, qui travaille sur un vaccin ADN, a annoncé qu'elle commencerait les essais cliniques le mois prochain. L'entreprise Regeneron essaie de son côté d'isoler les anticorps capables de lutter contre le virus puis de les administrer par intraveineuse afin d'apporter une immunité temporaire. Elle espère débuter les essais cliniques cet été.
Selon l'Organisation mondiale de la santé, 80% des cas de contamination au Covid-19 sont anodins, 14% sont graves et près de 5% sont critiques, provoquant des problèmes respiratoires sévères où les poumons se remplissent de fluides empêchant l'oxygène d'atteindre les organes. Les patients dont les cas sont sans gravité récupèrent en une à deux semaines tandis que les cas sévères mettent six semaines en moyenne à s'en remettre. Selon les estimations récentes, près d'1% des personnes infectées meurt.
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13 h 50, le 18 mars 2020