L’épidémie d’infection au nouveau coronavirus n’est qu’à ses débuts au Liban, les experts de santé s’attendant à une importante hausse des cas au quotidien. Mais à quelle fréquence? « Il est encore tôt pour faire une projection, parce que le nombre des cas est encore petit et la période écoulée depuis le début de l’épidémie (le 20 février) est relativement courte », explique à L’Orient-Le Jour le Dr Salim Adib, professeur d’épidémiologie et de santé publique à l’Université américaine de Beyrouth. « On a commencé par diagnostiquer trois à quatre cas par jour, puis les cas sont montés à neuf, poursuit-il. Nous nous attendons à enregistrer davantage de cas au quotidien, des dizaines, avant d’atteindre un plateau puis le point d’inflexion, c’est-à-dire lorsque le nombre de nouveaux cas détectés au quotidien commenceront à baisser. »
Cela ne peut pas être clair avant quelques jours encore, « d’autant que la dynamique de l’épidémie diffère d’un pays à un autre selon les données démographiques et sociologiques, précise le Dr Adib. La population du Liban, à titre d’exemple, compte plus de jeunes qu’en Italie. Comparé à l’Iran, le Liban compte moins de manifestations publiques collectives et massives. Ce sont des données qu’il faut prendre en considération pour pouvoir faire des projections. »
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Le Dr Adib estime que maintenant que le gouvernement a pris la décision de suspendre les vols de et vers les pays endémiques (Italie, Iran, Chine et Corée du Sud), ainsi que vers ceux les plus touchés comme la France, l’Égypte, la Syrie, l’Irak, l’Allemagne, l’Espagne et le Royaume-Uni, « on va stopper l’importation du nouveau coronavirus », bien que des personnes portant le virus vont continuer à être diagnostiquées.
« Au fil des jours, une immunité collective se formera, ce qui va pouvoir arrêter la dissémination de ce virus », ajoute-t-il. Il souligne dans ce cadre que « chaque personne qui y sera exposée va développer une immunité, même si elle ne développe pas les symptômes de la maladie ». « Près de 85 % des personnes qui contractent le virus vont avoir peu ou pas de symptômes, souligne le Dr Adib. Chez 10 % d’entre elles, la maladie évoluera et nécessitera une hospitalisation. Les cas extrêmement sévères seront observés chez 5 % des personnes contaminées et qui sont les plus vulnérables. » Il s’agit des personnes à risques, c’est-à-dire les personnes âgées, les femmes enceintes, les fumeurs, les personnes souffrant de maladies cardiaques ou respiratoires (asthme, bronchite chronique…) et celles souffrant d’une immunodéficience, d’une insuffisance rénale et de diabète.
« Quelle que soit la situation, toute personne qui va être exposée au nouveau coronavirus va acquérir une immunité spécifique à ce virus, insiste le Dr Adib. Une immunité de horde sera ainsi formée. C’est ainsi que toutes les épidémies sont arrêtées avec ou sans vaccin. »
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14 h 38, le 13 mars 2020