Coronavirus au Liban : 78 cas confirmés, dont un fonctionnaire du ministère de la Santé

Le bilan des personnes contaminées par le nouveau coronavirus au Liban est monté vendredi soir à 78 cas, dont un fonctionnaire du ministère de la Santé, mais aucun nouveau décès n'est venu s'ajouter aux trois enregistrés jusque-là.

Dans son rapport quotidien, le ministère de la Santé a indiqué que "le total de cas de contaminations a atteint 77, vendredi à midi, ce chiffre incluant les patients diagnostiqués à l'hôpital gouvernemental Rafic Hariri ainsi que par les autres établissements universitaires". De plus, le ministère a affirmé "avoir diagnostiqué un cas parmi les fonctionnaires travaillant à l'administration centrale du ministère, une personne qui avait été contaminée par l'un de ses proches atteint du coronavirus". "Le ministère a mis en place les mesures nécessaires pour l'isolement de cette personne et pour déterminer l'entourage interne et externe au ministère avec qui celle-ci a eu des contacts. Ces personnes-là seront mises en quarantaine à domicile et des échantillons seront prélevés sur eux", ajoute le ministère.

En soirée, l'hôpital gouvernemental Rafic Hariri a publié son rapport quotidien, faisait état d'un cas supplémentaire d'infection, portant ainsi le bilan à 78 cas. L'établissement explique avoir reçu, durant les dernières 24h, 220 personnes, dont 22 ont été mises en isolement, le reste devant se mettre en quarantaine à domicile. Enfin, 20 personnes qui étaient déjà en isolement ont pu quitter l'hôpital après que leurs résultats se soient avérés négatifs. Au total, 45 personnes contaminées par le coronavirus se trouvent jusqu'à présent à l'hôpital Rafic Hariri. Deux d'entre elles sont dans un état critique, précise l'établissement dans son communiqué.

Par ailleurs, l'ambassadeur du Liban en France, Rami Adwan, a affirmé que pour le moment, aucun Libanais résidant en France n'a été contaminé au coronavirus.

Hier, le Liban a enregistré un troisième décès lié au coronavirus. Selon le ministère de la Santé, il s'agit d'un homme âgé de 79 ans qui souffrait d'une maladie en phase terminale, un cancer selon une source médicale anonyme qui s'est confiée à L'Orient-Le Jour. Il était soigné à l'hôpital Notre-Dame-des-Secours de Jbeil. Selon notre source, cette troisième victime, Élias Bourji, a été contaminée par un autre cas, Jean Khoury, un Libanais de 56 ans rentré d’Égypte le 20 février et qui était traité dans le même établissement, partageant la même chambre que la 3e victime, avant d'être diagnostiqué au coronavirus. Jean Khoury avait été admis en soins intensifs alors qu'il souffrait d'une forte fièvre, avant d'être transféré à l'hôpital gouvernemental Rafic Hariri, le 5 mars. Le ministre de la Santé Hamad Hassan avait alors dénoncé la façon dont l'hôpital de Jbeil avait traité ce patient.

Le deuxième patient décédé mercredi est un homme d'une soixantaine d'années, Maroun Karam, qui souffrait d'une déficience immunitaire. Des informations rapportées par notre correspondante Hoda Chedid indiquaient qu'il s'agissait d'un enseignant qui avait été contaminé par un de ses élèves, rentré récemment d'un voyage à l'étranger. Une seule personne a jusque-là été déclarée guérie du virus par les autorités sanitaires libanaises.

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Relèvement du degré de mobilisation ?
Face à ces développements, le Premier ministre Hassane Diab a tenu au Grand Sérail une réunion avec plusieurs ministres et conseillers pour faire le suivi de ce dossier. Les responsables ont étudié un éventuel relèvement du degré de mobilisation. Une nouvelle réunion est prévue demain à cet effet.

En journée, le ministre de la Santé, Hamad Hassan, a fait savoir qu'il est "possible qu'un état d'urgence civil ou sanitaire soit déclaré". Le ministre a également répondu à ses détracteurs, affirmant qu'il est "honteux de dire que le ministère cache la vérité sur le nombre réel de contamination au coronavirus. Cela est faux". La commission de suivi des mesures et actions de prévention contre le coronavirus a, elle, donné une semaine aux hôpitaux privés de catégorie A pour prendre les mesures nécessaires pour l'accueil des patients atteints par le virus.

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Ecoles fermées jusqu'au 22 mars
Dans le contexte des mesures restrictives mises en place par les autorités pour limiter la propagation du virus, le ministre libanais de l'Education, Tarek Majzoub, a demandé vendredi aux chefs d'établissements scolaires du pays de prolonger la fermeture de ces derniers jusqu'au 22 mars prochain. De son côté, la ministre de la Justice, Marie-Claude Najm,  a annoncé la prolongation de la suspension des audiences judiciaires jusqu'au 20 mars inclus. En outre, les banques fermeront leurs portes demain samedi, afin d'effectuer des travaux de désinfection dans leurs branches, selon l'Association des banques du Liban. La Banque du Liban (BDL) a appelé les banques à valider "en priorité" les transferts bancaires servant à régler les achats de médicaments et des équipements médicaux nécessaires dans le cadre de la lutte contre la pandémie.

Le ministère de l'Industrie a pour sa part mis en garde contre la présence sur le marché de solutions hydroalcooliques non-conformes aux standards requis, alors que ces solutions sous forme de gel sont très prisées en ce moment pour se désinfecter les mains. Le procureur financier, Ali Ibrahim, a ouvert une enquête dans cette affaire.

Le bureau de presse du ministre du Tourisme, Ramzi Moucharrafiyé, a, lui, indiqué dans un communiqué que la police touristique a infligé des dizaines d'amendes à l'encontre de restaurants, café et autres institutions qui ne respectent pas les décisions prises par le ministère. Le ministre Moucharrafiyé avait décidé de la fermeture des pubs jusqu’au 15 mars, dans le prolongement de la décision prise samedi de fermer les boîtes de nuit et les cabarets. Il a également appelé les restaurants, qui restent ouverts, à éviter les fêtes. Le bureau de presse de M. Moucharrafiyé rappelle dans ce cadre qu'il est nécessaire de respecter les circulaires du ministère affirmant que dans le cas contraire, l'institution contrevenante sera fermée avec de la cire rouge. Il souligne en outre que ces décisions sont prises dans l'intérêt des citoyens et de la santé publique.

La compagnie aérienne nationale, Middle East Airlines (MEA), a fait savoir à ses clients qu'ils pouvaient modifier ou annuler leurs réservations de vols sans frais supplémentaires, pour les vols qui ont été annulés suite aux restrictions imposées en la matière par le gouvernement libanais. Les vols annulés par les autorités libanaises du 17 au 23 mars sont ceux de Madrid, Paris, Londres, Francfort, Rome, Milan, Le Caire, Bagdad, Erbil, Basra, et Najaf. Quant aux vols annulés sur décision d'autorités étrangères, il s'agit de ceux de Djeddah, Riyad, Koweït, Dammam, Amman et Doha. Le reste des vols assurés par la MEA n'ont pas été affectés par ces mesures, a relevé la compagnie.

Par ailleurs, le patriarche maronite Béchara Raï a appelé les Libanais à rester chez eux et à ne sortir qu'en cas d'extrême nécessité. "Je demande aux évêques et aux prêtres de donner des instructions et de prendre les mesures nécessaires afin d'éviter les grands rassemblements et de limiter les condoléances", a-t-il ajouté.

Sur le plan politique, le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, très critique envers l'action du gouvernement concernant le nouveau coronavirus, a sommé vendredi le cabinet de "fermer immédiatement le pays", menaçant de "poursuivre" le Premier ministre Diab et le ministre de la Santé.

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